Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Chaque Norvégien est désormais quasi-millionnaire

Chaque Norvégien est désormais quasi-millionnaire

Chaque Norvégien est virtuellement devenu quasi-millionnaire grâce à l'énorme fonds souverain du pays nordique, qui a considérablement grossi en 2013 et qui, paradoxalement, pourrait se détourner des énergies fossiles ayant fait sa richesse.

Abondé par les revenus pétroliers de l'État et investi hors de Norvège pour éviter une surchauffe de l'économie, le fonds de pension public norvégien a dégagé l'an dernier un rendement de 15,9%, la deuxième meilleure performance de ses deux décennies d'existence, a annoncé vendredi la Banque de Norvège chargée de sa gestion.

La valeur du plus gros fonds souverain au monde a atteint 5.038 milliards de couronnes (610 milliards d'euros) à la fin de l'année, faisant de chacun des 5,1 millions d'habitants du pays nordique un quasi-millionnaire dans la devise nationale.

Du moins sur le papier. Cette manne est sanctuarisée, destinée --malgré son appellation trompeuse de Fonds de pension-- à financer l'État-providence quand viendront les jours difficiles, lesquels semblent encore lointains.

Le "patron" du fonds, Yngve Slyngstad, a qualifié 2013 de "bonne année", essentiellement grâce aux placements en actions qui représentent 61,7% du portefeuille et qui ont affiché un rendement de 26,3%.

"2013 a été marquée par une retombée des incertitudes sur les marchés financiers mais aussi par une croissance faible de l'économie mondiale", a expliqué le gouverneur de la Banque de Norvège, Oeystein Olsen. "Paradoxalement, ce sont probablement cette faible croissance et le niveau bas des taux d'intérêt à l'étranger qui sont les raisons principales des bons résultats du fonds ces deux ou trois dernières années".

Selon l'organisme spécialisé SWF Institute, le fonds norvégien est le plus gros fonds souverain au monde devant celui des Émirats arabes unis.

Présent au capital de 8.213 entreprises dans le monde, il détient l'équivalent de 1,3% de la capitalisation boursière mondiale, proportion qui grimpe à 2,5% en Europe.

Rien qu'en France, il possède pour 161 milliards de couronnes (19,5 milliards d'euros), réparties entre 161 sociétés différentes, d'Accor à Zodiac Aerospace.

Pour cause de taux d'intérêt toujours extrêmement bas dans le monde, les investissements en obligations (37,3% du portefeuille) ont dégagé un rendement nul en 2013, tandis que les placements immobiliers, en Europe et depuis l'an dernier aux États-Unis, ont rapporté 11,8%.

Le fonds pourrait changer de morphologie à l'avenir.

La coalition minoritaire de droite au pouvoir a conclu vendredi un accord avec deux petits partis alliés de centre droit qui prévoit un groupe d'experts indépendants chargés d'examiner un éventuel désengagement du pétrole, gaz naturel et charbon.

Les contours ne sont pas encore connus. S'agirait-il de se désinvestir de toute entreprise produisant une source d'énergie fossile ou seulement de celles dont c'est l'activité principale? Les producteurs d'électricité qui consomment des énergies fossiles seraient-ils aussi concernés?

"Il est important d'éclairer ce dossier sous tous les angles avant de procéder à des changements", a souligné un haut responsable du parti conservateur, Svein Flaatten.

Attendues l'an prochain, les conclusions pourraient radicalement changer le portefeuille du fonds: 8,4% de ses investissements en actions sont actuellement placés dans des producteurs de pétrole et de gaz.

En apparence paradoxale dans un pays où les hydrocarbures représentent près de 25% de la richesse nationale, la réflexion s'explique par des préoccupations climatiques mais aussi par les intérêts économiques du pays.

À plusieurs reprises, des experts ont critiqué la double exposition du fonds aux énergies fossiles: un plongeon des prix dans ce secteur entraînerait à la fois une baisse du volume de pétrodollars versés par l'État et une dégradation du rendement des investissements.

Avec une performance de 16,1% l'an dernier, les placements dans les groupes pétro-gaziers sont d'ailleurs nettement inférieurs au rendement boursier moyen.

Le débat a été relancé en décembre quand l'opposition travailliste a proposé la sortie du fonds du charbon, source d'énergie particulièrement "sale" en matière de CO2.

Cela placerait toutefois l'État dans une position délicate puisqu'il possède lui-même une compagnie qui extrait du charbon sur l'archipel du Svalbard (Spitzberg) dans l'Arctique, activité essentielle pour l'économie locale.

phy/hh/jh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.