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Occupation du terrain de la résidence du président par des manifestants
De leur côté, les manifestants, toujours présents sur la place de l'Indépendance, ont affirmé samedi avoir pris le contrôle du bâtiment de la présidence, qui se trouve au centre de Kiev.
« Il (le président Ianoukovitch) n'est pas là, les responsables ne sont pas là, il n'y a personne lié directement à son administration ici », a déclaré un leader des manifestants à un reporter se trouvant sur place. « Nous garderons l'immeuble jusqu'à ce que nous ayons un nouveau président. »
Il a ajouté que les manifestants n'avaient pas eu à recourir à la force pour pénétrer dans le bâtiment. Les gardes de sécurité présents ne les auraient pas empêchés d'entrer.
Les policiers s'étaient retirés en soirée et la nuit s'est déroulée dans le calme au centre de la capitale, lieu de rassemblement des manifestants et siège du gouvernement.
Le domicile de Viktor Ianoukovitch, près de Kiev, paraissait abandonné samedi. Selon un photographe de Reuters, des centaines de personnes ont été autorisées à pénétrer sur le terrain de la résidence, mais pas à l'intérieur du bâtiment.
L'armée reste neutre, les forces de sécurité ne souhaitent pas la confrontation
Face à la crise qui secoue le pays, l'armée ukrainienne a fait savoir qu'elle ne comptait pas s'ingérer dans les affaires politiques du pays.
« Les forces armées d'Ukraine sont loyales à leurs obligations constitutionnelles et ne peuvent être impliquéesdans un conflit politique intérieur », peut-on lire dans un
communiqué de l'état-major mis en ligne sur le site du ministère de la Défense.
Les chefs de quatre organes des forces de sécurité, dont le patron des Berkout, la police antiémeute, ont parallèlement déclaré qu'ils n'affronteraient pas le peuple.
Le ministre russe des Affaires étrangères a de son côté accusé l'opposition ukrainienne de ne pas respecter ses promesses prévues dans l'entente conclue vendredi entre le président et l'opposition et pressé les médiateurs occidentaux d'intervenir à nouveau pour régler la crise.
De son côté, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a salué la libération de Ioulia Timochenko et lancé un appel pour une justice indépendante en Ukraine.
Nombreuses concessions
Les manifestants, dont le mouvement a été déclenché en novembre par le refus de Viktor Ianoukovitch de signer un accord d'association avec l'Union européenne (UE) au profit d'un rapprochement avec la Russie, ont exprimé leur insatisfaction après l'accord conclu la veille, même si le chef d'État y acceptait de nombreuses concessions.
Le compromis, rapidement entériné vendredi par le Parlement, prévoit une élection présidentielle anticipée, une révision de la Constitution, afin de revenir à un régime plus parlementaire contenu dans la loi fondamentale de 2004, et la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Le Parlement a également destitué le ministre de l'Intérieur, Vitali Zakharchenko, et a nommé samedi à sa place Arsen Avakov, un parlementaire de l'opposition, en attendant la formation d'un gouvernement de coalition.
Sur le plan international, avant la prise de contrôle de la présidence par les opposants, le président américain Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine se sont entretenus dans la nuit au téléphone et ont convenu de la nécessité de mettre « rapidement » en oeuvre le plan de paix, conclu avec la médiation des chefs des diplomaties allemande, française et polonaise.
La crise ukrainienne, déclenchée fin novembre par la volte-face du président Viktor Ianoukovitch sur le rapprochement négocié depuis des mois avec l'Union européenne, a pris une nouvelle tournure en début de semaine, avec des affrontements entre manifestants et policiers qui ont fait des dizaines de morts.