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Ukraine : Ianoukovitch recherché, son train de vie scruté à la loupe

Ukraine : Ianoukovitch recherché, son train de vie scruté à la loupe

Deux jours après sa destitution par le Parlement ukrainien, le président déchu, Viktor Ianoukovitch, est maintenant un homme recherché par la police. Pendant ce temps, les Ukrainiens en apprennent un peu plus sur son train de vie fastueux ainsi que sur la surveillance qu'exerçait la présidence sur la société civile.

Des journalistes ukrainiens passent à la loupe des documents retrouvés dans la luxueuse résidence du président déchu en banlieue de Kiev et qui a été décrétée bien de l'État le week-end dernier. On y a retrouvé des relevés de transactions ou encore des listes de journalistes à surveiller.

Certains de ces documents ont été retrouvés à moitié brûlés, flottant dans l'eau. Selon un journaliste du quotidien Kommersant Ukraine, Sergei Sidorenko, cela montre que ceux qui ont abandonné le domaine n'ont pas eu assez de temps pour les détruire et les ont jetés à l'eau.

M. Sidorenko dit avoir trouvé un document révélant des dépenses de 70 millions de dollars pour l'un des bâtiments du domaine.

Le site du journal Ukrainskaya Pravda révèle quant à lui ce qui serait des dépenses de 1,2 million de dollars pour des meubles, ou encore de 10 000 $ pour des plaques de noms d'animaux dans le zoo du domaine.

De son côté, un journaliste du quotidien local anglophone Kyiv Post a publié sur Twitter ce qui ressemble à des factures de quelque 30 millions d'euros pour des chandeliers en or, ou encore de près de 1000 $ de soins vétérinaires destinés à des poissons.

Même si ces dépenses ne prouvent pas qu'il y a eu corruption, elles soulèvent cependant des questions, puisque le salaire de président de Viktor Ianoukovitch était d'environ 100 000 $ par an, explique M. Sidorenko.

D'autres documents découverts ailleurs dans la propriété montrent des listes de journalistes qui avaient milité pour plus de transparence dans les finances de la présidence. Il serait notamment question de la journaliste engagée Tetyana Tchernovil. Cette dernière a été victime d'une sauvage agression en décembre. L'opposition reliait cet événement au thème de ses enquêtes.

Mandat d'arrêt

Le nouveau ministre de l'Intérieur a annoncé lundi que les policiers avaient reçu l'ordre de se mettre à la recherche de M. Ianoukovitch. Arsen Avakov a spécifié qu'il était soupçonné de « meurtre de citoyens pacifiques » lors des manifestations qui secouent le pays depuis le mois de novembre.

On estime à plus de 80 le nombre de personnes qui ont perdu la vie dans les manifestations déclenchées par la décision de Kiev de se retirer d'un accord avec l'Union européenne pour se tourner vers la Russie.

Le ministre Avakov, nommé samedi après la destitution de son prédécesseur, a ajouté que d'autres personnes étaient recherchées, sans préciser leur identité.

On ignore où se trouve le président déchu. Il aurait toutefois été aperçu dimanche en Crimée, une région russophone qui abrite la flotte de l'armée russe sur la mer Noire. Il aurait quitté une résidence de Balaclava à bord d'un véhicule conduit par son assistant, et aurait fait route vers une destination inconnue, selon le ministère de l'Intérieur.

On en sait peu sur les allées et venues de Viktor Ianoukovitch depuis son départ de Kiev, samedi matin, quelques heures avant que le Parlement ne vote sa destitution et ne décide de la tenue d'une élection présidentielle le 25 mai.

Il s'est d'abord rendu dans son fief de Donetsk, dans l'est du pays. Il aurait ensuite tenté de quitter le pays pour la Russie à bord d'un avion, samedi soir, mais le décollage n'a pas été autorisé, selon l'agence chargée de la sécurité frontalière ukrainienne.

Samedi, les parlementaires ont approuvé et aussitôt mis en oeuvre la libération de l'opposante et ancienne première ministre Ioulia Timochenko, qui était emprisonnée depuis 2011.

Dimanche, le président du Parlement élu la veille, Oleksander Tourchinov, également un proche de Mme Timochenko, a été désigné comme président intérimaire de l'Ukraine. Les députés se sont engagés à mettre sur pied un gouvernement de coalition nationale qui gouvernera le pays jusqu'aux élections du 25 mai prochain.

Les événements se sont précipités après la signature, vendredi, d'une entente entre le président Ianoukovitch et les représentants de l'opposition pour mettre un terme à la crise. L'accord prévoyait notamment une réduction des pouvoirs du président.

Moscou doute de la légitimité du pouvoir

La Russie, de son côté, refuse de reconnaître le nouveau pouvoir en place à Kiev et dit s'inquiéter du sort des Ukrainiens russophones (concentrés dans le sud-est du pays). Moscou a d'ailleurs rappelé son ambassadeur à Kiev.

« Il me semble que c'est une aberration de considérer comme légitime ce qui est en fait le résultat d'une révolte », a affirmé le premier ministre russe, Dmitri Medvedev.

Le ministère russe des Affaires étrangères a aussi employé un ton très dur à l'encontre du nouveau pouvoir ukrainien.

« On s'oriente vers la répression de ceux qui ne sont pas d'accord dans diverses régions d'Ukraine via des méthodes dictatoriales et parfois terroristes », peut-on lire dans un communiqué. La diplomatie russe a par ailleurs dénoncé des mesures « antirusses » prises par le nouveau pouvoir.

Lundi, le gouvernement ukrainien a fait appel à ses partenaires pour éviter la faillite de l'État. Le gouvernement dit avoir besoin de 35 milliards de dollars pour les deux prochaines années.

Plusieurs partenaires de l'Ukraine ont par ailleurs exprimé des craintes concernant la partition du pays, et appelé les Ukrainiens à l'unité.

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