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Pakistan: 13 morts dans un attentat contre un cinéma porno

Pakistan: 13 morts dans un attentat contre un cinéma porno

Un attentat à la grenade dans un cinéma pornographique a fait au moins treize morts mardi dans le nord-ouest du Pakistan, signe de la poursuite des violences malgré le début de pourparlers de paix entre le gouvernement et les rebelles talibans.

L'attaque, non revendiquée en début de soirée, a eu lieu à Peshawar, la principale ville de cette région très infiltrée par les rebelles, où un autre cinéma avait été attaqué de la même manière il y a dix jours. Au moins quatre personnes avaient alors été tuées et 31 autres blessées.

Trois grenades ont explosé à l'intérieur du cinéma Shama mardi, au milieu des quelque 80 personnes qui assistaient à la séance de l'après-midi.

Selon un communiqué de l'hôpital Lady Reading de Peshawar, treize personnes sont mortes dans l'attentat et de nombreuses autre ont été blessées.

Sur son lit d'hôpital, Akbar Khan, un spectacteur de 62 ans blessé dans l'attaque, a raconté avoir soudain entendu un bruit assourdissant alors qu'il regardait le film porno du jour. "J'ai alors senti comme une barre de fer brûlante qui me perçait le bras et la jambe gauche (..) J'ai pu gagner la sortie, où j'ai été transporté à l'hôpital".

La salle de 200 places environ était jonchée de restes humains, de chaussures ensanglantées et de préservatifs, a constaté sur place un journaliste de l'AFP.

Le Pakistan est depuis 2007 régulièrement ensanglanté par des attentats des talibans du TTP, qui y ont notamment détruit des centaines de magasins de CD et DVD, accusés de colporter des valeurs dépravées contraires aux principes de l'islam. Les attaques contre les cinémas ont toutefois été plus rares.

Le commandement central du TTP, qui a engagé début février des pourparlers de paix avec le gouvernement d'Islamabad, a nié toute implication dans ce nouvel attentat considéré par un parti d'opposition, le PTI d'Imran Khan, comme une tentative de "perturber" le processus de paix.

Dix jours plus tôt, un autre cinéma de Peshawar, le Picture House, avait été attaqué de la même manière.

Le TTP avait nié toute implication dans cette attaque revendiquée auprès de médias locaux par un autre groupe armé, suggérant des divisions au sein de la rébellion islamiste sur la question du processus de paix.

Les talibans exigent la libération de leurs prisonniers et le retrait des forces armées de leurs fiefs des zones tribales afin d'aller de l'avant dans ces pourparlers. Les insurgés demandent aussi l'imposition de leur version de la loi islamique (charia) dans ce pays musulman de plus de 180 millions d'habitants.

Plusieurs de ces demandes étant a priori inacceptables pour le gouvernement et la puissante armée, beaucoup d'observateurs estiment que le processus de paix ne puisse guère donner de résultats et que les deux parties cherchent avant tout à temporiser à l'approche du retrait des forces de l'Otan en Afghanistan voisin.

Le cinéma Shama, qui a pignon sur rue depuis plus de 30 ans à Peshawar où il est connu pour diffuser des films pornographiques malgré le conservatisme religieux ambiant, dispose de deux salles.

A l'automne 2012, sa salle principale avait été incendiée par des manifestants islamistes lors de manifestations contre le film américain hostile au prophète Mahomet "L'innocence des musulmans".

Le cinéma avait rouvert quelques semaines plus tard, en prenant toutefois soin de ne diffuser les films X que dans la seconde salle, plus petite (environ 200 places), où a eu lieu l'attaque de mardi.

Le Shama appartient aux Bilour, l'une des familles les plus puissantes de Peshawar, pilier du parti nationaliste pachtoune, l'ANP, réputé pro-occidental et libéral, et à ce titre ennemi juré des formations islamistes et des talibans.

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