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Panique des marchés en Russie, inquiets de la crise en Ukraine

Panique des marchés en Russie, inquiets de la crise en Ukraine

Les marchés paniquaient lundi en Russie face à la possibilité d'une intervention russe en Ukraine, qui risque d'isoler Moscou des investissements étrangers dont elle a un besoin crucial pour relancer sa croissance chancelante.

Les indices boursiers moscovites plongeaient d'environ 10% à la mi-journée et le rouble chutait à des records historiques de faiblesse face à l'euro et au dollar, poussant la banque centrale à une hausse surprise et très nette de son taux directeur pour rétablir la "stabilité financière".

"Le risque s'est considérablement renforcé", a souligné Chris Weafer, économiste chez Macro Advisory. "Une réaction initiale est inévitable sur le rouble, le marché de la dette et les actions".

L'euro a dépassé pour la première fois de sa jeune histoire les 50 roubles, atteignant 51,20 roubles. Le dollar est monté jusqu'à 37,0005 roubles, franchissant pour la première fois son record datant de la crise de 2009.

Ces seuils très symboliques risquent de constituer un choc pour la population échaudée par plusieurs dévaluations depuis la fin de l'URSS, qui craint une flambée des prix des produits importés.

Dès dimanche, les bureaux de change ont appliqué des taux en forte baisse pour le rouble, "ce qui est caractéristique d'une demande à des niveaux de situation proche de la panique" parmi la population, a relevé le quotidien Vedomosti.

Les marchés russes et notamment le rouble avaient été déjà tirés ces dernières semaines vers le bas par la crise ukrainienne, les investisseurs s'inquiétant surtout des conséquences d'une faillite de l'ex-république soviétique sur la Russie. Les banques publiques russes notamment subiraient alors de lourdes pertes.

Mais la situation a pris une nouvelle dimension pendant le week-end avec la menace d'une intervention militaire russe et la menace de sanctions qui risquent d'affecter les relations commerciales.

Les marchés chutaient d'ailleurs lundi dans toute l'Europe, où de nombreuses entreprises ont investi massivement en Russie ces dernières années, appâtées par des taux de croissance meilleurs que dans leurs propres pays.

"Le marché se demande dans quelle mesure les Occidentaux vont imposer des sanctions économiques à la Russie", a estimé Chris Weston, analyste d'IG. "La Russie dépend en grande partie des capitaux et des investissements occidentaux", a-t-il souligné.

La Russie a fait de l'amélioration du climat des affaires une priorité ces dernières années et la chute des investissements l'an dernier ont constitué le facteur le plus flagrant du ralentissement de la croissance. Le produit intérieur brut n'a augmenté que de 1,3% en 2013 contre 3,4% en 2012 et les indicateurs de janvier ont montré une nouvelle dégradation.

"Contrairement à la guerre de cinq jours en Ossétie du Sud, nous sommes inquiets du fait que les tensions en Ukraine risquent de durer bien plus longtemps et d'avoir des répercussions négatives de longue durée sur l'environnement économique en Russie", ont estimé les analystes d'Alfa Bank, faisant allusion à la brève guerre qui a opposé la Russie à la Géorgie en 2008.

Les investisseurs en semblaient convaincus lundi: les deux indices de la place financière moscovite, le Micex et le RTS, dégringolaient respectivement de 8,93% et 10,26% vers 08H50 GMT.

Le géant gazier russe Gazprom, qui tire une grande partie de ses bénéfices de ses exportations vers l'Europe, perdait 11,5% de sa valeur boursière.

Le premier producteur de gaz naturel au monde est aussi le principal fournisseur de l'Ukraine, à qui il avait accordé une baisse de prix de 30%, sur laquelle il peut revenir dès la fin mars.

Face à la tempête financière, la Banque centrale a annoncé à la surprise générale une hausse "temporaire" de son taux directeur à 7%, contre 5,5% auparavant.

"La décision est destinée à contrer les risques qui sont apparus concernant l'inflation et la stabilité financière, liés à une hausse de la volatilité ces derniers temps sur les marchés financiers", a expliqué la Banque de Russie, qui ne devait initialement pas se réunir avant le 14 mars.

Cette décision a été appliquée dès lundi à 07H00 GMT mais n'a pas suffi à rassurer les marchés.

Elle "pourrait s'avérer insuffisante si les tensions en Crimée devaient s'exacerber encore un peu plus", estime BNP Paribas dans une note à ses clients.

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