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Obama nie un retour de la Guerre froide avec la Russie, sans convaincre

Obama nie un retour de la Guerre froide avec la Russie, sans convaincre

Barack Obama nie que Washington et Moscou soient engagés dans un grand jeu d'influence mondial digne de la Guerre froide, mais de la Syrie à l'Ukraine, les crises actuelles en rappellent les heures les plus sombres.

"Notre approche, aux Etats-Unis, n'est pas de considérer (ces dossiers) comme un jeu d'échecs de type Guerre froide, dans lequel nous sommes en concurrence avec la Russie", a affirmé le président américain mercredi lors d'un sommet au Mexique.

Pourtant, de plus en plus, Washington prend conscience que la politique étrangère du président Vladimir Poutine va à l'encontre de ses intérêts, parfois à dessein.

"La politique étrangère actuelle des Russes consiste à rétablir un sens de l'influence et du prestige russe dans le monde", observe Damon Wilson, vice-président du groupe de réflexion Atlantic Council.

M. Poutine mène cette stratégie à bien en "testant" les limites de l'influence américaine, affirme M. Wilson, ancien membre du cabinet de politique étrangère du président George W. Bush.

L'administration Obama, qui a vanté la "remise à zéro" avec Moscou opérée à partir de 2009 comme l'un de ses succès à l'étranger, malgré les revers que ce concept subit depuis le retour formel aux affaires de M. Poutine en mai 2012, cherche à en protéger les acquis comme l'aide logistique en Afghanistan, qui sera cruciale pour le retrait militaire en cours, la lutte contre le terrorisme ou dans le dossier nucléaire iranien.

Mais l'exécutif américain ne cache pas non plus son irritation vis-à-vis des ambitions géopolitiques retrouvées de Moscou, déjà sensibles lors de la guerre de l'été 2008 en Géorgie, pays qui voulait sortir de l'orbite de Moscou.

"Nous estimons que cette notion des sphères d'influence est totalement passée de mode", affirme ainsi un haut responsable du département d'Etat sous couvert d'anonymat. "Nous l'avons dit clairement aux Ukrainiens, nous l'avons dit clairement à la Russie".

M. Poutine, après trois ans de détente relative avec Washington pendant l'intérim de son dauphin Dmitri Medvedev, a tiré un trait sur la "remise à zéro", snobant d'entrée le G8 de Camp David en mai 2012.

Depuis, les relations entre Moscou et Washington n'ont fait que se détériorer, et la question du rapprochement de l'Ukraine avec l'Union européenne, et les journées sanglantes que connaît Kiev, n'en sont que les dernières manifestations en date.

La Syrie de Bachar al-Assad reste le principal allié de la Russie au Moyen-Orient, alors que la guerre civile meurtrière y entre dans sa quatrième année. Lundi, le secrétaire d'Etat John Kerry a accusé Moscou de "favoriser la surenchère" du régime après l'échec des récentes négociations de Genève.

La décision de M. Poutine d'accorder l'asile à l'ancien consultant du renseignement Edward Snowden, auteur de révélations sur l'étendue de la surveillance des communications par l'agence américaine du renseignement NSA, pèse aussi dans la balance et a conduit M. Obama à annuler un sommet bilatéral avec son homologue à la fin de l'été 2013.

Mais des experts notent que les Etats-Unis n'ont aucun intérêt à un délitement total des liens avec la Russie. "Il faut que l'administration (américaine) reconnaisse que nous aurons besoin du partenariat des Russes dans le dossier iranien, l'antiterrorisme et d'autres domaines", affirme à l'AFP Matthew Rojansky, spécialiste de la Russie au centre Wilson de Washington.

Un accord définitif pour assurer que l'Iran ne cherche pas à se doter d'une arme nucléaire permettrait à M. Obama d'étoffer son bilan avec une réussite potentiellement historique, mais une telle éventualité, déjà floue, deviendrait inaccessible sans la Russie, dont les liens avec le secteur atomique iranien sont solides.

Quant à l'Ukraine, la Maison Blanche s'est dite "scandalisée" jeudi par les tirs à balles réelles des forces de l'ordre fidèles au président Viktor Ianoukovitch, allié de Moscou. Elle a mis en demeure le gouvernement ukrainien de calmer la situation et pourrait adopter des sanctions à l'instar de l'Union européenne contre les responsables des violences.

Mais les développements en Ukraine ne constituent pas un dossier prioritaire de sécurité nationale pour les Américains, estime M. Rojansky. "Les enjeux pour la Russie sont bien plus élevés que pour les Etats-Unis, même si nous manifestons notre profonde préoccupation", ajoute-t-il.

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