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Chypre: reprise des négociations, pour une solution "aussi vite que possible"

Chypre: reprise des négociations, pour une solution "aussi vite que possible"

Les dirigeants Chypriotes-grec et Chypriotes-turc ont affirmé leur volonté de parvenir à un règlement "aussi vite que possible" pour une réunification de l'île, lors de la reprise mardi des négociations favorisées par la perspective d'une exploitation des réserves gazières.

Le président de la République de Chypre Nicos Anastasiades (chypriote-grec) et le dirigeant de la République turque de Chypre Nord (RTCN, autoproclamée) Dervis Eroglu se sont rencontrés pendant une heure et demie à la mi-journée dans les locaux de l'ONU sur l'aéroport désaffecté de Nicosie, en présence de la responsable des Nations unies à Chypre, Lisa Buttenheim.

L'aéroport se trouve dans la zone séparant les deux entités depuis la division de l'île il y a près de 40 ans, consécutive à l'invasion turque menée en juillet 1974 en réaction à une tentative de coup d'Etat qui visait à la rattacher à la Grèce.

Les troupes turques occupent toujours le tiers Nord de Chypre, et seule la République de Chypre, qui contrôle la partie Sud, est reconnue internationalement alors que la RTCN est uniquement reconnue par Ankara.

Le pays est ainsi entré divisé dans l'Union européenne en 2004, après l'échec d'un premier accord de réunification largement approuvé lors d'un référendum par les Chypriotes-turcs mais rejeté par les Chypriotes-grecs.

Des discussions poussives avaient repris en 2008, puis suspendues en 2012. Après des mois d'âpres discussions, les deux dirigeants se sont mis d'accord vendredi sur une déclaration conjointe préparée par l'ONU pour fixer le cadre des pourparlers.

A l'issue de la rencontre, Mme Buttenheim a lu cette déclaration devant la presse, tandis que les deux dirigeants devaient s'exprimer séparément plus tard dans la journée.

"Les dirigeants auront pour objectif de parvenir à une solution aussi vite que possible et d'organiser ensuite des referendums distincts", annonce le texte.

La responsable onusienne a précisé que la prochaine rencontre des négociateurs était prévue "cette semaine".

Le communiqué commun résume le cadre des négociations sur une réunification rendue plus nécessaire que jamais par la perspective d'exploitation des richesses gazières de l'île et une récession historique dans la République de Chypre.

Il réaffirme qu'un règlement, s'il est approuvé par referendum, consistera en "une fédération bi-communautaire et bi-zonale", dans laquelle Chypre "sera une entité légale unifiée sur le plan international, avec une souveraineté unique".

La Constitution prévoira "que la fédération unifiée de Chypre soit composée de deux Etats membres de statut égal" et interdira "une union partielle ou totale avec un quelconque autre pays".

M. Anastasiades était accompagné de son négociateur en chef Andreas Mavroyiannis. Jusqu'à présent, les négociations chypriotes avaient toujours eu lieu entre dirigeants.

Confronté à une forte opposition aux négociations parmi les Chypriotes-grecs, M. Anastasiades avait souligné vendredi que l'accord sur la feuille de route n'était qu'un début.

"Le communiqué commun ne constitue pas la solution au problème chypriote, mais il fixe les paramètres selon lesquels les deux communautés, mais aussi la Turquie, doivent avancer pour trouver une solution qui soit acceptée par les Chypriotes-grecs, sans ignorer les droits des Chypriotes-turcs", avait-il déclaré.

Le communiqué commun "établit une base solide pour la reprise des négociations en vue d'un règlement global juste et durable", a estimé l'Union européenne mardi dans un communiqué. Il devrait aider les deux parties "à s'attaquer le plus vite possible aux questions de substance pour parvenir rapidement à des résultats".

Même si les négociations chypriotes n'ont jusqu'à présent rien donné, la récente découverte de gisements gaziers au large de l'île comme près des côtes israéliennes a changé la donne.

Pour Hubert Faustmann, professeur d'histoire et de sciences politiques à l'Université de Nicosie, il s'agit de "la plus grande opportunité pour la paix depuis 2004".

"Washington a mis beaucoup de poids dans ce dernier effort de paix parce que le gaz et le pétrole changent le jeu (...). C'est une situation gagnant-gagnant pour tout le monde", estime-t-il.

Israël, qui réfléchit à exporter son gaz via un gazoduc passant dans les eaux chypriotes et la Turquie, ou à investir dans une usine de liquéfaction de gaz sur l'île méditerranéenne, "ne donnera pas son gaz à Chypre à moins qu'il y ait une solution", note M. Faustmann.

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