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Venezuela: l'opposition organise une caravane contre "la torture et la répression"

Venezuela: l'opposition organise une caravane contre "la torture et la répression"

L'opposition au président vénézuélien Nicolas Maduro a organisé samedi à Caracas une caravane d'automobiles et de motos pour protester contre "la torture et la répression" et réclamer la libération des hommes politiques et des étudiants détenus.

Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Elias Jaua va de son côté rencontrer mardi à Genève le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a indiqué samedi l'ambassadeur vénézuélien à l'Onu, Jorge Valero.

Cette rencontre sera une "opportunité extraordinaire pour que (Jaua) explique comment le gouvernement met en oeuvre le processus de paix et quelles sont les mesures qu'il prend pour que le Venezuela se remette de ces perturbations, de ces faits de violence", a déclaré M. Valero au portail d'informations Noticias 24.

Le Venzuela est depuis le 4 février en proie à des manifestations de l'opposition qui proteste contre la vie chère et l'insécurité dans le pays.

Composée de véhicules modestes mais aussi de luxueux 4x4, la caravane de l'opposition a défilé samedi au lendemain de nouvelles violences la nuit précédente, marquées par des affrontements entre des centaines de manifestants et des policiers anti-émeutes et une quarantaine d'arrestations dont celle d'une journaliste étrangère.

"Nous manifestons en hommage aux morts. Il n'y a pas de carnaval, il n'y a rien à fêter. Nous sommes en deuil", a déclaré à l'AFP Argenis Arteaga, un étudiant venu de Petare, sur les hauteurs de Caracas, le plus grand bidonville d'Amérique latine.

"Nous continuerons à défiler, à bloquer les rues comme nous le faisons chaque jour (...) jusqu'à ce que ce gouvernement s'en aille", a dit une étudiante en gestion d'entreprise, Génesis Lanza.

Après presque un mois de manifestations anti-gouvernementales, le bilan est lourd. Selon la procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega Diaz, les heurts ont fait 17 morts et 261 blessés, un bilan porté à 18 morts avec l'annonce par le président Maduro de la mort d'un militaire. Un millier de personnes ont été arrêtées.

Les manifestants qui sont descendus a nouveau samedi dans les rues de la capitale répondaient à l'appel des dirigeants de l'aile radicale de l'opposition de droite, dont la députée indépendante Maria Machado et le parti Volonté populaire, dont le chef est en prison et le numéro deux recherché par la police.

Nicolas Maduro, héritier politique du défunt président Hugo Chavez, leader de la gauche anti-impérialiste sud-américaine, a qualifié de tentative de "coup d'Etat" le mouvement lancé le 4 février par des étudiants et auquel s'est jointe l'opposition politique qui appelle à descendre dans la rue pour faire tomber le gouvernement issu des élections d'avril 2013.

Vendredi à Caracas, dans le quartier d'Altamira, un bastion de l'opposition, les forces antiémeutes ont attaqué avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes des manifestants dont une partie étaient masqués et qui ont répliqué en lançant de nombreux cocktails Molotov.

Selon la télévision d'Etat VTV, "l'opération spéciale de la Garde nationale (GNB) à Altamira a permis d'arrêter 41 (manifestants), dont huit étrangers soupçonnés de terrorisme international".

Parmi les personnes arrêtées vendredi figure la photojournaliste italienne Francesca Commissari, collaboratrice du quotidien vénézuélien El Nacional.

Le Syndicat national des travailleurs de la presse (SNTP) a aussi annoncé qu'un correspondant du quotidien américain Miami Herald et une équipe de l'agence de presse américaine Associated Press avaient été interpellés puis remis en liberté dans la soirée.

Peu après, les correspondants étrangers à Caracas ont reçu par internet un document produit par le ministère vénézuélien de l'Information et de la Communication, intitulé "Le Venezuela sous attaque médiatique" et dans lequel figurent des photos et des articles qualifiés par le gouvernement de "mensonges liés au coup d'Etat 'soft'".

Les principales revendications portent sur l'insécurité, l'inflation et la pénurie de biens de consommation de base.

Les opposants et des organisations non-gouvernementales protestent aussi contre un usage excessif de la force lors des dispersions de rassemblements par la police.

"Nous avons enregistré et vérifié 33 cas de traitements inhumains et de tortures", qui ont été transmis à la justice, a déclaré vendredi Alfredo Romero, président du Forum pénal vénézuélien, une ONG de défense des droits de l'homme.

"Le ministère public ne permettra sous aucun prétexte que soient violés les droits de l'homme", a promis la procureure générale. Elle a annoncé que 27 enquêtes avaient été ouvertes en raison de soupçons d'exactions des forces de l'ordre.

Le président Maduro, qui assistait vendredi à la deuxième journée d'un dialogue national qu'il a convoqué pour tenter de résoudre la crise, a de nouveau appelé les étudiants à la concertation.

"Le dialogue de Maduro, c'est: venez dialoguer, et pendant que je parle à la télévision, je persécute, j'assassine et je réprime dans les rues", a déclaré sur son compte Twitter l'opposant emprisonné Leopoldo Lopez, fondateur du parti de droite Volonté populaire.

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