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Kiev accuse Moscou d'envoyer des renforts en Crimée, panique sur les marchés

Kiev accuse Moscou d'envoyer des renforts en Crimée, panique sur les marchés

L'Ukraine a accusé lundi la Russie de lui avoir lancé un ultimatum en Crimée contrôlée de facto par des commandos armés, les Occidentaux multipliant les menaces d'isolement contre Moscou dans cette crise qui a semé un vent de panique sur les marchés financiers.

Signe de la guerre des nerfs qui oppose les deux peuples "frères", un responsable du ministère ukrainien de la Défense a fait état d'un ultimatum, un énième depuis trois jours, enjoignant les militaires ukrainiens à se rendre, sous peine d'être attaqués. Une information aussitôt démentie par Moscou comme "un délire total".

"L'ultimatum est le suivant : reconnaître les nouvelles autorités (pro-russes) en Crimée, déposer les armes et s'en aller, ou être prêt à subir un assaut", a dit Vladislav Seleznev, porte-parole régional du ministère ukrainien de la Défense à Simféropol, la capitale de ce territoire du sud de l'Ukraine.

Face à l'un des plus graves conflits entre l'Occident et la Russie depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé à garantir "l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", exhortant la Russie à "s'abstenir de tout acte qui pourrait mener à une nouvelle escalade".

L'Union européenne, dont les dirigeants se réuniront jeudi à Bruxelles en sommet extraordinaire, a pour sa part menacé de remettre en cause ses relations avec la Russie en l'absence de "désescalade".

La chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton doit rencontrer mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avant de se rendre à Kiev mercredi, a indiqué sa porte-parole.

Les autorités ukrainiennes accusent la Russie de continuer à faire arriver massivement des militaires en Crimée, avec l'atterrissage en 24 heures de dix hélicoptères de combat et de huit avions de transport.

"Je demande à la Russie de cesser l'agression, les provocations, le piratage", a lancé dans la soirée le président par intérim Olexandre Tourtchinov.

Depuis samedi, la Russie a déployé 6.000 soldats en renforts en Crimée, péninsule russophone du sud de l'Ukraine, qui abrite la flotte russe de la mer Noire, d'après le ministère ukrainien de la Défense.

Moscou a désormais un "contrôle opérationnel complet" sur la Crimée, selon Washington. Lundi, toutes les bases militaires ukrainiennes étaient encerclées par des soldats non-identifiés agissant pour le compte des autorités pro-russes, selon le ministère ukrainien de la Défense.

La Russie avance par ailleurs ses pions dans d'autres régions ukrainiennes. Quelque 300 manifestants pro-russes ont ainsi pris d'assaut dans l'après-midi l'administration régionale de Donetsk (est de l'Ukraine), fief du président déchu Viktor Ianoukovitch.

En déplacement à Kiev, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a mis en garde la Russie sur le "prix à payer" pour son action en Ukraine, après avoir rencontré les nouvelles autorités au pouvoir après la destitution le 22 février de Viktor Ianoukovitch.

"Cela ne peut pas être la manière dont les relations internationales doivent se régler au XXIe siècle. Ce n'est pas acceptable et il y aura des conséquences et un prix à payer", sur le plan économique et diplomatique, a-t-il jugé.

Le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, a appelé lundi Moscou à un repli de ses forces en Ukraine et à un "dialogue politique avec le gouvernement ukrainien".

Les marchés financiers russes ont été pris d'un mouvement de panique, inquiets des conséquences sur l'économie déjà chancelante de la Russie des possibles sanctions qui pourraient être imposées à Moscou, évoquées par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dimanche.

La Bourse de Moscou a terminé la séance sur un plongeon de plus de 10%, le rouble est tombé à un record de faiblesse face à l'euro comme au dollar. La crise ukrainienne a fait aussi vaciller la Bourse de New York, le Dow Jones et le Nasdaq abandonnant 1% en première partie de séance.

A Genève, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé les menaces de "sanctions" et de "boycottage" et justifié l'action de la Russie en Ukraine, jugeant que les ultranationalistes menaçaient "la vie et les intérêts régionaux des Russes et des populations parlant russe".

Son ministère a été plus direct encore, jugeant dans un communiqué "inadmissibles" les menaces de M. Kerry, qui doit se rendre mardi à Kiev pour réaffirmer le "soutien fort des Etats-Unis à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine".

Dimanche, les dirigeants des pays les plus industrialisés avaient annoncé la suspension de leurs préparatifs en vue du sommet du G8 à Sotchi (Russie) en juin.

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) doit de son côté arriver mardi à Kiev pour discuter d'un plan d'aide avec les nouvelles autorités, qui ont requis l'assistance financière de l'institution.

Jouant la carte de l'apaisement, le porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel, a indiqué que cette dernière estimait qu'il n'était "pas trop tard" pour trouver une solution politique à la crise en Ukraine et qu'il n'y avait "pas d'option militaire".

"La Russie ne veut pas la guerre avec l'Ukraine", avait souligné dimanche soir le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine.

Sur le terrain, la situation restait tendue en Crimée entre les deux camps, même si aucun affrontement n'a été rapporté dans cette région.

Plusieurs sites stratégiques de la péninsule, bases militaires, aéroports ou bâtiments officiels ont fait l'objet de blocages par des hommes en armes, dont l'uniforme ne porte aucun signe distinctif mais qui sont selon toute vraisemblance des soldats russes.

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