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Les Occidentaux font bloc après la "déclaration de guerre" de la Russie à l'Ukraine

Les Occidentaux font bloc après la "déclaration de guerre" de la Russie à l'Ukraine

Les Occidentaux, G7 en tête, multiplient les pressions sur la Russie, accusée par l'Ukraine d'avoir choisi la guerre, pour tenter de trouver une issue à l'un des plus graves conflits avec Moscou depuis la chute du mur de Berlin.

Les ministres européens des Affaires étrangères se retrouvent lundi à Bruxelles pour leur deuxième réunion d'urgence sur l'Ukraine en dix jours. Mais depuis, la situation s'est brutalement agravée.

L'Ukraine s'est déclarée dimanche "au bord de la catastrophe" à la suite de la "déclaration de guerre" de la Russie et semblait perdre rapidement le contrôle de la Crimée, poussant les Occidentaux du G7 à faire bloc contre Moscou.

Condamnant la "claire violation" de la souveraineté de l'Ukraine par Moscou, les dirigeants de sept pays membres du G8 ont annoncé dimanche la suspension de leurs préparatifs en vue du sommet du groupe à Sotchi (Russie) en juin.

Ce gel restera valable "jusqu'à ce que l'environnement redevienne favorable à des discussions significatives au G8", selon un communiqué des "dirigeants du G7" diffusé par la Maison Blanche.

Le G7 réunit les sept pays les plus industrialisés. Au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, il était devenu le G8 à partir de 1998, avec la participation de la Russie à ses sommets.

Plus tôt dimanche, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait prévenu que la Russie pourrait perdre son siège à la table du G8, face à la dégradation de la situation sur le terrain.

"Si le président (russe Vladimir) Poutine veut être le président qui a commencé une guerre entre deux pays voisins et amis, il est tout près d'atteindre son objectif. Nous sommes au bord de la catastrophe", a ainsi lancé dimanche le Premier ministre, Arseni Iatseniouk.

"Ce n'est pas une menace, c'est en fait une déclaration de guerre à mon pays", a-t-il ajouté, s'exprimant en anglais, comme pour mieux se faire entendre de la communauté internationale.

Le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a de son côté répété dimanche que Kiev espérait parvenir à une solution "pacifique" à la crise. Mais un autre haut responsable a parallèlement annoncé la mobilisation des réservistes ukrainiens afin d'assurer "la sécurité et l'intégrité du territoire".

A Kiev, environ 50.000 personnes se sont rassemblées dimanche sur le Maïdan, la place de l'Indépendance. "Nous ne nous rendrons pas !", ont-ils scandé à l'adresse de la Russie. Certains portaient des pancartes proclamant : "Poutine, touche pas à l'Ukraine !"

Mais la tension semblait monter dimanche en Crimée entre les deux camps, même si aucun affrontement n'a été rapporté dans cette péninsule russophone du sud de l'Ukraine qui abrite la flotte russe de la mer Noire.

Dimanche soir une forte explosion a été entendue dans toute la ville de Simféropol, la capitale de Crimée, ont rapporté des journalistes de l'AFP. Il n'a pas été immédiatement possible de déterminer l'origine de cette explosion.

La base militaire de Perevalne, qui abrite une unité des gardes-côtes ukrainiens, à 20 kilomètres de Simféropol, a été cernée par des centaines d'hommes armés de fusils automatiques, a constaté l'AFP. Selon le ministère ukrainien de la Défense, qui a estimé leur nombre à un millier, les assaillants voulaient contraindre les gardes-côtes à rendre leurs armes.

Plusieurs sites stratégiques de la péninsule, bases militaires, aéroports ou bâtiments officiels ont fait l'objet de blocages par des hommes en armes, dont l'uniforme ne porte aucun signe distinctif mais que les observateurs assimilent à des soldats russes.

Coup dur pour les autorités de Kiev, l'amiral Denis Berezovski, commandant en chef de la marine ukrainienne, nommé il y a quelques jours par le président par intérim Tourtchinov, a annoncé dimanche qu'il prêtait allégeance aux autorités locales pro-russes de Crimée.

Le Premier ministre pro-russe de Crimée, Serguiï Axionov, que Kiev considère comme illégitime, a salué un "événement historique" et souligné que l'amiral Berezovski acceptait ainsi de se placer "sous les ordres des autorités légitimes de la péninsule".

Ailleurs des manifestations pro-Ukraine rassemblant entre 1.000 et 10.000 personnes se sont déroulées dimanche dans les villes de Kharkiv, Odessa, Dnipropetrovsk et Zaporijia, selon les médias ukrainiens.

L'annonce de Moscou samedi, après avoir initialement semblé prendre de court les Occidentaux, a provoqué un tollé dans le monde.

John Kerry a annoncé sa venue mardi à Kiev pour réaffirmer le "soutien fort des Etats-Unis à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Il sera précédé par le numéro deux de l'ONU, Jan Eliasson, qui devait s'envoler dimanche soir pour l'Ukraine.

L'Otan a, elle, appelé Moscou et Kiev à rechercher une "solution pacifique" à la crise à travers le "dialogue" et le déploiement d'observateurs internationaux", selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, et son homologue grec, Evangelos Venizelos, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, sont arrivés dimanche à Kiev.

Dans des conversations téléphoniques avec la chancelière allemande Angela Merkel Vladimir Poutine a assuré dimanche que la réponse de la Russie à "la menace constante d'actes violents de la part des forces ultranationalistes (...) était totalement adaptée". Il a néanmoins accepté la création d'un "groupe de contact" pour entamer "un dialogue politique" sur l'Ukraine.

Les experts estiment que la crise ukrainienne représente la plus grave crise entre l'Occident et la Russie depuis la chute de l'URSS en 1991.

"Les répercussions sur les relations entre la Russie et l'Occident seront profondes et durables, bien pires qu'après la guerre russo-géorgienne" de 2008, ont estimé les analystes Eugene Rumer et Andrew Weiss de la fondation Carnegie. "Cela rappelle 1968, pas 2008", soulignent-ils en allusion à la répression du Printemps de Prague par l'URSS.

La Russie a aussi lancé une guerre médiatique, les médias publics russes et les autorités appelant à l'unité nationale contre "les fascistes qui ont pris le pouvoir à Kiev".

Les agences de presse russes ont diffusé dimanche des informations selon lesquelles des militaires ukrainiens de Crimée désertaient en masse, délaissant leurs unités qui passent aux mains de forces d'autodéfense pro-russes assurant l'ordre dans la région. Ces informations vagues et imprécises ont été démenties par le ministère ukrainien de la Défense.

Inquiète des conséquences de cette crise, la Bourse de Tokyo a entamé la séance de lundi en nette baisse.

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