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L'ETA a commencé à mettre ses armes hors d'usage, nouveau pas vers sa disparition

L'ETA a commencé à mettre ses armes hors d'usage, nouveau pas vers sa disparition

L'ETA a commencé à mettre hors d'usage son armement, ont annoncé vendredi un groupe d'experts étrangers en visite au Pays Basque, une nouvelle étape majeure vers la disparition du groupe séparatiste basque après l'abandon de la violence en 2011.

La Commission internationale de vérification du cessez-le-feu, créée en 2011 et non reconnue par Madrid, a pu constater en janvier que l'ETA a "scellé et mis hors d'usage une certaine quantité d'armes, de munitions et d'explosifs", ont annoncé ces experts à Bilbao, dans le nord de l'Espagne.

Cette visite faisait suite à l'annonce, début février, par le groupe armé basque, qu'il s'apprêtait à faire un geste "significatif" en vue de consolider la fin de la violence.

En avril 2013, a expliqué le président de la commission, le Sri-lankais Ram Manikkalingam, "l'ETA a demandé de manière confidentielle que soit inclu dans son mandat un processus unilatéral de mise sous scellés et hors d'usage opérationnel de ses armes, munitions et explosifs".

La mise hors d'usage d'un premier stock constitue "un pas crédible et significatif", selon la commission. "Nous croyons que cela mènera à la mise hors d'usage opérationnel et toutes les armes, munitions et explosifs de l'ETA", a-t-elle ajouté.

Une vidéo montrant deux membres cagoulés de l'ETA présentant des armes et munitions aux experts a été diffusée vendredi sur le site du journal basque Gara et sur la chaîne internationale de télévision BBC World News.

Sur les images, datée de janvier 2014 et tournées dans un lieu inconnu, deux hommes cagoulés montrent plusieurs pistolets, des munitions et une mitraillette, entre autres armes, à deux experts de la commission.

L'ETA, dont il ne resterait plus qu'une trentaine de militants en liberté, avait toujours refusé jusqu'à présent d'envisager un désarmement tant que ne seraient pas prises en compte certaines de ses revendications, dont le rapprochement au Pays Basque de ses militants emprisonnés.

Le gouvernement de droite espagnol, de son côté, ne cesse de réclamer la dissolution sans conditions du groupe.

Jeudi, à Paris, le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz avait réclamé "des faits parfaitement vérifiables par les forces de sécurité".

Derrière un blocage apparent, les lignes ont pourtant bougé ces dernières années au Pays Basque: les partis de la gauche indépendantiste ont gagné en influence, devenant depuis 2012 la deuxième force politique régionale. L'ETA, très affaiblie, a parallèlement multiplié les signaux depuis son dernier attentat en Espagne en août 2009.

Un nouveau message est venu le 28 décembre du collectif EPPK, représentant plus de 500 détenus du groupe dispersés dans les prisons espagnoles et françaises.

Très attendu, le texte entérinait l'abandon de la violence et évoquait, pour la première fois, de possibles démarches individuelles en vue d'une libération, ne mentionnant plus la demande d'une amnistie collective, revendication historique de l'ETA.

Cette annonce avait été largement interprétée comme un assouplissement de la position du groupe, classé organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis et rendu responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre.

D'autres signaux sont venus de la société basque, comme une manifestation, le 11 janvier, qui a réuni plus de 100.000 personnes à Bilbao, convoquée conjointement, malgré leurs divergences, par la gauche indépendantiste et par le PNV (parti nationaliste), en riposte à l'interdiction par la justice espagnole d'une autre manifestation pour la défense des prisonniers.

Le 7 février, dans un nouveau communiqué, l'ETA prenait acte de ces "avancées", annonçant qu'il ferait, "dans un bref délai", un geste "significatif".

Créée en septembre 2011, peu avant l'annonce historique de l'abandon de la violence, la commission de vérification est compsée d'experts en conflits dont l'ex-ministre sud-africain des services secrets Ronnie Kasrils et Chris Maccabe, qui a participé au processus de paix en Irlande du Nord.

Début 2013, des contacts établis en Norvège avec des membres de l'ETA avaient tourné court, dans un contexte de blocage total. Mais après une pause de plusieurs mois, la commission a renoué des contacts, probablement hors d'Espagne, avec des militants du groupe dans la clandestinité, qui ont abouti à cette visite.

sg/elc/gg

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