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Grogne étudiante au Venezuela : Maduro ouvre le dialogue pour reprendre la main

Grogne étudiante au Venezuela : Maduro ouvre le dialogue pour reprendre la main

Confronté depuis trois semaines à une mobilisation étudiante soutenue par l'opposition et émaillée de violences, le président vénézuélien a entamé lundi des consultations en vue d'une conférence nationale convoquée mercredi pour tenter d'apaiser la grogne contre sa gestion.

Le président socialiste, au pouvoir depuis 11 mois, doit rencontrer lundi les gouverneurs des 23 Etats du pays avant cette conférence "pour la paix", pour laquelle il a invité "tous les courants sociaux, politiques, corporatistes, religieux" du Venezuela.

Depuis début février, le pays pétrolier est secoué par des manifestations étudiantes contre l'insécurité et la vie chère qui ont parfois dégénéré en violences en marge de marches le plus souvent pacifiques.

Le bilan officiel de ces trois semaines de troubles s'établit à 14 morts, dont au moins huit par balles, et 140 blessés.

Lundi matin, manifestants et policiers jouaient au chat et à la souris dans l'est huppé de Caracas, les premiers installant des barricades dans certaines avenues avant de déguerpir à la vue des forces de l'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Nous n'avons plus peur", lisait-on sur la pancarte d'un manifestant près de l'autoroute reliant le centre de Caracas et sa périphérie est. "Résistance oui, plage non", clamait une autre, allusion aux congés de carnaval prévus du 1er au 4 mars.

Dans d'autres villes, comme Valencia, troisième agglomération du pays, des incidents ont opposé des grappes de manifestants aux forces de l'ordre, qui ont tiré balles en caoutchouc et grenades lacrymogènes contre les manifestants bloquant un accès à la ville, selon des témoignages recueillis par la presse locale.

Les manifestations ont commencé le 4 février à San Cristobal (ouest) pour dénoncer l'insécurité. Elles se sont ensuite étendues à d'autres villes et ouvertes à de nouvelles revendications sur les thèmes de la crise économique, la pénurie de nourriture et de produits de base ou la répression policière.

Les manifestants réclament aussi la libération des personnes arrêtées à l'issue des rassemblements, notamment l'opposant Leopoldo Lopez, détenu dans une prison militaire depuis mardi et accusé notamment d'incitation à la violence.

Si les appels à la mobilisation, habituellement lancés sur les réseaux sociaux, ne sont pas vraiment centralisés, plusieurs chefs de file du mouvement ont assuré n'avoir aucune intention de baisser les bras.

Nicolas Maduro, l'héritier politique de Hugo Chavez (1999-2013), décédé d'un cancer le 5 mars 2013, voit dans ce mouvement la main de l'opposition soutenue par les Etats-Unis et l'ex-président colombien conservateur Alvaro Uribe.

Ces "ennemis du pays" sont, selon lui, décidés à provoquer un "coup d'Etat" contre son gouvernement, resté ferme face au mouvement étudiant en convoquant notamment plusieurs marches pro-gouvernement, avant d'ouvrir la porte du dialogue samedi.

M. Maduro a convoqué lundi pour des réunions préalables les gouverneurs de région, y compris ceux qui appartiennent à l'opposition, parmi lesquels Henrique Capriles, candidat battu d'un cheveu lors de la présidentielle d'avril 2013.

Ce dernier, gouverneur du riche Etat de Miranda (nord), entretenait toutefois le doute sur sa participation, évoquant sur son compte Twitter "tant de mensonges et d'insultes" du camp adverse, tout en réitérant ses appels à manifester pacifiquement.

Jose Gregorio Vielma Mora, gouverneur du parti au pouvoir dans l'Etat de Tachira (ouest), berceau du mouvement étudiant, a manifesté lundi son désaccord avec l'arrestation de l'opposant Lopez, la qualifiant de "grave erreur".

De leur côté, plusieurs analystes doutaient de la portée de ce geste d'ouverture. "Le gouvernement perçoit une pression croissante au sein de l'opinion publique nationale et internationale et trouve une opportunité d'apaisement avec ce dialogue", estimait notamment le politologue John Magdaleno.

En décembre M. Maduro avait appelé les maires et gouverneurs de l'opposition à un dialogue sur le thème de l'insécurité auquel il n'a jamais donné suite.

Samedi, des centaines de milliers d'opposants et de partisans du pouvoir s'étaient mobilisés dans le calme lors de marches pour la paix dans plusieurs villes du Venezuela. Dans la soirée, des heurts avaient opposé un groupe de manifestants aux forces de l'ordre, les secondes dispersant les premiers avec des gaz et des tirs de plomb de chasse, faisant 25 blessés.

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