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La classe moyenne doit hypothéquer son avenir

La classe moyenne doit hypothéquer son avenir
Steve Allen via Getty Images

Le rêve canadien n'est rien de plus qu'un mythe et la classe moyenne du pays doit hypothéquer son avenir pour se maintenir à flot, indique-t-on dans une étude interne du ministère fédéral de l'Emploi.

Ce constat diffère largement de celui qu'avait présenté Ottawa dans son plus récent budget, déposé plus tôt en février.

La Presse Canadienne a obtenu une copie du document, préparé en octobre l'an dernier par des experts du ministère de l'Emploi, en vertu de la Loi d'accès à l'information.

« Les salaires des travailleurs de la classe moyenne ont stagné entre 1993 et 2007 », indique-t-on dans le rapport en référence à la période étudiée par les experts gouvernementaux. « Les familles de la classe moyenne sont de plus en plus vulnérables aux chocs financiers. »

Le document, rédigé à partir d'une « recherche interne » qui s'est échelonnée sur trois ans, a été préparé pour le sous-ministre de l'Emploi, Ian Shugart, peu de temps avant la reprise des travaux parlementaires à l'automne dernier.

On y prévient que les revenus de ces travailleurs ont augmenté de 1,7 % seulement au cours de ces quinze années à l'étude.

« Le marché ne récompense pas suffisamment les familles de la classe moyenne. En conséquence, la croissance de leurs revenus est de plus en plus limitée » par rapport aux familles aisées, expliquent les auteurs.

Ils ajoutent que ces travailleurs obtiennent moins de soutien de la part du gouvernement en période de transition professionnelle, citant en exemple la baisse marquée de leurs prestations de chômage en comparaison avec d'autres groupes économiques.

Le rapport n'évalue pas les impacts de la crise financière de 2008 mais d'autres études ont déjà souligné que la récession avait entraîné des pertes d'emplois bien rémunérés pour les travailleurs du secteur manufacturier dans le centre du Canada, entre autres.

Il souligne également le taux d'endettement des familles de la classe moyenne, affirmant que plusieurs d'entre elles vivent au-dessus de leurs moyens et « hypothèquent leur avenir pour maintenir leur train de vie actuel ».

À moyen terme, il est peu probable que les Canadiens de la classe moyenne atteignent des échelles salariales plus élevées, ce qui signifie que le « rêve canadien » est plus un mythe qu'une réalité », prévient-on dans le document.

Le discours officiel des conservateurs met plutôt l'accent sur le fait qu'un million d'emplois ont été créés depuis la récession, que l'économie canadienne est relativement stable en comparaison avec d'autres pays industrialisés et que différents crédits d'impôt ont été octroyés à la famille « moyenne » depuis 2006.

Interrogé à propos du rapport, le porte-parole du ministère de l'Emploi, Jordan Sinclair, n'a pas dérogé de ce discours.

« De nos jours, l'économie canadienne est remarquablement forte, assurant les conditions nécessaires au succès des Canadiens et de leur famille pour qu'ils aient une très bonne qualité de vie. Les Canadiens au revenu moyen profitent d'un allégement fiscal en conséquence », a-t-il indiqué.

Le budget fédéral de février reconnaît l'importance de créer des emplois et de financer la formation en milieu de travail, mais le document ne renvoie jamais précisément à la classe moyenne. L'expression « classe moyenne » est citée trois fois seulement dans le budget et une autre fois dans le communiqué de presse.

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