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Le référendum suisse conforte les eurosceptiques de l'Union européenne

Le référendum suisse conforte les eurosceptiques de l'Union européenne

Le vote suisse en faveur d'une limitation de l'immigration conforte le camp des eurosceptiques qui font de la lutte contre l'immigration et les abandons de souveraineté nationale au profit de l'UE leurs principaux thèmes de campagne pour les prochaines élections européennes.

Les résultats du référendum ont surpris les institutions européennes qui estimaient encore vendredi que le +oui+ ne l'emporterait pas, mais ont été salués unanimement par les partis populistes qui y voient la confirmation de leurs thèses à 100 jours des élections européennes.

Le Front national, que des sondages placent en tête des élections européennes en France, ou le parti eurosceptique britannique Ukip de Nigel Farage, qui milite pour une sortie de l'Union européenne et une réduction draconienne de l'immigration, ont salué une "merveilleuse nouvelle".

"Ce que les Suisses peuvent faire, on peut aussi le faire", a pour sa part prévenu le leader du PVV (extrême droite), Geert Wilders, dont le parti est donné gagnant des prochaines élections européennes aux Pays-Bas.

La remise en cause de la libre-circulation, un des principes fondateurs de l'UE, ne date pas du référendum suisse. "Au sein des Vingt-Huit, un nombre croissant d'électeurs partage ce même rejet, fondé sur les mêmes peurs", estime Jean-Yves Camus, chercheur, spécialiste des populismes, à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris.

Interrogé sur la Radio suisse romande, avant une réunion à Bruxelles avec ses homologues européens, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a estimé que la politique du gouvernement britannique dans le domaine des prestations sociales pour les travailleurs de l'Est avait pu influer de manière négative sur le débat helvétique de la même façon que les discours des partis d'extrême droite.

Avec les élections européennes de mai prochain et les législatives attendues pour 2015, l'immigration est devenue un sujet majeur du débat politique en Grande-Bretagne, alimenté par la levée le 1er janvier des restrictions à la liberté de travail des Roumains et des Bulgares au Royaume-Uni.

Le gouvernement du conservateur David Cameron accélère la mise en place de nouvelles restrictions à l'immigration intra-européenne. A compter d'avril, la Grande-Bretagne ne versera plus d'allocations logement aux immigrés sans emploi originaires d'autres pays de l'Union européenne.

"Ce que ce vote (suisse) montre, c'est qu'il y a une inquiétude grandissante quant à l'impact que peut avoir la liberté de circulation" au sein de l'UE, a estimé lundi le porte-parole de M. Cameron, à contre-courant des réactions des autres dirigeants européens.

"La grande majorité des personnes qui se déplacent d'un pays à l'autre de l'UE le font pour travailler pas pour toucher des allocations", a soutenu le commissaire chargé des Affaires sociales, Laszlo Andor, au cours d'une conférence lundi à l'université de Bristol.

"Ces travailleurs apportent des avantages considérables aux économies et aux systèmes de protection sociale des pays d'accueil", a-t-il ajouté.

Mais la Commission a du pain sur la planche pour convaincre l'opinion des avantages de la libre-circulation.

Avec la crise économique et ses conséquences sur l'emploi et le niveau de vie, le mécontentement populaire à l'égard de l'UE n'a cessé de croître, a fait remarquer Daniela Schwarzer, directrice du programme européen du German Marshall Fund à Berlin. L'immigration est devenue un point de fixation de ce mécontentement, a-t-elle ajouté.

"La libre-circulation est devenue un sujet d'inquiétude" pour les Européens, a encore relevé Mme Schwarzer.

Pour l'eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, "si on avait organisé en France un référendum comme celui organisé en Suisse, ça aurait été pire, 60% pour le oui".

Ancien Premier ministre du président français Nicolas Sarkozy, François Fillon a jugé lundi "parfaitement naturel" que la Suisse veuille réduire le nombre des étrangers sur son territoire, en fonction de la capacité à les intégrer. Selon lui, ce modèle devrait être repris par l'UE ou la France.

"Ce genre de restrictions ne fait pas partie de notre politique", lui a indirectement répondu la porte-parole de la Commission européenne, Pia Ahrenkilde-Hansen. "Nous défendons la libre-circulation des personnes. C'est une valeur sacrée pour l'UE", a-t-elle insisté.

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