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France: nouvel examen jeudi du cas Lambert, pour décider de sa vie ou de sa mort

France: nouvel examen jeudi du cas Lambert, pour décider de sa vie ou de sa mort

Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, se penche à nouveau jeudi sur le sort de Vincent Lambert, un homme de 38 ans en état végétatif chronique dont la famille se déchire pour savoir s'il faut ou non le maintenir en vie.

Faut-il cesser d'alimenter cet homme tétraplégique depuis un accident de voiture en 2008 comme le pense l'équipe médicale et son épouse ou au contraire faut-il continuer à le maintenir en vie comme le souhaitent ses parents, un père gynécologue militant anti-avortement et une mère ultra-catholique?

La question est si complexe et sensible qu'un juge du Conseil d'Etat avait choisi le 6 février, après avoir entendu les parties, de renvoyer l'affaire devant une formation collégiale de cette même instance. Au total, 17 membres du Conseil d'Etat vont entendre à nouveau les parties avant de mettre leur décision en délibéré avec l'annonce de leur position à une date encore indéterminée.

Cloué à Reims (est) sur son lit d'hôpital en état végétatif chronique depuis cinq ans, la vie suspendue aux sondes de nutrition artificielle, Vincent Lambert, un infirmier psychiatrique, est devenu l'otage inconscient du débat national qui s'est engagé autour de son cas. Au quatrième étage de l'hôpital, sa porte est désormais verrouillée et une caméra surveille le passage des visiteurs.

"Avec le temps on l'a vu se dégrader, ses muscles atrophiés déforment son corps, il est souvent pris de rictus, il crie quelquefois". Pour sa soeur Marie, "Vincent n'aurait jamais voulu vivre aussi diminué et dépendant". "C'est déjà un mort-vivant alors à quoi bon!" lâche-t-elle.

Selon le docteur Eric Kariger qui dirige le service de soins palliatifs de l'hôpital de Reims, Vincent Lambert "souffre de lésions cérébrales irréversibles". "Aucune communication même sommaire n'a jamais pu être établie avec lui", ajoute-t-il.

"Il peut avoir des manifestations sensorielles comme des larmes ou des sourires mais c'est de l'ordre de la mémoire émotive. Son corps exprime des choses, principalement de la souffrance, mais il n'a pas conscience de son corps", précise le médecin.

Pour ses parents au contraire, leur fils "est présent" et veut vivre. A Noël, "on lui a demandé s'il était content, il a fermé intensément les yeux", a raconté sa mère lors de la première audience du Conseil d'Etat.

Le 16 janvier, un tribunal administratif avait décidé le maintien en vie du patient, provoquant un appel devant le Conseil d'Etat des médecins, de l'épouse et d'un neveu de Vincent Lambert.

Le monde médical français redoute une éventuelle confirmation par le Conseil d'Etat de la décision du tribunal administratif. Il craint qu'elle modifie les pratiques médicales et conduise à un retour de l'acharnement thérapeutique en France.

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