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Inquiétudes des investisseurs en Russie sur les conséquences d'une intervention en Ukraine

Inquiétudes des investisseurs en Russie sur les conséquences d'une intervention en Ukraine

Les marchés en Russie s'inquiétaient lundi des répercussions de l'intervention russe en Ukraine, qui risque d'isoler Moscou des investissements étrangers dont elle a un besoin crucial pour relancer sa croissance chancelante.

Les indices boursiers moscovites ont terminé la séance de lundi en forte baisse. Le rouble a aussi chuté à des records historiques de faiblesse face à l'euro et au dollar, poussant la banque centrale à une hausse surprise et très nette de son taux directeur, à 7% contre 5,5% auparavant, pour rétablir la "stabilité financière".

L'euro a dépassé pour la première fois de sa jeune histoire les 50 roubles, atteignant 51,20 roubles. Le dollar est monté jusqu'à 37,0005 roubles, franchissant pour la première fois son record datant de la crise de 2009.

Ces seuils très symboliques risquent de constituer un choc pour la population échaudée par plusieurs dévaluations depuis la fin de l'URSS, qui craint une flambée des prix des produits importés.

Dès dimanche, les bureaux de change ont appliqué des taux en forte baisse pour le rouble, "ce qui est caractéristique d'une demande à des niveaux de situation proche de la panique" parmi la population, a relevé le quotidien Vedomosti.

Les marchés russes et notamment le rouble, déjà fragilisés comme dans d'autres pays émergents par la politique monétaire des Etats-Unis, avaient été aussi tirés ces dernières semaines vers le bas par la crise ukrainienne, les investisseurs s'inquiétant surtout des conséquences d'une faillite de l'ex-république soviétique sur la Russie. Les banques publiques russes notamment subiraient alors de lourdes pertes.

Mais la situation a pris une nouvelle dimension pendant le week-end avec la menace d'une intervention militaire russe et les craintes de sanctions occidentales qui risquent d'affecter les relations commerciales.

Les marchés chutaient d'ailleurs lundi dans toute l'Europe, où de nombreuses entreprises - notamment dans l'agroalimentaire ou le secteur automobile - ont investi massivement en Russie ces dernières années, appâtées par des taux de croissance meilleurs que dans leurs propres pays.

"Le G8 et quelques autres sont prêts à aller jusqu'au bout pour isoler la Russie en raison de cette invasion. Ils sont prêts à mettre en place des sanctions, ils sont prêts à isoler la Russie économiquement", a averti le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Si ces sanctions se matérialisaient, "cela aurait un effet très négatif sur les activités quotidiennes des banques et des entreprises russes et leurs capacité à obtenir des financements extérieurs", ont souligné les analystes d'UBS.

La Russie a fait de l'amélioration du climat des affaires une priorité ces dernières années et la chute des investissements l'an dernier a constitué le facteur le plus flagrant du ralentissement de la croissance, passée de 3,4% en 2012 à 1,3% en 2013.

"Contrairement à la guerre de cinq jours en Ossétie du Sud, nous sommes inquiets du fait que les tensions en Ukraine risquent de durer bien plus longtemps et d'avoir des répercussions négatives de longue durée sur l'environnement économique en Russie", ont estimé les analystes d'Alfa Bank, faisant allusion à la brève guerre qui a opposé la Russie à la Géorgie en 2008.

Les investisseurs en semblaient convaincus lundi: les deux indices de la place financière moscovite, le Micex et le RTS, ont chuté à la clôture respectivement de 10,79% et 12,01%.

Le géant gazier russe Gazprom, qui tire une grande partie de ses bénéfices de ses exportations vers l'Europe, a dégringolé de 13,89%.

Le premier producteur de gaz naturel au monde est aussi le principal fournisseur de l'Ukraine, à qui il avait accordé une baisse de prix de 30%, sur laquelle il peut revenir dès la fin mars.

"La crise pourrait nuire sérieusement aux tentatives de la Russie de courtiser les investissements étrangers dans son secteur de l'énergie, les sociétés occidentales étant sous pression de leurs propres gouvernements et actionnaires pour revoir leur participation dans les projets pétroliers et gaziers en Russie", a souligné Andrew Neff, du cabinet IHS.

Autres valeurs affectées, la banque semi-publique Sberbank a perdu 14,91% de sa valeur et le deuxième groupe pétrolier russe Loukoïl 7,43%.

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