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Ukraine: calme tendu au lendemain d'un fragile accord avec l'opposition

Ukraine: calme tendu au lendemain d'un fragile accord avec l'opposition

La situation était tendue samedi matin à Kiev au lendemain de la signature du fragile accord de sortie de crise, les manifestants continuant d'exiger le départ du président ukrainien et menaçant pour certains de prendre d'assaut le palais présidentiel.

Un leader du groupe paramilitaire d'extrême droite "Secteur droit", très actif dans la guérilla urbaine ces dernières semaines, a appelé tard vendredi les manifestants à prendre d'assaut samedi le palais présidentiel si M. Ianoukovitch refusait de céder le pouvoir avant 08H00 GMT. Son appel a été accueilli par des applaudissements.

A l'inverse, certains leaders de l'opposition ont été critiqués pour avoir validé l'accord de compromis. "Je n'ai prix aucun plaisir à signer cet accord", a admis l'ancien champion du monde de boxe et opposant Vitali Klitschko lors d'une veillée vendredi sur la place en l'honneur des tués. "Si je vous ai offensés, pardonnez-moi", a-t-il ajouté.

Sur le Maïdan (place de l'indépendance), transformée en quasi-zone de guerre depuis le début de la crise il y a trois mois, des milliers de personnes étaient encore rassemblées tôt dans la matinée de samedi, se restaurant auprès des tentes ou portant du matériel destiné aux barricades. Nul signe de démontage des installations n'était visible.

Dans le lobby de l'hôtel Ukraina, qui surplombe la place, l'infirmerie de fortune mise en place au cours de la semaine au cours de laquelle près de 80 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées était toujours en place.

"Tant qu'on a besoin de nous, nous restons ici", explique à l'AFP Larissa Ivaniets, une volontaire de 48 ans en blouse bleue assise près de l'entrée. "Nous allons voir comment l'accord va être mis en oeuvre", ajoute-t-elle.

Pour Serguiy Horachko, un ouvrier rencontré sur le Maïdan, l'accord a suscité "de l'espoir", mais les manifestants continuent d'exiger le départ du président Ianoukovitch. "Il a tué beaucoup de gens. Il doit démissionner, c'est tout", a-t-il estimé.

L'accord avait été signé vendredi soir sous la pression des Européens. Il prévoit une élection présidentielle anticipée, au plus tard en décembre, la formation d'un gouvernement de coalition d'ici à dix jours et un retour à la Constitution de 2004, voté dans la foulée par le Parlement ukrainien.

La Rada a également voté une loi ouvrant théoriquement la voie à la libération de l'opposante et ex-Première ministre Ioulia Timochenko. L'ancienne égérie de la Révolution orange pro-occidentale en 2004 avait été condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir.

L'accord a été conclu après des affrontements qui ont fait près de 80 morts depuis mardi à Kiev, un niveau de violence inédit pour ce jeune pays issu de l'ex-URSS.

Un haut diplomate américain a indiqué vendredi que le président Ianoukovitch s'était rendu dans son fief politique de Kharkiv dans l'est du pays pour assister à une réunion politique.

Mais certains députés ukrainiens ont déclaré sur le Maïdan samedi avoir su de sources administratives fiables que le président s'était rendu à Sotchi, en Russie, où Vladimir Poutine s'apprête à assister aux derniers jours des jeux Olympiques. Un diplomate russe a participé aux négociations, mais n'a pas signé l'accord.

Les Ukrainiens ne sont pas les seuls à s'inquiéter de la pérennité de l'accord. Le président des Etats-Unis Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine ont appelé à ce qu'il soit appliqué "rapidement", a indiqué vendredi un haut responsable américain. Selon lui, la solution trouvée apparaît "très, très fragile".

Les Européens, dont les ministres des Affaires étrangères polonais, allemand et français ont été les principaux artisans du compromis, ont dépeint des négociations musclées.

Dans une vidéo réalisée à son insu et diffusée vendredi sur Internet, on peut voir le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski lancer brusquement aux leaders de l'opposition : "Si vous n'êtes pas d'accord, vous aurez la loi martiale, l'armée, vous serez tous morts !".

Selon le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, l'accord est le "mieux qu'on pouvait espérer". "Soyons prudents", a-t-il ajouté, "car la situation économique reste épouvantable et puis il va falloir suivre (la mise en oeuvre de l'accord)". "Il y a eu des crimes. Il faut que tout cela fasse l'objet d'une enquête et qu'on en tire les conséquences", a encore averti M. Fabius.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé le président Ianoukovitch pour lui demander que l'accord de sortie de crise soit "appliqué totalement et aussi vite que possible", selon le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq.

L'Ukraine se trouve actuellement au bord de la faillite, et la Russie a promis l'octroi d'un crédit de 15 milliards de dollars et un important rabais du prix du gaz.

Européens et Américains avaient fait monter la pression sur le régime de M. Ianoukovitch tout au long de la semaine en décidant de priver de visas et de geler les avoirs de responsables ukrainiens et en menaçant de sanctions supplémentaires.

L'opposition, représentée par le "Conseil du Maïdan", avait donné son feu vert à l'accord à condition que l'actuel ministre de l'Intérieur, Vitali Zakhartchenko, ne fasse pas partie du prochain gouvernement. Sa révocation a été votée dès vendredi par le Parlement.

bur-ahe/thm/pt

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