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GB: l'immunité accordée à un ex-militant de l'IRA réveille de vieux démons

GB: l'immunité accordée à un ex-militant de l'IRA réveille de vieux démons

L'immunité accordée au suspect n°1 d'un attentat spectaculaire à Hyde Park, a révélé l'ampleur des amnisties accordées aux républicains de l'IRA lors du processus de paix en Ulster, suscitant une crise politique que David Cameron s'est employé à désamorcer jeudi en ordonnant une enquête.

C'est à Londres, là où quatre soldats anglais et sept chevaux avaient été déchiquetés dans l'explosion d'une bombe posée par l'IRA en 1982, qu'un juge a pris mardi une décision qui a remis le feu aux poudres.

En amnistiant de fait le principal suspect de l'attentat, John Downey, au motif que celui-ci a reçu en 2007 un courrier officiel lui offrant la garantie ne de jamais être poursuivi, il a rouvert des plaies difficiles à cicatriser, seize ans après la fin des "troubles".

Depuis, l'émotion est à son comble au Royaume-Uni, d'abord parce que la fameuse lettre a été envoyée "par erreur" à Downey alors que celui-ci était toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt de Scotland Yard.

Et surtout parce que son audience a permis de révéler l'existence de 186 autres cas d'ex-militants républicains ayant reçu un courrier similaire, négocié dans le cadre de l'accord de paix du Vendredi Saint qui a mis fin, en 1998, à trente ans de violences interconfessionnelles.

Outre Downey, des "figures" de la lutte armée républicaine tels Rita O'Hare ont accusé réception de la lettre. Et treize destinataires, dont James McArdle, coupable d'un attentat dans les Docklands londoniens en 1996 avec deux morts à la clé, se sont même vus accorder une grâce royale.

Selon le membre du Sinn Fein, Gerry Kelly, qui avait dynamité le tribunal de l'Old Bailey en 1973, ces lettres adressées à "ceux en cavale" ("on the runs") relèvent d'une approche pragmatique et nécessaire pour faire aboutir un processus de paix.

Mais jeudi, la plupart des journaux britanniques demandaient pourquoi les destinataires sont exclusivement républicains, alors que des horreurs ont été commises dans les deux camps.

"Si des personnes suspectées de terrorisme bénéficient de l'immunité, pourquoi ne pas en faire bénéficier les courageux paras britanniques?", s'interrogeait ainsi le Daily Mail. "Donnez aux soldats du Bloody Sunday la même amnistie qu'aux suspects de l'IRA", titrait également le Telegraph, notant que vingt soldats étaient toujours sous la menace de poursuites dans le cadre du drame du 30 janvier 1972, où des militaires britanniques avaient ouvert le feu sur une foule de manifestants catholiques.

En Irlande, les députés du Parti unioniste démocrate nord-irlandais (DUP) ont relayé le même discours.

"Le public britannique ne saurait accepter une situation où des soldats britanniques sont traînés devant le tribunal pour des faits datant de 1972, alors que dans le même temps des terroristes présumés de l'IRA bénéficient d'une amnistie. Ce système à deux poids et deux mesures n'est pas tolérable", s'est étranglé Jeffrey Donaldson, vice-président de ce parti conservateur et protestant.

Issu du même DUP, le Premier ministre Peter Robinson a, lui, menacé de démissionner en l'absence d'une enquête et d'éclaircissements de la part du gouvernement britannique.

Assurant ignorer tout des lettres "secrètes", il a été contredit jeudi par son vice-Premier ministre Martin McGuinness. Ancien chef d'Etat-major de l'IRA provisoire et négociateur du Sinn Féin pour l'accord de paix, ce dernier a affirmé que "tous les partis politiques" nord-irlandais étaient au courant.

L'escalade a conduit le Premier ministre britannique David Cameron à hausser le ton jeudi en plein sommet germano-britannique. Vingt-quatre heures après avoir dénoncé une "terrible erreur", il a indiqué qu'un juge indépendant allait enquêter sur l'affaire "et vérifier si certaines de ces lettres ont été envoyées par erreur".

Dans la soirée, Peter Robinson s'est félicité de l'annonce et a, du coup, retiré sa menace de démission, tout en demandant que les lettres n'empêchent ni les interrogatoires ni les poursuites.

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