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Centrafrique: des milliers de Casques bleus mais pas avant l'automne

Centrafrique: des milliers de Casques bleus mais pas avant l'automne

Un rapport de l'ONU recommandant l'envoi de 12.000 Casques bleus en République centrafricaine (RCA) a donné le coup d'envoi de grandes manoeuvres qui n'aboutiront pas avant l'automne prochain.

Dans ce document de 24 pages transmis lundi au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon recommande de déployer 10.000 soldats et 1.820 policiers pour rétablir la sécurité dans un pays à feu et à sang.

Ils assureront la relève de 6.000 hommes de l'Union africaine (la Misca) déjà sur place aux côtés de 2.000 militaires français. Le rapport avance la date du 15 septembre pour ce passage de témoin.

Le Conseil va désormais devoir autoriser cette opération. La France devrait soumettre avant fin mars un projet de résolution à ses partenaires, dont certains sont réticents. Une première discussion est prévue jeudi au Conseil.

Il faudra aussi que l'Union africaine accepte de laisser les rênes à l'ONU. La plupart des 6.000 soldats africains devraient passer sous casque bleu, comme cela avait été le cas au Mali.

"J'espère qu'il y aura consensus au Conseil comme pour le Mali, mais nous n'y sommes pas encore", reconnait un haut responsable des Nations unies.

"Tout le monde, résume un diplomate du Conseil, s'accorde à dire qu'il devrait y avoir une opération de maintien de la paix, sans doute d'ici fin septembre (..) mais il reste énormément de travail": en définir la taille, le mandat, le financement et accélérer la transition politique à Bangui pour éviter l'enlisement.

L'Union africaine n'est toujours pas enthousiaste à l'idée d'abandonner à l'ONU le contrôle de l'opération. En compensation elle réclame, et devrait obtenir, que le commandant en chef des Casques bleus soit un Africain.

L'ONU espère que des pays européens vont contribuer, ne serait-ce qu'en formant des soldats africains, et que même après le déploiement des Casques bleus, les Français laisseront sur place quelques centaines d'hommes en appui, comme au Mali.

Mais en attendant ces Casques bleus, il faut parer à l'urgence. L'appel de Ban Ki-moon à envoyer rapidement en RCA 3.000 hommes supplémentaires a laissé à certains diplomates une impression d'improvisation. "Ban est terrorisé à l'idée d'un nouveau Rwanda et veut montrer qu'il est actif", analyse l'un d'eux.

Un autre diplomate reproche à l'ONU d'évaluer les besoins "à l'emporte-pièce": "la RCA c'est 600.000 km2, cinq millions d'habitants, donc il faut 12.000 hommes!".

Après avoir sollicité en vain une quinzaine de pays européens, l'ONU se tourne vers les Africains. "Ils pourraient envoyer plus facilement et plus vite des troupes supplémentaires", reconnait un de ses responsables.

L'Union européenne, affirme un haut responsable de l'UE, se contentera de déployer en RCA une "force relais" (Eufor-RCA) d'un millier d'hommes au maximum.

Mais en RCA, on a davantage besoin de policiers anti-émeutes, plus difficiles à trouver, que de fantassins. "Si on voit des gens qui se tuent à coups de machette ou pillent, demande un diplomate, que fait-on ? on tire dessus? évidemment non."

Aujourd'hui à Bangui, renchérit un responsable onusien, "quand les Français capturent quelqu'un, ils doivent le relâcher" car ils ne savent pas à qui remettre leur prisonnier.

Le rapport, souligne-t-il, recommande un effectif policier "nettement renforcé" pour tenir compte de la spécificité de l'opération: rétablir l'ordre, plutôt que pourchasser des extrémistes comme au Mali, ou s'attaquer à une rébellion armée comme en République démocratique du Congo.

En RCA "l'Etat n'existe pas ou ne fonctionne pas, ajoute-t-il. "Il faut rétablir certaines institutions essentielles", comme la justice, et aider à organiser des élections. La mission comptera donc une forte composante civile, non chiffrée.

Cette opération ambitieuse fait craindre à certains une facture colossale. "C'est une grosse mission mais ce n'est pas la Monusco" en République démocratique du Congo (plus de 20.000 hommes et 1,5 milliard de dollars par an), affirme le même responsable onusien. Il évalue le budget annuel entre 500 et 800 millions de dollars.

Il fait aussi valoir que la mise en place sera progressive, de même que le financement: d'abord le désarmement des ex-Séléka (milices musulmanes) et des anti-Balaka (milices chrétiennes) qui attisent la haine entre les deux communautés, puis le retour de la police dans les rues.

Reste que ce financement pose notamment problème à l'administration américaine qui devra convaincre un Congrès réticent.

avz/are/mf

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