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France: les salariés de Libération entrent "en résistance" contre une mue du journal

France: les salariés de Libération entrent "en résistance" contre une mue du journal

Les salariés du quotidien français Libération, en grave crise financière, ont annoncé dimanche leur intention de combattre le projet des actionnaires voulant transformer le journal en réseau social, en répliquant par la plume plutôt que par la grève.

Les actionnaires du quotidien de gauche, fondé en 1973 par le philosophe Jean-Paul Sartre, ont provoqué la colère de la rédaction en dévoilant vendredi un projet dans lequel le journal deviendrait un réseau social sur plusieurs supports multimédias payants et le siège serait transformé en espace culturel.

Cette annonce inattendue, qui paraît tenir le journal papier pour accessoire, a abasourdi les salariés, qui se sont sentis trahis car ils négocient depuis des mois sur un plan d'économies sans rapport avec ce projet.

A l'issue d'une assemblée générale suivie par près de 200 salariés (sur 258 à ce jour), les salariés ont décidé à l'unanimité de répliquer dans les colonnes du journal à leurs actionnaires, les hommes d'affaires Bruno Ledoux, Édouard de Rothschild et le groupe italien Ersel, plutôt que de se mettre en grève.

Les salariés s'étaient mis en grève jeudi et "Libé", dont les ventes se sont effondrées, n'avait pas paru vendredi.

"Nous informerons les lecteurs dans plusieurs pages du journal de lundi sur le conflit, et nous continuerons les jours suivants", a expliqué Fatima Brahmi, déléguée du syndicat CGT.

Samedi, les journalistes s'étaient emparés de la "Une" pour clamer en gros titres: "Nous sommes un journal".

"Le journal, c'est notre arme. Nous voulons nous exprimer, répondre à ceux qui nous font un procès en archaïsme. Nous pourrions aussi faire une enquête sur notre actionnaire Bruno Ledoux", a commenté un journaliste ayant requis l'anonymat.

M. Ledoux affirme, au nom des actionnaires, qu'hors de leur projet, ce sera la mort de "Libé", qui a imprimé sa marque dans la presse française en revendiquant une liberté de ton au service d'un journalisme de combat.

Le mot d'ordre des salariés: garder son sang-froid, pour ne pas sembler arc-boutés contre des évolutions. "Nous ne sommes pas contre la création d'un lieu culturel ou autres activités autour de Libération, mais si le journal est au centre du projet", a souligné Tonino Serafini, délégué du syndicat SUD.

Le siège de la rédaction, situé au coeur de Paris, étant l'un des enjeux principaux du projet, l'idée d'occuper les locaux a parfois été évoquée dimanche, mais rejetée pour l'instant. Car beaucoup soupçonnent Bruno Ledoux de vouloir déposer le bilan du journal pour récupérer l'immeuble, qui, vide, vaudrait plusieurs dizaines de millions.

En 2013, le journal a perdu plus d'un million d'euros et ses ventes ont chuté de 15%, la plus forte baisse parmi les quotidiens français, pour tomber à 100.000 exemplaires.

leb-blb/bap

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