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Pendant la campagne électorale hongroise, l'exode continue

Pendant la campagne électorale hongroise, l'exode continue

Poussés par la crise, lassés par le climat politique, de très nombreux Hongrois se sont résolus à émigrer ces dernières années, fournissant un cheval de bataille à l'opposition en vue des législatives du 6 avril.

Agnes L. a franchi le pas en 2012, à 37 ans. Elle a quitté son emploi dans une multinationale à Budapest en faveur d'un aller simple pour Bruxelles.

Avec l'affaiblissement continuel du forint, la monnaie hongroise, "je ne pouvais plus me permettre que le strict nécessaire", explique cette attachée de presse, qui refuse que son nom soit cité : "J'aurais supporté cette situation si j'avais vu une chance de changement dans le climat politique, économique et social du pays. J'ai quitté la Hongrie parce que cette chance n'existait pas."

Le gouvernement a comptabilisé en janvier 500.000 personnes installées à l'étranger, soit 5% de la population. Les émigrés sont 300.000 au Royaume-Uni, 100.000 en Allemagne, 50.000 en Autriche et 50.000 dans les autres pays de l'UE.

Selon une étude de l'institut de sociologie Tarki, la moitié des Hongrois de moins de 30 ans, et le tiers des 31-40 ans projettent de suivre le même parcours.

Les Hongrois étaient pourtant restés à l'écart des deux vagues d'émigration touchant leurs voisins, Polonais et Roumains notamment, après la chute du communisme en 1989, puis après l'entrée des pays de l'Est dans l'Union européenne en 2004.

L'émigration n'a vraiment débuté qu'avec la crise financière de 2008, deux ans avant l'accession au pouvoir de M. Orban, et s'est accélérée depuis. Quelque 17.000 Hongrois ont ainsi demandé un numéro fiscal au Royaume-Uni en 2012, contre 14.000 pour la période 2007 - 2010.

"Le processus a pris de la force en 2009-2010, au moment où les experts s'attendaient plutôt à un retour de ceux qui étaient partis à l'Ouest à cause de la crise internationale", relève Endre Sik, de l'institut Tarki. Depuis, "le phénomène est devenu omniprésent. Il n'y a pas de famille qui ne soit pas concernée".

Le centre gauche, mal engagé dans sa campagne pour déloger du pouvoir le Premier ministre conservateur Viktor Orban, parle de ceux qui ont quitté le pays comme des "réfugiés économiques", et place leur retour en Hongrie au centre de son projet électoral.

L'ex-chef de gouvernement Gordon Bajnai propose notamment que l'Etat garantisse un emploi à tous les jeunes de moins de 30 ans au chômage depuis plus de six mois. Un programme de subventions ciblées pour les entrepreneurs de moins de 35 ans choisissant de rester au pays est également au menu de l'alliance de centre gauche.

De son côté, la droite au pouvoir a créé dès 2011 une organisation intitulée "Reviens à la maison". L'objectif est de faciliter le retour de familles en centralisant pour elles des informations juridiques et administratives. Les candidats au retour peuvent également être conseillés sur la rédaction de leur cv, et même s'entraîner aux entretiens d'embauche.

Pas de quoi renverser la tendance d'après Endre Sik, pour qui "le seul moyen de faire revenir les Hongrois de l'étranger est de remettre l'économie hongroise sur la voie d'une croissance forte."

"En parallèle, il faut créer un climat politique agréable. Les deux facteurs sont indispensables", poursuit-il, alors que Viktor Orban a été très critiqué, dès son arrivée au pouvoir en 2010, pour son flirt avec l'extrême droite et pour ses réformes controversées.

Eszenyi Karola, installée à Londres, juge en tous cas son exode définitif, et ne se sent pas concernée par le scrutin à venir : "On ne veut pas voter, nous ne voyons pas de bonnes alternatives. On ne veut même plus retourner en Hongrie. Nous sommes ici pour commencer une nouvelle vie."

mg/cs/s/jh

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