Une ancienne journaliste de la Radio Mille collines (RTLM) a assuré mardi avoir vu Pascal Simbikangwa, le premier Rwandais jugé en France en relation avec le génocide, distribuer armes et vivres à des miliciens pendant les massacres.
Valérie Bemeriki, condamnée à la réclusion à perpétuité au Rwanda, a témoigné devant la cour d'assises de Paris par visioconférence depuis Kigali, revêtue de la tenue rose des prisonniers au Rwanda.
Elle a affirmé avoir vu l'accusé à l'une des "barrières" où étaient filtrés les Tusti pendant le génocide, un soir d'avril 1994 en rentrant de son travail à la RTLM. "On voyait bien qu'il était en train de donner des ordres à ces gens-là (les miliciens)".
Les miliciens ont acclamé M. Simbikangwa, en disant qu'il "distribuait des boissons, de la nourriture, des armes, des munitions, tout ce qu'il leur fallait", a-t-telle poursuivi. Puis elle dit avoir échangé quelques propos avec l'accusé, qui était resté dans sa voiture.
"Il (Simbikangwa) nous a dit +vous les journalistes vous êtes des braves à la RTLM+. Sur le siège arrière (de sa voiture) il y a avait des grenades, des cartons, dont j'ai vu que l'un contenait sur le siège avant des munitions".
L'accusé a une toute autre version. Il reconnait avoir croisé un jour un véhicule de la RTLM, sans voir si Mme Bemeriki était dedans, près d'une barrière "alors que j'apportais un sac de riz et un sac de farine à une famille (tutsi) que je cachais". "C'est à partir de là que la légende s'est construite", poursuit-il.
Un de ses avocats, Alexandra Bourgeot, rappelle au témoin qu'elle n'a jamais dit avoir vu des munitions, y compris devant les magistrats instructeurs. Mme Bemeriki répond que la mémoire lui revient progressivement sur certains faits, qu'elle note ensuite. "C'est étonnant comme la mémoire revient à beaucoup de monde", commente l'avocate.
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