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Ukraine: déchaînement de violence meurtrière malgré une troïka européenne à Kiev

Ukraine: déchaînement de violence meurtrière malgré une troïka européenne à Kiev

La violence s'est déchaînée jeudi en Ukraine entre forces de l'ordre et manifestants, avec au moins 25 morts à Kiev, malgré la présence d'une troïka de ministres européens venus tenter d'arrêter le bain de sang.

Des tirs à balles réelles provenaient dans la matinée des cordons de police et du haut des immeubles entourant le Maïdan, la place de l'Indépendance occupée depuis près de trois mois dans le centre de Kiev.

Un journaliste a vu huit cadavres gisant sur le sol devant la poste centrale sur le Maïdan, place centrale de Kiev, et dix autres non loin de là, devant l'hôtel Kozatski. Un autre journaliste de l'AFP a compté sept corps dans le hall de l'hôtel Ukraïna, de l'autre côté de la place.

Le ministère de la Santé a fait état de son côté de 7 tués jeudi, dont deux policiers.

Le décompte de l'AFP porte à au moins 53 morts le bilan des scènes de guérilla urbaine dont le centre de Kiev est le théâtre depuis mardi, des violences inédites depuis 20 ans aux portes de l'UE.

Il y avait eu 10 membres des forces de l'ordre dans le bilan des tués des deux jours précédents.

Des médecins proches de l'opposition ont estimé que certains des tués avaient été visés par un sniper.

Les alentours de la place étaient à de nombreux endroits couverts de flaques de sang.

Plusieurs milliers de manifestants, dont des femmes et des retraités, participaient par ailleurs à une sorte de meeting permanent sur la place, où l'opposition a maintenu une scène sonorisée malgré les affrontements des deux derniers jours.

Des déflagrations se faisaient entendre régulièrement aux alentours, dans l'épaisse fumée des feux de pneus allumés par les manifestants pour entraver la progression des forces anti-émeute.

La situation évoluait très vite jeudi. Le siège du gouvernement, qui se trouve dans le centre-ville non loin de la place de l'Indépendance, a ainsi été entièrement évacué. "On a reçu un ordre officiel", a indiqué une responsable sur place.

Des manifestations et affrontements avaient également lieu en province, notamment dans l'ouest nationaliste comme à Lviv, où la veille les manifestants se sont emparés d'un dépôt d'armes de la police.

Au même moment, une troïka de ministres des Affaires étrangères européens, le Français Laurent Fabius, l'Allemand Frank-Walter Steinmeier et le Polonais Radoslaw Sikorski, se trouvait à Kiev.

Une rencontre était en cours jeudi à la mi-journée entre le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et les trois ministres, a indiqué à l'AFP une porte-parole.

Les trois ministres européens doivent également rencontrer les leaders de l'opposition, puis se rendre à Bruxelles pour rendre compte à leurs homologues des résultats de ces pourparlers lors d'une réunion extraordinaire qui pourrait voir l'instauration de sanctions.

"Nous nous apprêtons cet après-midi à prendre des sanctions contre ceux qui sont responsables de la violence", a dit M. Fabius à la radio privée française Europe 1 avant de partir à Kiev.

Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a suggéré à l'Union européenne de "profiter de ses contacts avec l'opposition pour l'inciter à (...) se distancier des forces radicales qui ont déchaîné les troubles sanglants et sont sur la voie d'un coup d'Etat".

M. Lavrov avait la veille dit son opposition aux "tentatives insistantes de médiation" des Européens.

Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a en outre donné des signes d'impatience sur un supposé manque de fermeté de la direction ukrainienne, confrontée à la contestation depuis qu'elle a renoncé en novembre à un accord avec l'UE pour se tourner vers Moscou.

"Il faut que nos partenaires aient du tonus, que le pouvoir en exercice en Ukraine soit légitime et efficace, qu'on ne s'essuie pas les pieds dessus comme sur un paillasson", a déclaré M. Medvedev.

Le président Ianoukovitch a de fait remplacé mercredi soir le chef d'Etat-major des armées, qui s'était montré hostile au recours à l'armée contre les opposants.

Les services spéciaux ukrainiens (SBU) ont de leur côté annoncé mercredi une vaste opération antiterroriste, soit des mesures d'exception dans toute l'Ukraine, arguant que des "groupes extrémistes" menaçaient "la vie de millions d'Ukrainiens".

Ces mesures d'exception permettent aux militaires d'ouvrir le feu.

Le président ukrainien avait annoncé mercredi soir une "trêve" avec les opposants après les violents affrontements qui avaient fait 28 morts en deux jours.

Mais jeudi matin, des centaines de manifestants casqués et armés de gourdins et de boucliers ont escaladé leurs propres barricades sur le Maïdan avant de se lancer à l'assaut des forces de l'ordre qui leur avaient repris une partie de la place 24 heures auparavant.

Les policiers ont reculé sur plusieurs centaines de mètres. Le ministère de l'Intérieur a affirmé qu'un sniper avait pris des policiers pour cible avant la charge et que vingt policiers avaient été blessés.

Le président américain Barack Obama a mis en demeure le pouvoir ukrainien de garantir aux "manifestants pacifiques" le droit de s'exprimer "sans peur de la répression".

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi soir avoir interdit de visas quelque 20 hauts responsables ukrainiens.

L'Otan a de son côté averti l'Ukraine d'une remise en cause possible de sa coopération avec ce pays si l'armée intervenait contre les manifestants de l'opposition.

bur-thm/lpt/phv

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