Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Je suis dans un band», regard sur la scène musicale montréalaise francophone

«Je suis dans un band», regard sur la scène musicale montréalaise francophone

Bienvenu dans la gang

Quand j’ai rencontré Thomas Griffin, il m’a confié qu’il rêvait de voir apparaître son nom affiché sur le fameux tableau noir de la Casa del Popolo, bar/salle de concert emblématique de Montréal établi en 2000 par Mauro Pezzente de Godspeed You! Black Emperor. Son vœu a été exaucé, après des mois de travail. À la veille des premières neiges, ce jeune réalisateur monégasque et son équipe ont traversé l’Atlantique pour présenter leur documentaire Je suis dans un band, une projection en avant-première canadienne. Le 28 février prochain, Je Suis Dans Un Band sera présenté au Rendez-vous du Cinéma Québécois. S'ensuivra un triple concert en présence des sujets centraux du film : Monogrenade, Jésuslesfilles et Les Momies de Palerme.

Dans l’intimité des musiciens

En matière de production de musique indépendante, la réputation de Montréal n’est plus à faire. Vivier créatif, la métropole compte son lot de talents et d’espaces d’expression. À travers les portraits de Jean-Michel Pigeon (Monogrenade), Xarah Dion (Les Momies de Palerme) et Benoit Poirier (Jésuslesfilles, Le Monde dans le feu), Thomas Griffin explore cette scène créative et solidaire avec pour fil conducteur la musique indépendante québécoise francophone. Je suis dans un band suit ces trois artistes, trois parmi des centaines d’autres à Montréal, trois musiciens qui ont ouvert leurs portes, racontent leur univers et analysent la scène actuelle. La proximité que l’équipe du film a développé avec Xarah, Benoit et Jean-Michel, mais aussi Montréal présentée comme un personnage à part entière, offre un documentaire sincère, composé de témoignages spontanés et enrichissants ; engagé malgré lui. Les obstacles rencontrés par ces artistes apparaissent naturellement, on parle sans hargne de sujets qui fâchent : la défense de la langue dans une ville franco/anglo, la gentrification des quartiers autrefois fédérateurs… mais le film apparaît surtout comme éclairé et inspirant pour les nouvelles générations qui cherchent à affronter une industrie musicale pharaonique.

Des artistes et de l’espace

À Montréal, Il y a évidemment des musiciens de qualité, mais aussi des acteurs de second plan sans qui la scène locale ne serait pas aussi productive. Ils s’appellent La Casa del Popolo, le disquaire l’Oblique, feu La Brique, feu l’émission radio Bande à part, ces supports d’enregistrement de seconde main trouvés dans le coin des rues des quartiers bohèmes, Sel & Poivre (association de deux sérigraphes, ndlr), La Fourche à Foin et autres blogs musicaux, Constellation Records. Toutes ces raisons ont poussé Xarah Dion à déménager dans la métropole québécoise pour vivre de son art. La caméra de Thomas la suit à La Casa del Popolo, où elle travaille comme serveuse, dans ses sessions d’enregistrement chez elle ou au pied de la Brique. Elle se retrouve dans l’étiquette Constellation qui l’a signé en 2009, une structure qu’elle décrit avec ces mots : «communautaire, anti-capitaliste, anarchiste». Comme Jean-Michel Pigeon et Benoit, elle défend l’expression française dans la musique. Les trois refusent à se plier au diktat du chanté anglais destiné à toucher un public plus large ou utilisé par souci de fluidité. Benoit ne mâche pas ses mots, pour lui, chanter en français «c’est être élitiste envers ceux qui chantent en anglais mais qui sont francophones, avoir un contrôle inné de ce que l’on dit». Ces personnalités affirmées ne cherchent pas à remplir les stades, mais à continuer de pouvoir s’exprimer librement et à vivre de ce qu’ils aiment. Voilà la beauté de la scène musicale indépendante de Montréal.

Je suis dans un band - Film documentaire de soixante quinze minutes, réalisé par Thomas Griffin

autour d'artistes montréalais. Avec : Xarah Dion (Les Momies de Palerme), Benoit Poirier (Jésuslesfilles) et Jean-Michel Pigeon (Monogrenade)

Projection vendredi 28 février à 19h30 dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois. En présence du réalisateur Thomas Griffin et de membres des groupes Jésuslesfilles et Les momies de Palerme. Pavillon Judith-Jasmin, Annexe.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST QUÉBEC

Cinéma: les films qu'il ne faudra pas rater en 2014

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.