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Hong Kong: un journaliste libéral victime d'une violente agression

Hong Kong: un journaliste libéral victime d'une violente agression

L'ancien rédacteur en chef d'un quotidien de Hong Kong à la plume acerbe contre Pékin, et dont le récent limogeage avait scandalisé les défenseurs de la liberté d'information, a été grièvement blessé par arme blanche mercredi.

Touché aux poumons et aux jambes, Kevin Lau a été opéré et est hors de danger, a annoncé Ronald Chiu, directeur de l'Association hongkongaise des cadres de médias.

Le journaliste a été agressé en plein jour, alors qu'il sortait de sa voiture dans le quartier de Chai Wan, par deux hommes qui se sont enfuis à moto.

"L'un d'eux est descendu de la moto et a utilisé un couperet pour attaquer la victime", a déclaré un porte-parole de la police à l'extérieur de l'hôpital où la victime a été admise.

"Il présente trois blessures, une dans le dos et deux aux jambes", a-t-il ajouté, soulignant que la blessure infligée dans le dos était profonde.

La député hongkongaise Regina Ip a indiqué à l'AFP après s'être entretenue avec l'épouse de Kevin Lau que ses agresseurs avaient "frappé si fort qu'on pouvait voir ses organes internes".

Kevin Lau a été évincé en janvier du Ming Pao et remplacé par une personnalité pro-Pékin, une décision perçue comme une tentative de mise au pas par la rédaction de ce journal libéral, réputé pour ses enquêtes et ses analyses.

Lau avait notamment écrit sur la mort d'un dissident chinois, Li Wangyang.

Cible privilégiée des mouvements anti-Pékin, le numéro un de l'exécutif hongkongais, C.Y. Leung, s'est déclaré "inquiet et révolté" par l'agression de M. Lau. "Hong Kong est une société de droit et nous ne tolèrerons aucune violence de ce genre", a-t-il dit.

En juin 2013, plusieurs employés de l'Apple Daily, un quotidien populaire au ton très acerbe envers Pékin, avaient été agressés à Hong Kong, selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), basé à New York.

Le même mois, Chen Ping, éditeur d'un magazine réputé pour sa couverture critique de l'actualité chinoise, avait été roué de coups.

L'agression de Kevin Lau intervient dans un contexte de réelles inquiétudes pour la liberté de la presse à Hong Kong, colonie britannique revenue en 1997 dans le giron chinois.

Des milliers de personnes sont encore descendus dans la rue ce week-end pour défendre la liberté d'informer et deux rapports publiés au début du mois par des organisations internationales estimaient que l'autocensure des médias était devenue une pratique courante à Hong Kong.

Les associations de journalistes ont appelé les autorités à tout faire pour retrouver les agresseurs de Kevin Lau.

"Nous condamnons vigoureusement la violence et exhortons la police à agir", a déclaré à l'AFP l'Association des journalistes de Hong Kong, Sham Yee-lan.

Le Foreign Correspondents' Club a estimé dans un communiqué que la bonne réputation de Hong Kong en matière de protection des libertés "souffrirait si de tels crimes restaient impunis".

Pour ses défenseurs, la mise à l'écart de Kevin Lau était politique.

Le journal se fait régulièrement l'écho du débat faisant rage à Hong Kong entre libéraux et pro-Pékin sur l'avenir politique du territoire.

Depuis sa rétrocession, Hong Kong a le statut de région administrative spéciale (RAS) et bénéficie en principe d'une large autonomie en vertu du modèle "un pays, deux systèmes".

Ses habitants jouissent d'une liberté de parole inconnue sur le continent mais Pékin contrôle largement en réalité la vie politique locale et les Hongkongais dénoncent régulièrement des coups de canif dans l'accord de rétrocession.

La Chine a promis d'instaurer le suffrage universel direct pour l'élection du chef de l'exécutif en 2017 et celle du parlement en 2020. Mais de nombreux démocrates locaux doutent fortement de ses promesses, l'échéance étant régulièrement repoussée.

Dans le système actuel, le chef de l'exécutif est élu par un comité de 1.200 membres majoritairement pro-Pékin.

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