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La question des divorcés remariés passionne et inquiète les cardinaux

La question des divorcés remariés passionne et inquiète les cardinaux

La question délicate des divorcés remariés catholiques a focalisé l'attention des 150 cardinaux réunis récemment autour du pape au Vatican, le sujet étant source de crispations, relèvent les analystes au Vatican.

Selon l'Eglise catholique, une personne ayant reçu le sacrement indissoluble du mariage ne peut recevoir la communion si elle se remarie après un divorce.

De nombreux couples dans les pays occidentaux demandent un assouplissement de cette règle. Des théologiens et évêques le préconisent également, au nom de la "miséricorde" prônée par le pape François. D'autres au contraire sont soucieux de ne pas trahir la parole du Christ: "Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas".

La question est devenue brûlante. Au point que, lors du consistoire la semaine dernière sur la famille, elle a occupé entre "80% et 90%" des 70 interventions des cardinaux, a révélé le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, à Radio Vatican.

Cette question, "la plus douloureuse", a été traitée selon des "perspectives très différentes" selon que les intervenants venaient d'Europe, d'Asie ou d'Afrique, a-t-il remarqué.

En Afrique, les évêques sont par exemple soucieux d'autres aspects: que ceux qui sont polygames par tradition ancestrale puissent être autorisés à communier. En Inde se posent d'autres problèmes complexes liés à la dot.

Le cardinal allemand Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), a souligné mardi qu'"on ne peut pas se focaliser en permanence sur cette seule question".

Pour lui, la ligne de l'Eglise est "impossible à changer", les "nouvelles voies" à explorer devant aller dans le sens d'un approfondissement de la doctrine, "beaucoup ne la connaissant pas et pensant que le mariage est seulement une fête à l'église". Beaucoup préconisent des préparations au mariage plus approfondies.

Récemment, le cardinal hondurien Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, membre du "G8" des conseillers du pape, a conseillé au cardinal Müller de se montrer "plus flexible".

En Allemagne, l'évêché de Fribourg-en-Brisgau (sud-ouest) qui avait décidé à l'automne dernier d'autoriser les divorcés remariés à recevoir la communion, a été sévèrement tancé par le Vatican.

Selon Mgr Barbarin, il ne s'agit pas de classer les cardinaux entre "rigoristes" et "laxistes" sur ces thèmes qui ont fait l'objet d'un questionnaire envoyé aux diocèses du monde entier.

Selon un sondage réalisé par le réseau hispanophone "Univision" dans 12 pays à majorité catholique, 75 % des Européens sont en désaccord avec l'Eglise, 67% des Latino-Américains, 59% des Américains, contre 19% seulement en Afrique.

Quelles sont les pistes possibles? La première est l'assouplissement des annulations de mariage par les tribunaux ecclésiastiques. Ces annulations -aujourd'hui strictement encadrées- seraient étendues aux noces conclues par simple convention sociale, immaturité, ou sans conscience de ce qu'elles impliquaient. Une solution envisagée par Benoît XVI mais que certains prélats jugent hypocrite, surtout quand des enfants sont nés de la première union.

Autre piste possible : le modèle de l'Eglise orthodoxe qui autorise une personne divorcée à se remarier après un temps de réflexion pour analyser l'échec, et communier. Dans l'avion qui le ramenait de Rio de Janeiro, en juillet, le pape avait cité cette solution, sans la reprendre à son compte. Au consistoire, elle a été envisagée, assortie d'une "période de pénitence". Dans ce cas, le mariage serait "béni", mais il ne s'agirait pas d'un sacrement, rappelle Mgr Barbarin.

Comme l'analyse le vaticaniste Henri Tincq sur le site Slate.fr, la question est théologiquement très difficile: "Comme est toujours valide le baptême reçu dans l'enfance pour celui qui ne pratique plus, ou la prêtrise pour un homme qui rompt son engagement sacerdotal et se marie civilement, un sacrement, donné par Dieu, ne peut jamais être retiré".

En attendant, François a lancé dimanche un ferme appel aux cardinaux à aller au-delà des "conflits". Et la question des personnes divorcées ne devrait pas être tranchée avant les deux synodes sur la famille convoqués fin 2014 et en 2015.

jlv/mle/all

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