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Centrafrique: deux soldats tchadiens tués à Bangui, tension toujours extrême entre communautés

Centrafrique: deux soldats tchadiens tués à Bangui, tension toujours extrême entre communautés

Deux soldats tchadiens et deux civils ont été tués à Bangui dans un quartier à majorité chrétienne où trois musulmans avaient déjà été exécutés la veille, signe de l'extrême tension inter-communautaire régnant toujours dans la capitale centrafricaine.

Le général Francisco Soriano, commandant de l'opération française en Centrafrique, a récusé lundi les termes de "nettoyage ethnique" utilisés par des ONG pour qualifier les violences dont sont victimes les populations musulmanes dans ce pays.

Selon un officier de la force de l'Union africaine en Centrafrique (Misca), deux militaires tchadiens de la Misca ont été tués et un autre blessé dimanche par des grenades au cours d'affrontements dans le quartier "Combattant", où un autre soldat tchadien a été grièvement blessé lundi au cours de nouveaux accrochages.

D'après le général camerounais Martin Tumenta, chef des opérations militaires de la Misca, les victimes ont été attaquées alors qu'elles se déplaçaient à pied dans le quartier où elles n'avaient pourtant pas le droit de se rendre.

L'accrochage, qui porte à 19 le nombre de militaires de la Misca tués en Centrafrique depuis le mois de décembre, a également fait deux morts civils, selon un responsable de la morgue de l'hôpital communautaire.

C'est dans ce même quartier que trois civils musulmans avaient été tués samedi par une foule en colère qui avait stoppé leur véhicule avant de les exécuter.

Selon des témoins, la foule massée sur la route qui mène à l'aéroport criait des slogans hostiles aux musulmans au moment des faits, un type de scène devenue monnaie courante à Bangui.

"Nous avons un problème. Il y a des armes, des munitions, des grenades qui circulent dans le camp de déplacés (situé non loin du quartier Combattant, et dans lequel vivent plus de 100.000 chrétiens). La priorité, c'est de nettoyer ce camp le plus vite possible", a commenté le général Tumenta.

"Certaines populations, notamment la population musulmane, subissent une forte pression de certaines milices armées", a concédé lundi le général Soriano, tout en réaffirmant qu'il "n'y a pas de nettoyage ethnique" en Centrafrique.

Certaines populations musulmanes centrafricaines "ont peur, certaines se sont déplacées dans la Centrafrique, d'autres en revanche sont restées, protégées par d'autres communautés", estime le général, selon qui "la sécurité ramènera ces populations chez elles".

Amnesty International avait mis en garde mi-février contre le "nettoyage ethnique" de civils musulmans qui se déroule, selon cette organisation, dans l'ouest de la Centrafrique et que les forces internationales ne "parviennent pas à empêcher".

Le cycle infernal des tueries interreligieuses a été déclenché par des mois d'exactions contre les chrétiens, perpétrées en toute impunité par les combattants majoritairement musulmans de la rébellion Séléka qui avaient pris le pouvoir à Bangui en mars 2013.

En réaction, des milices d'autodéfense à dominante chrétienne, les anti-balaka, se sont formées. Très rapidement, elles ont attaqué des civils musulmans, à Bangui notamment, entraînant l'exode de dizaines de milliers d'entre eux depuis décembre. Lynchages et pillages se poursuivent, sans que les soldats français et africains ne parviennent à les faire cesser.

Ces crimes ont conduit la présidente de transition centrafricaine, Catherine Samba Panza, à annoncer une "guerre" contre les anti-balaka.

Dimanche, le général Soriano avait défendu l'action de ses soldats, affirmant que les violences avaient "radicalement diminué" depuis le début de l'intervention française ("opération Sangaris"), le 5 décembre.

Ces propos optimistes contrastent avec ceux du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui avait réclamé jeudi devant le Conseil de sécurité des renforts militaires internationaux en Centrafrique. "Il nous en faut davantage, et vite", avait-il lancé, appelant à "agir maintenant pour éviter une nouvelle aggravation de la situation" et évoquant "atrocités" et "déplacements massifs de populations"

Le Parlement français doit se prononcer mardi sur la prolongation au-delà de quatre mois de l'opération française en Centrafrique, où le nombre des soldats français doit être porté de 1.600 à 2.000. Ils opèrent officiellement en soutien de la Misca, la force africaine de soutien à la Centrafrique, qui compte 6.000 hommes.

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