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La Deutsche Bank scelle un traité de paix avec la famille Kirch

La Deutsche Bank scelle un traité de paix avec la famille Kirch

Au terme d'une bataille judiciaire de plus de dix ans, la Deutsche Bank va verser 775 millions d'euros aux héritiers de l'ex-magnat allemand des médias Leo Kirch, mort en 2011, qui l'accusait d'avoir provoqué la faillite de son empire en 2002.

La Deutsche Bank "a conclu un accord avec le groupe Kirch pour solder tous les litiges juridiques entre les deux groupes", a annoncé jeudi la banque, dont le siège est à Francfort.

L'institut s'est engagé à lui verser la somme de 775 millions d'euros, à laquelle s'ajoute un montant inconnu d'intérêts et des remboursements de frais. Selon la presse allemande, la facture totale s'élève à 900 millions d'euros.

Leo Kirch, mort en 2011 à 84 ans, accusait la Deutsche Bank d'avoir provoqué en 2002 la chute de son empire des médias. En cause, une brève interview à la chaîne de télévision américaine Bloomberg TV à New York dans laquelle le patron de la banque de l'époque, Rolf Breuer, avait mis en doute la solidité financière du groupe, qui s'était développé dans la télévision payante et les droits de diffusion d'événements sportifs.

Une indiscrétion qui avait provoqué un coup de tonnerre parmi les investisseurs, suivi d'un mouvement de panique. Quelques mois plus tard, le groupe KirchMedia, dont la Deutsche Bank était l'un des créanciers, avait été contraint de déposer le bilan et de vendre ses activités au plus offrant.

Depuis, ses avocats menaient une "guérilla juridique" contre la première banque allemande en la harcelant de plaintes dont l'objet était parfois bien éloigné du conflit originel. Leo Kirch, puis ses héritiers, attaquait ainsi régulièrement la banque pour des vices de procédure lors de ses assemblées générales.

Sa mort n'avait pas sonné l'épilogue de cette affaire : il avait pris ses dispositions pour que ce qui était devenu le combat de sa vie continue après lui.

De son côté, la banque s'était livrée à une défense tout aussi acharnée et avait toujours rejeté en bloc les accusations. Mais un tribunal l'avait condamné en décembre 2012 à payer des dommages et intérêts à la famille Kirch.

Jusqu'à présent, plusieurs tentatives de règlement à l'amiable avaient échoué. Lors de la dernière en date, en février 2012, le versement par la Deutsche Bank d'un montant de 800 millions avait été évoqué, avant que la banque ne fasse machine arrière au dernier moment, jugeant le prix trop élevé.

Mais depuis, les cartes de l'institut avaient été rebattues, avec la divulgation de nouveaux documents internes montrant que des banquiers d'investissements en son sein avaient spéculé avant 2002 sur une éventuelle faillite du groupe Kirch.

"Nous avons réglé un litige juridique bien connu et de longue date (...) il en va du meilleur intérêt de nos actionnaires. Nous souhaitons faire d'autres progrès dans ce domaine, étape après étape, au cours de 2014", ont commenté jeudi Jürgen Fitschen et Anshu Jain, les deux copatrons de la banque.

La Deutsche Bank anticipe que cette transaction va grever d'environ 350 millions d'euros son bénéfice net, ce qui se reflètera dans ses résultats financiers du dernier trimestre 2013.

Cela ne signifie toutefois pas la fin des problèmes pour la banque, qui a déboursé en 2013 environ 2,5 milliards d'euros pour tirer un trait sur divers litiges.

Jürgen Fitschen et d'autres dirigeants continuent de faire l'objet d'une enquête de la justice de Munich, qui les soupçonne de faux témoignages dans les divers démêlés judiciaires du feuilleton Kirch.

Selon des informations de presse, le gendarme allemand de la Bourse, le Bafin, a également l'intention de se pencher plus en détail sur les activités de la banque en matière de devises, en raison de soupçons de manipulations sur ce marché, dont les transactions quotidiennes se montent à plus de 5.000 milliards de dollars.

bt/maj/sym

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