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Le pape donne un brusque coup d'accélérateur à la réforme de la Curie

Le pape donne un brusque coup d'accélérateur à la réforme de la Curie

Le pape François a donné lundi un brusque coup d'accélérateur à la réforme de la Curie, en instituant un tout puissant ministère de l'Economie pour rationaliser les finances et l'administration du Vatican.

A dix-sept jours du premier anniversaire de son élection, Jorge Mario Bergoglio montre sa détermination de général jésuite, pour lequel il était connu à Buenos Aires et qui l'a fait élire.

Ce nouveau dicastère (ministère) de l'Economie est créé par "motu proprio", document du pape lui-même. Il s'agit de sa première décision d'ampleur dans le cadre de la grande réforme de la Curie, promise dès son élection.

L'administration du Saint-Siège a connu de nombreux problèmes et scandales, en raison du flou ou de l'opacité de ses rouages, de la dispersion de ses responsables, des privilèges vieillots, de la faiblesse des contrôles, des méthodes bureaucratiques, comme l'a révélé le scandale des fuites de documents secrets "Vatileaks" en 2012.

"L'Eglise est consciente de sa responsabilité de protéger et gérer avec attention ses biens, à la lumière de sa mission d'évangélisation et avec une particulière prédilection pour les plus démunis", explique le pape.

Ce "secrétariat à l'Economie" aura autorité sur toutes les activités économiques et administratives à l'intérieur du Saint-Siège et de l'Etat du Vatican. Il préparera le budget et la planification financière. Il sera dirigé par le cardinal australien, George Pell, personnalité au franc parler que François avait choisie en mai dans son "G8" de conseillers cardinaux.

Un nouveau "Conseil pour l'économie" est aussi institué par le pape pour superviser ce ministère: une mesure typique de la collégialité qu'il entend renforcer. Il sera composé de huit cardinaux ou évêques de diverses nationalités et de sept experts laïcs "de professionnalité reconnue".

Cette réforme est adoptée sur recommandations d'une commission d'enquête, composée de sept experts laïcs et d'un seul prélat. Ils ont opéré dans tous les services du petit Etat de quelque 2.000 employés.

La réforme a aussi été approuvée par le G8 et une commission de 15 cardinaux constituée pour se pencher précisément sur ces problèmes.

L'insistance sur la diversité des nationalités semble impliquer que le pouvoir des Italiens dans l'administration de la Curie devrait se réduire.

La réforme est annoncée alors que 150 cardinaux du monde entier viennent de se rencontrer en consistoire à Rome, et que le G8 s'est réuni la semaine dernière.

Le Vatican a énuméré les principes exigés par ces diverses commissions: simplification, amélioration de la coordination, consolidation de la gestion, vérification financière, implication d'experts extérieurs de haut niveau, planfication, "reporting", meilleure utilisation des ressources.

Cela va de pair avec le recours --qui a surpris-- à divers cabinets d'audit principalement américains: KPMG, Ernst&Young, Promontory, McKinsey, PWC (PricewaterhouseCoopers) etc...

Le pape a encore annoncé la nomination d'un "contrôleur général" qui sera doté de pouvoirs lui permettant d'opérer dans n'importe quelle agence ou institution.

L'Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA) jouera le rôle de "Banque centrale du Vatican", "avec toutes les obligations et responsabilités des institutions analogues dans le monde entier".

François accélère ainsi fortement une réforme souhaitée par Benoît XVI, mais jamais mise énergiquement en oeuvre.

En 2011, Mgr Carlo Maria Vigano, secrétaire général du gouvernorat, avait dénoncé "de nombreuses situations de corruption et de malversation dans la gestion des différentes directions". Il avait notamment déploré que des travaux soient confiés aux mêmes entreprises, à des tarifs plus élevés que ceux pratiqués hors du Vatican.

L'Institut pour les oeuvres de religion (IOR), surnommé banque du pape, par lesquelles passent les fonds pour les oeuvres de l'Eglise dans le monde entier mais qui a permis dans le passé le recyclage d'argent sale, n'est pas directement concerné par ces mesures.

Une commission s'est penchée depuis l'été sur sa refonte et sa transparence accrue, et des décisions devraient être adoptées plus tard.

La réforme de la Curie devrait entraîner également la fusion de quelque 20 ministères existants, ce qui entraîne craintes de réduction de personnels et crispations diverses.

jlv/mle/abk

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