Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le président Mugabe soigné à Singapour le jour de son 90ème anniversaire

Le président Mugabe soigné à Singapour le jour de son 90ème anniversaire

Le président Robert Mugabe a eu 90 ans vendredi mais son absence du Zimbabwe le jour de son anniversaire nourrit les spéculations sur la santé et la succession du plus vieux chef d'Etat d'Afrique après 34 ans de pouvoir ininterrompu.

Alors que son entourage et lui-même insistent sur sa santé de fer et sa longévité exceptionnelle présentée comme "la volonté de Dieu", le vieux président était à Singapour, officiellement pour soigner une cataracte à l'oeil gauche, une opération classique pour son âge.

Son retour est prévu juste avant les célébrations officielles, dimanche, de son anniversaire dans le stade de Marondera, à 75 km à l'est de la capitale Harare, en présence de milliers de personnes auxquelles musique, danse et nourriture sont promis pour un budget estimé à un million de dollars.

Nonobstant, des dizaines d'entreprises d'état, de ministères et de partisans ont rendu hommage au vétéran de l'indépendance zimbabwéenne à travers plus de vingt pages de publicité dans le quotidien gouvernemental The Herald.

"Longue vie à notre président", indiquait l'éditorial du journal, courroie de transmission du pouvoir présidentiel. Un autre saluait en M. Mugabe --encensé par l'Occident dans les années 1980 avant d'incarner le chef d'Etat paria par excellence-- une "icône et une source d'inspiration" ou encore "un dirigeant altruiste"

Le journal lui a aussi dédié seize pages de cahier spécial avec force citations du chef de l'Etat, allant de la lutte de libération à ses tirades contre l'Occident ou contre les homosexuels.

Né le 21 février 1924, marxiste aux premières heures et enseignant de métier, Robert Mugabe a découvert la politique à l'Université de Fort Hare dans les années 1950, la seule ouverte aux Noirs dans l'Afrique du Sud de l'apartheid et connu la prison de 1964 à 1974.

Mais alors que les rumeurs le disent atteint d'un cancer de la prostate, lui-même a dit aussi "se porter comme un charme" dans une interview à la télévision d'état ZBC jeudi soir, tout en reconnaissant "un commencement de douleurs au genou gauche".

Dans cet entretien pré-enregistré, il a balayé toute discussion sur sa succession. Accusé de hold-up électoral en juillet 2013, M. Mugabe a obtenu un nouveau mandat de cinq ans et la Constitution l'autorise à rempiler jusqu'à ses 99 ans.

"Pourquoi parler de ça si ça n'a pas lieu d'être? (...) Il y a encore un leader qui dirige le pays. En d'autres termes, je suis toujours là", a-t-il déclaré.

"Quand le jour viendra où je prendrai ma retraite, oui, bien sûr, ce jour viendra, mais je ne veux pas laisser mon parti en lambeaux mais intact", a-t-il ajouté, qualifiant de "honteuses" et "terribles" les rivalités pour sa succession.

Mugabe a toujours soigneusement évité de se désigner un successeur, les éliminant au besoin, comme l'autre héros de l'indépendance Joshua Nkomo, et les ténors pressentis au sein de la ZANU-PF ont toujours formellement démenti être des candidats potentiels.

Qu'il s'agisse de Joice Mujuru, 58 ans, veuve du vétéran Solomon Mujuru mort dans un incendie suspect en 2012 et actuelle vice-présidente --c'est elle qui assure l'intérim quand M. Mugabe est à l'étranger. Ou de l'ex-ministre de la Défense Emmerson Mnangagwa, 67 ans incarnant l'aile dure du parti.

L'âge avançant, M. Mugabe semble surtout préoccupé de l'image et de l'héritage qu'il laissera. "Il est urgent qu'il fasse quelque chose pour sa postérité", souligne le politologue Earnest Mudzengi.

Une nécessité rendue plus urgente par le risque de luttes entre factions rivales dans son parti et les défis économiques dans un pays devenu dépendant de l'aide du Programme alimentaire mondial pour nourrir une partie de sa population.

Les festivités d'anniversaire sont chaque année l'occasion de redorer le blason présidentiel dans ce que les critiques décrivent comme une stratégie pour donner "du pain et des jeux" et distraire le pays des difficultés quotidiennes.

En attendant la fête de dimanche, plusieurs matches de football pour les "90 ans de Bob" étaient disputés vendredi.

rm-arb/jg/hm/clr/jlb

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.