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Devant le juge, les experts en désarmement de l'ETA assurent vouloir "coopérer"

Devant le juge, les experts en désarmement de l'ETA assurent vouloir "coopérer"

Les experts qui ont annoncé vendredi un premier geste de désarmement de l'ETA ont affirmé vouloir "coopérer" avec la justice espagnole et assuré qu'il existait une "véritable occasion" pour la paix, après avoir été interrogés dimanche sur leur rencontre avec des militants du groupe basque.

Vendredi à Bilbao, la Commission internationale de vérification, l'un des groupes travaillant sur le cessez-le-feu au Pays Basque, avait annoncé avoir constaté, en janvier, que l'ETA "a mis sous scellés et hors d'usage opérationnel une certaine quantité d'armes".

A l'appui de ce geste, une vidéo tournée dans un lieu inconnu montrait deux militants cagoulés, présentant un petit stock d'armes à deux des experts, le président sri-lankais de la Commission, Ram Manikkalingam, et le Sud-Africain Ronnie Kasrils.

Madrid, qui ne reconnaît pas la légitimité de la Commission, avait dénoncé une "mise en scène", tandis que le gouvernement basque estimait cette annonce insuffisante: l'un des scénarios évoqués à l'avance était en effet que l'ETA dévoile l'emplacement de certaines de ses caches d'armes.

Entendus à la demande d'une association de victimes, Covite, par le juge Ismael Moreno à Madrid, les experts ont affirmé, selon une source judiciaire, qu'ils "ne connaissaient ni l'identité des hommes qu'ils ont rencontrés, ni l'emplacement des caches d'armes de l'ETA".

Créée en septembre 2011, cette commission travaille en coulisses, nouant des contacts au sein de la société basque ainsi que des contacts, directs et indirects, avec le groupe séparatiste.

Selon cette source, les experts ont raconté avoir reçu "à la fin janvier 2014 une lettre anonyme leur disant de se rendre à Toulouse", dans le sud de la France.

Ram Manikkalingam et Ronnie Kasrils, selon leur témoignage, ont été reçus dans cette ville par un intermédiaire anonyme qui les a conduits jusqu'à un bâtiment où ils sont entrés "par un garage avant de gagner un étage où a été filmée la scène".

Toujours selon cette source, les militants ont signé l'inventaire des armes présentées avant "de les mettre, devant eux, dans un carton qu'ils ont scellé".

"Nous voulons être transparents avec le juge et nous avons coopéré avec lui", a déclaré Ram Manikkalingam, en sortant du tribunal.

"Il est maintenant temps de mettre les armes de l'ETA sous scellés et hors d'usage", a-t-il ajouté, estimant qu'il existait "une véritable occasion" pour enclencher ce processus.

Trois des six membres de la commission ont répondu à la convocation du juge: Ram Manikkalingam, un ancien conseiller du président sri-lankais dans les négociations avec les Tigres tamouls, Ronnie Kasrils, ancien ministre sud-africain du renseignement, ainsi que le Britannique Chris Maccabe, qui a participé au processus de paix en Irlande du Nord.

- Une "convulsion permanente" -

Tous trois étaient accompagnés à Madrid par le président basque Iñigo Urkullu, un nationaliste conservateur qui leur a apporté son soutien.

Le secrétaire général pour la paix du gouvernement régional, Jonan Fernandez, a appelé le gouvernement espagnol à "réfléchir" aux moyens d'éviter de soumettre "la société basque à un état de convulsion permanente" par son refus de négocier. Et le groupe armé à "engager une réflexion sur les conséquences qu'ont le fait de retarder le processus" de sa dissolution.

Malgré la petite quantité d'armes présentées, Ram Manikkalingam avait jugé "très significatif" le geste de l'ETA, compte tenu du fait, avait-il souligné, que les militants agissent dans la clandestinité.

L'expert en avait appelé aux gouvernements espagnol et français pour qu'ils facilitent le processus de désarmement. "Si par exemple l'ETA a la possibilité de se déplacer pour poser des scellés sur ses caches d'armes, si ses militants ne se font pas arrêter quand ils font cela, alors cela peut aller très vite", avait-il estimé vendredi.

"Mais si l'on n'a pas, pour le moins, une absence d'objection du gouvernement, alors cela peut prendre beaucoup de temps", avait-il averti.

Depuis que l'ETA, le 20 octobre 2011, a annoncé qu'il mettait fin définitivement à la violence, Madrid ne cesse de réclamer la dissolution sans conditions du groupe, rendu responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre.

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