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« Fault lines » à Spectaculairement Chine : la catastrophe naturelle du Sichuan au cœur du mouvement (CRITIQUE)

« Fault lines » à Spectaculairement Chine : la catastrophe naturelle du Sichuan au cœur du mouvement (CRITIQUE)
Courtoisie

En 2008, les yeux du monde entier étaient rivés sur la Chine, où plus de 87 000 personnes sont mortes durant le violent séisme du Sichuan. Plus de cinq ans plus tard, une troupe de 16 danseurs originaires de l’Empire du Milieu rend hommage à la catastrophe naturelle dans Fault Lines, un des éléments phares du festival Spectaculairement Chine.

La chorégraphe néo-zélandaise Sara Brodie a eu la sagesse d’évoquer les effets dévastateurs du tremblement de terre avec une douceur empreinte d’émotions et de subtilités, en prenant ses distances des chorégraphiques clinquantes élaborées afin de brutaliser les spectateurs.

Fault Lines s’ouvre sur 16 jeunes gens qui déambulent dans leur coin du monde, accrochés à leur cellulaire, immunisés contre les codes de la vie sociale qui pourraient mettre en danger leur précieuse bulle, inconscients de leur insouciance et visiblement peu au fait des dangers qui les attendent.

Sur le mur du fond, sont projetées de brèves explications sur les plaques tectoniques, dont les mouvements sont responsables des cataclysmes dont il est ici question. On y apprend que plus de 400 millions d’êtres humains vivent dans des villes situées très près des lignes de faille, telles Katmandou, Los Angeles, Tokyo et tant d’autres.

Une danseuse prend un porte-voix pour expliquer à ses contemporains la marche à suivre pour survivre à un tremblement de terre. Autour d’elle, ses collègues reproduisent les réactions physiques possibles, à l’extérieur et à l’intérieur. La fuite d’un point à l’autre étant synonyme de danger à proscrire absolument en cas de séisme.

Puis, le pire se produit. Le chaos prend place. La terre qu’ils connaissaient change subitement, entraînant dans son sillage des noms et des visages qui faisaient partie de leur quotidien. D’individus partiellement nombrilistes, les 16 jeunes gens se rassemblent soudainement, souffrant au diapason et subissant ensemble les conséquences innommables qui les assaillent.

Bien que les danseurs masculins soient franchement talentueux, on remarque un petit plus dans le regard des représentantes de la gent féminine, qui portent au fond de leurs yeux une profonde douleur. La plupart des danseurs de la Leshan Song & Danse Troup étant originaires de la région où ont eu lieu les horreurs, la portée des émotions transmises est d’autant plus forte.

Grâce à eux, on vit la tragédie, on ressent la peur, on partage la fébrilité, l’impuissance, l’instinct de survie et l’envie de savoir si notre mère ou notre meilleur ami a péri ou s’il respire quelque part, lui aussi dans l’attente de retrouver les siens.

La production est ponctuée de certaines longueurs, mais on se laisse tout de même transporté par la musique, à la fois dramatique et sensible, on admire l’ingéniosité et l’originalité des mouvements et on retient des images de résilience et de grande beauté.

« Fault Lines » s’inscrit dans une série d’œuvres associées à Spectaculairement Chine, incluant le Gala du printemps chinois, deux concerts de l’Orchestre Symphonique de Montréal dirigés par Long Yu, une adaptation d’Hamlet en version Opéra de Pékin, un spectacle pour enfants du Théâtre national de Chine, ainsi qu’un aperçu de l’art contemporain chinois présenté à l’Espace culturel George-Émile-Lapalme.

Fault Lines est présenté à la Cinquième Salle de la Place-des-Arts du 20 février au 1er mars 2014. Cliquez ici pour plus de détails.

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