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Des défis de poids pour le prochain gouvernement égyptien

Des défis de poids pour le prochain gouvernement égyptien

Le Premier ministre désigné Ibrahim Mahlab planchait mercredi sur la formation d'un gouvernement chargé d'organiser la présidentielle à laquelle le véritable homme fort de l'Egypte, le chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, sera vraisemblablement candidat.

Ibrahim Mahlab, qui a remplacé Hazem el-Beblawi après la démission surprise de son gouvernement lundi, "poursuit ses réunions avec les candidats aux ministères", a rapporté mercredi la télévision.

Selon l'agence Mena, 14 ministres du gouvernement sortant seront maintenus à leur poste, dont les titulaires de l'Intérieur Mohamed Ibrahim, du Tourisme Hicham Zazou, et de l'Information Dorreya Charafeddine.

Le gouvernement aura la lourde tâche de redresser un pays plongé dans une grave crise économique, sociale et sécuritaire avant l'élection présidentielle du printemps, vue comme une étape clé dans la feuille de route des autorités intérimaires, mises en place après le renversement par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.

Le très populaire maréchal Sissi, ministre de la Défense et vice-Premier ministre du gouvernement sortant n'a pas encore officiellement fait acte de candidature mais n'a pas caché ses ambitions. Pour être éligible, il ne peut faire partie du gouvernement et doit prendre sa retraite de l'armée.

Un haut gradé proche du maréchal a affirmé à l'AFP que M. Sissi conserverait son portefeuille de la Défense jusqu'à la promulgation de la loi électorale encadrant le scrutin présidentiel.

Selon des experts, la formation d'un nouveau gouvernement pourrait être motivée par le besoin d'améliorer l'état des affaires avant la candidature officielle de M. Sissi.

"Si le maréchal Sissi décide de se présenter, il lui faut un gouvernement ayant une bonne réputation qui pourra l'aider à résoudre certains problèmes urgents qui préoccupent la population", explique le politologue Mustapha Kamel al-Sayyed.

L'Egypte est en proie à des violences quasi-quotidiennes depuis le renversement de M. Morsi. Des groupes jihadistes ont multiplié les attaques contre les forces de l'ordre, tuant des dizaines de policiers et soldats.

Le groupe Ansar Beit al-Maqdess a revendiqué la plupart des attentats, affirmant agir en représailles à l'implacable répression des partisans du président déchu, qui a fait quelque 1.400 morts selon Amnesty International.

Le groupe, qui a également revendiqué des attaques contre un gazoduc, a en outre promis de poursuivre "une guerre économique" contre le régime.

"Il est possible que les autorités aient décidé de changer Beblawi, notamment parce que sa popularité était limitée et ses performances minces", estime le professeur de sciences politiques Ahmed Abd Rabbo.

Le gouvernement Beblawi est devenu très impopulaire malgré l'annonce de mesures de relance économique grâce à des fonds en provenance de pays du Golfe.

M. Mahlab avait dirigé l'entreprise gouvernementale Arab Contractors, l'une des plus importantes sociétés de construction au Moyen-Orient, pendant onze ans jusqu'en septembre 2012, selon le quotidien étatique Al-Ahram.

Ses partisans louent un homme dynamique, fort de nombreux succès dans son domaine et proche du terrain.

Ses détracteurs l'associent eux au régime honni de Hosni Moubarak, balayé par une révolte en 2011, puisqu'il était un cacique du parti de l'ex raïs.

Le plus important défi que devra relever le nouveau Premier ministre sera "les multiples grèves (...) et l'application du salaire minimum", a indiqué à l'AFP Alia el-Mahdi, un professeur d'économie à l'université du Caire.

Trois ans de violences quasi ininterrompues depuis la révolte de 2011 ont gravement affecté l'économie.

Les employés des usines publiques et ceux des transports publics ont fait grève en février pour réclamer de meilleurs salaires, alors que l'inflation dans le pays a atteint 11,6% en janvier, selon des chiffres publiés par la Banque centrale.

Selon Mme Mahdi, M. Mahlab devra aussi "relancer (la production) et attirer les investissements étrangers et le tourisme", une source de revenus vitale pour l'économie.

Le nombre de touristes a baissé de près de 31% en décembre 2013, comparé au même mois de l'année précédente, selon des chiffres gouvernementaux.

Mme Mahdi a encore averti que les ressources de l'Etat n'étaient pas suffisantes pour répondre à une telle crise, "tout particulièrement face à l'impatience grandissante" des Egyptiens.

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