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Chine: les habitants de Kunming, entre peur et colère après la tuerie

Chine: les habitants de Kunming, entre peur et colère après la tuerie

A Kunming, métropole chinoise théâtre samedi d'une attaque meurtrière, des habitants faisaient la queue lundi pour donner leur sang, et certains exprimaient leur colère contre la minorité musulmane ouïghour, à laquelle appartenaient selon Pékin les auteurs de la tuerie.

Dans les rues de Kunming, capitale du Yunnan (sud-ouest), la peur et l'angoisse restaient palpables, deux jours après que des assaillants vêtus de noir ont poignardé mortellement 29 personnes et blessé 130 autres dans la gare de la ville.

Témoin du climat de méfiance, un chauffeur de taxi refusait de se rendre dans le quartier de la gare --avant de se lancer dans une acerbe litanie anti-ouïghour.

Selon la version des autorités locales, cette attaque "terroriste" est le fait de séparatistes ouïghours du Xinjiang (ouest). Les Ouïghours, musulmans turcophones, se disent victimes d'une politique répressive à l'égard de leur religion et de leur culture de la part de l'ethnie chinoise majoritaire Han.

"Je ne laisserai jamais (des Ouïghours) entrer dans mon taxi. Ce sont tous des drogués, et personne en-dehors du Xinjiang ne leur fait confiance", déclare le chauffeur de taxi, refusant de donner son nom.

"Ils ne font que provoquer des problèmes. C'est ce que tout le monde pensait avant (l'attaque), alors vous imaginez maintenant", ajoute-t-elle.

Le Xinjiang, "région autonome" chinoise située à 1.600 km du Yunnan, est depuis 2009 le théâtre de violences meurtrières entre Ouïghours et Chinois de l'ethnie Han mais les attaques contre des civils sont rares, et plus rares encore en dehors de la région.

Survenue quelques jours avant l'ouverture de la session annuelle du Parlement chinois, la tuerie de Kunming a suscité une vive émotion à travers le pays et a été promptement qualifiée de "11 septembre chinois" par les médias d'Etat.

La gare de Kunming, où les assaillants avaient poignardé des passagers au hasard, restait lundi sous forte présence policière.

Des habitants émus venaient déposer des gerbes de fleurs à l'extérieur du bâtiment. On y trouvait également des dizaines de bougies en partie consumées, vestiges de la veillée organisée la veille.

A trois kilomètres de là, dans les faubourgs est de Kunming, une cinquantaine de personnes faisaient la queue devant un centre temporaire de don du sang.

"Ces terroristes sont si cruels, ils ont infligé bien trop de douleur à des gens ordinaires", a soupiré Hu Jiaquan, venu donner son sang pour la première fois.

"Tous les citoyens doivent faire ce qui est en leur pouvoir pour mettre en échec ces extrémistes", a ajouté le jeune homme de 35 ans, interrogé par l'AFP.

"Ils sont inhumains, ils s'en sont pris à des vieillards, à des femmes, à des enfants", a renchéri un autre donneur de sang, Yin Jiang.

De leur côté, des milliers d'internautes chinois critiquaient vivement les Etats-Unis pour n'avoir pas qualifié l'attaque de "terroriste", dans leurs messages de soutien diffusés ce week-end.

"Que diraient les Américains si ça se déroulait sur leur sol?", s'est enquis Ma Xiaolin, un gestionnaire de site web, sur son compte de microblogs.

"Si on se contente de dire que l'attaque de Kunming est un +regrettable acte de violence+, dans ce cas les attentats du 11 septembre n'étaient que de +regrettables accidents de transport+", a ironisé un autre internaute sur Weibo, le Twitter local.

Interrogé lundi sur les réactions internationale, Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, n'a pas critiqué la position américaine.

Il a en revanche indiqué que le drapeau d'un mouvement séparatiste islamique avait été trouvé sur les lieux de l'attaque.

Dilshat Raxit, un porte-parole du Congrès mondial ouïghour, organisation en exil de défense de cette ethnie, s'est inquiété lundi que Pékin puisse y trouver un "nouveau prétexte politique pour réprimer les Ouïghours".

nc-jug/abk

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