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Les Argentins préoccupés par la valse inflationniste des étiquettes

Les Argentins préoccupés par la valse inflationniste des étiquettes

Daiana Alonso, serveuse de 23 ans aux revenus modestes, a cessé d'acheter de la viande, dont le prix a fortement augmenté. Comme beaucoup d'Argentins, elle est préoccupée par l'inflation généralisée depuis le début de l'année.

Jeudi, le gouvernement devait annoncer le très attendu taux d'inflation mensuel de janvier, qui s'annonce record après la forte dévaluation du peso face au dollar (20%) durant le premier mois de l'année. Les instituts privés ont avancé mercredi le chiffre de 4,6%.

"L'inflation, tu la sens au supermarché. J'ai arrêté d'acheter du poulet et de la viande de boeuf, qui ont beaucoup augmenté. La boîte de lait en poudre pour la petite, elle est passée de 45 à 55 pesos (4,2 à 5,2 euros)", s'étonne Daiana Alonso, qui profite d'un jour de repos pour se promener avec sa fille Martina, 4 ans, dans le centre de Buenos Aires.

"Tout augmente, mais pas les salaires", dit d'un air dépité la jeune serveuse, qui vit à La Matanza, une banlieue populaire de Buenos Aires.

En 2013, l'inflation annuelle a atteint plus de 25% selon les instituts privés, alors que le gouvernement ne reconnait que 11% et se voit accuser de truquer ses statistiques par le FMI. Depuis 6 ans, l'inflation dépasse chaque année les 20%.

"Quoi? 600 pesos (56 EUR)? Mais le mois dernier j'ai payé 530 (49 EUR). Je le prends quand même, de toute façon je n'ai pas le choix", s'alarme Laura Martinez, salariée d'une firme étrangère de 44 ans, en achetant dans sa pharmacie habituelle un médicament que sa fille de 9 ans doit prendre chaque mois.

Le prix du médicament est passé en un mois de 1.770 pesos 2.000 pesos (de 165 à 190 EUR), mais sa mutuelle prend en charge 70% de la dépense.

Laura Martinez se plaint également du coût de la consultation chez le dentiste, passé de 110 à 165 pesos.

Dans certains supermarchés, des produits de consommation basique dont le prix a bondi, comme le thon ou le fromage râpé, sont protégés par des dispositifs antivol.

Les produits importés sont particulièrement impactés par la dévaluation. Romina Ferré a d'ailleurs renoncé à acheter le whisky écossais qu'affectionne tant son mari.

Pour freiner l'inflation, le gouvernement a mis en oeuvre fin 2013 un programme de "prix surveillés" par le ministère de l'Economie, après un gel des prix dans les supermarchés au 1er semestre 2013, en vain.

L'exécutif pointe depuis des semaines d'un doigt accusateur la grande distribution pour la flambée des prix. La viande a augmenté de 6 à 23% au cours des 20 derniers jours et les distributeurs sont sommés de revenir sur les hausses.

Mercredi soir dans un discours télévisé, la présidente de centre-gauche Cristina Kirchner a accusé les chaînes Coto et le français Carrefour de ne pas respecter l'accord sur les prix concernant une centaine de produits, sur la base de plaintes de consommateurs.

Les économistes conseillent plutôt à Mme Kirchner de réduire le déficit budgétaire, actuellement de 5% du PIB, de limiter les hausses de salaire et les aides sociales.

Gerardo Felippini, 52 ans, qui a eu le tort de commencer des travaux dans sa maison en pleine fièvre inflationniste, ne comprend pas qu'un un sac de ciment de fabrication nationale puisse passer du jour au lendemain de 55 à 85 (5 à 8 pesos).

Une employée d'une grande chaîne de pharmacies estime que les médicaments ont augmenté de plus de 30%. "Un nébuliseur pour les asthmatiques qui coûtait 500 pesos (47 EUR) la semaine dernière est aujourd'hui à 800 (75 EUR). Un produit répulsif anti-moustiques valait 40 pesos (4 EUR) et il se vend aujourd'hui à 75 (7 eur)", assure-t-elle.

"Mais, ajoute-t-elle, que voulez-vous, les gens ne peuvent pas arrêter d'acheter les médicaments, c'est une question de vie ou de mort".

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