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"12 Years s Slave", drame violent et cru sur l'infamie de l'esclavage

"12 Years s Slave", drame violent et cru sur l'infamie de l'esclavage

"12 Years a Slave", qui a remporté dimanche l'Oscar du meilleur film, décrit avec un réalisme et une violence rares le calvaire d'un homme libre enlevé et réduit à l'esclavage, peu avant la Guerre de Sécession.

C'est un Britannique, l'artiste plasticien passé au cinéma Steve McQueen, qui a signé ce film édifiant, abordant l'esclavage sous un angle radicalement différent de celui de films récents traitant aussi du sujet, comme "Django Unchained" de Quentin Tarantino ou "Lincoln" de Steven Spielberg.

L'Oscar couronne un palmarès impressionnant, le film ayant notamment remporté un Golden Globe, le BAFTA du meilleur film, ou encore le Prix du syndicat américain des producteurs (PGA).

"12 Years a Slave" est adapté des mémoires de Solomon Northup, publiées en 1853, douze ans avant l'abolition de l'esclavage.

Ce violoniste et chauffeur noir, marié et père de trois enfants --interprété par le Britannique Chiwetel Ejiofor--, menait une vie paisible à Saratoga Springs (Etat de New York) lorsqu'il fut enlevé en 1841 et vendu comme esclave à des planteurs de Louisiane.

Il lui fallut douze ans pour prouver son statut d'homme libre et se libérer de ses chaînes, avec l'aide d'un abolitionniste canadien (interprété par Brad Pitt, également producteur du film).

Le livre méconnu de Solomon Northup --il n'est pas étudié à l'école et n'avait jamais été adapté par Hollywood-- a été découvert par l'épouse de Steve McQueen, une historienne.

"Chaque page était une révélation. Chaque page. Je n'en croyais pas mes yeux", racontait récemment le réalisateur au Los Angeles Times. "Quand j'ai fini le livre, j'étais très en colère contre moi-même. En colère de ne pas avoir connu ce livre avant. Mais j'ai réalisé, petit à petit, que personne ne connaissait ce livre dans mon entourage".

Le cinéaste de "Hunger" et "Shame" a pris le parti de ne rien épargner au spectateur de la cruauté, des violences physiques et des humiliations endurées par les esclaves, livrés aux mains de maîtres sadiques, dont l'un des spécimens les plus abjects est interprété par Michael Fassbender.

"L'esclavage faisait que vous ne saviez jamais, à aucun moment, ce qui allait vous arriver", explique le cinéaste. "Vous pouviez être lynché, fouetté, on pouvait vous réveiller à quatre heures du matin pour danser".

Très favorablement accueilli par la critique, le film a également été un vrai succès public, avec des recettes mondiales de quelque 100 millions de dollars -- une belle performance pour un film indépendant, entièrement produit hors des studios hollywoodiens.

La preuve, selon Steve McQueen, que le public est prêt à aller au cinéma pour voir autre chose que des super-héros et des dessins animés.

"J'espère que les studios comprennent que les gens veulent voir des films audacieux, des films qui ne sont pas des superproductions", dit-il. "J'aimerais qu'ils comprennent que ces films peuvent gagner de l'argent".

Le cinéaste veut également croire dans le caractère éducatif du film. Selon le Los Angeles Times, Steve McQueen a convaincu Fox Searchlight, le distributeur de "12 Years a Slave", de passer un accord avec l'éditeur Penguin Books et l'Education nationale américaine pour envoyer un exemplaire des mémoires et un DVD du film dans les 30.000 écoles publiques du pays.

"Cela peut changer des vies, modifier la façon qu'ont les gens de voir les choses. L'art, les films, peuvent faire cela. C'est dingue, mais c'est vrai", souligne-t-il.

rr/sam/jca

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