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Libye: minée par les violences, la transition démocratique de plus en plus incertaine

Libye: minée par les violences, la transition démocratique de plus en plus incertaine

Les autorités libyennes, de plus en plus affaiblies, tentaient lundi d'éviter le pire, au lendemain de l'assassinat d'un ingénieur français et de manifestations violentes dans les locaux du Parlement, qui risquent de faire basculer le pays dans la guerre civile.

Le gouvernement a annoncé avoir dépêché dimanche soir une délégation de six ministres et vice-ministres à Benghazi, dans l'est du pays pour examiner les moyens de rétablir l'ordre dans cette ville théâtre d'attaques et d'assassinats quasi-quotidiens contre les forces de sécurité et les expatriés.

Dimanche, un ressortissant français qui travaillait comme agent de sécurité pour la compagnie Ideal Medical Project Engineering (IMPE), chargée de travaux d'extension dans l'hôpital de Benghazi, a été tué par balle dans le centre de la ville, et plusieurs corps ont été retrouvés dans des banlieues.

Plus tard dans la soirée, des dizaines de manifestants ont envahi les locaux du Congrès général national (CGN), plus haute autorité politique de Libye, dans le centre de la capitale, saccageant les lieux et agressant des députés.

Deux membres du CGN ont été blessés par balles mais leurs jours ne sont pas en danger.

Les protestataires réclamaient la dissolution du Congrès qui a échoué selon eux à rétablir l'ordre dans le pays en proie à l'anarchie.

Le CGN, issu des premières élections libres du pays de juillet 2012, a provoqué la colère d'une grande partie de la population en décidant de prolonger jusqu'en décembre 2014 son mandat, qui devait expirer début février.

Sous la pression de la rue, il a toutefois décidé récemment d'organiser des élections anticipées, mais sans fixer de date.

"Je vous assure que nous sommes déterminés à continuer dans la voie de la révolution du 17 février (2011, qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi, NDLR) et à poursuivre le processus démocratique", a déclaré le président du CGN, Nouri Abou Sahmein, dans un discours télévisé diffusé lundi.

Dénonçant une "agression flagrante contre le siège de la souveraineté légitime", il a appelé les ex-rebelles ayant combattu le régime kadhafiste à protéger la capitale et les institutions de l'Etat.

Des groupes d'ex-rebelles appuyés par des pick-ups équipés de canons anti-aériens étaient postés lundi autour des locaux du CGN, selon un photographe de l'AFP.

Au moins cinq véhicules calcinés gisaient dans la cour centrale, témoignant des violences de la veille, selon la même source.

Dans son discours, M. Abou Sahmein, a indiqué que le CGN examinait une feuille de route permettant une "passation du pouvoir le plus rapidement possible" à un corps élu.

Cette mission semble toutefois difficile à réaliser dans un pays en proie aux violences et à de profondes tensions politique.

Le président de la Commission électorale, Nouri al-Abbar, a souligné la nécessité de préparer "un environnement propice" à la tenue d'élections.

"Avant de songer à des élections, il faut mettre fin aux tensions politiques et rétablir la sécurité", a expliqué M. al-Abbar qui a présenté dimanche sa démission au Congrès.

Selon lui, si ces conditions étaient réunies, au moins quatre à cinq mois de préparation sont nécessaires pour la tenue d'élections.

Divisés, les membres du Congrès ne sont pas parvenus jusqu'à présent à un consensus sur la nature des élections à tenir, législative ou législative et présidentielle à la fois.

Le pouvoir exécutif est lui toujours paralysé par le CGN qui réclame la démission du Premier ministre Ali Zeidan, malgré l'échec d'une motion de censure.

Des factions et groupes d'ex-rebelles rivaux forment par ailleurs un cocktail dangereux qui pourraient faire basculer le pays dans la guerre civile.

Les autorités ont échoué jusqu'ici à former une police et une armée professionnelles et, signe de leur faiblesse, elles sont régulièrement la cible d'attaques.

Le Premier ministre Ali Zeidan a lui même été enlevé durant quelques heures par un groupe armé en octobre dernier.

La prolifération d'armes et des milices après le conflit qui a renversé le régime kadhafiste assure toutefois un équilibre qui a empêché jusqu'ici un coup de force pour prendre le pouvoir.

ila/faa

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