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Des bus de ville climatisés à Phnom Penh, pari osé au pays des cyclo-pousses

Des bus de ville climatisés à Phnom Penh, pari osé au pays des cyclo-pousses

Des bus de ville concurrencent depuis quelques jours cyclo-pousses et mototaxis sur les chaussées de Phnom Penh. Un pari osé sur le passage des Cambodgiens à l'ère des transports en commun pour sortir des embouteillages.

Ce problème de la prédominance des transports individuels se retrouve dans d'autres métropoles d'Asie du sud-est.

Cependant, Phnom Penh est à la traîne. A Bangkok, en Thaïlande, les bus de ville sont souvent d'un autre âge et sans air climatisé, mais le réseau est développé, comme au Vietnam voisin.

L'Agence de coopération internationale japonaise (JICA) a été appelée à la rescousse sur ce projet, comme elle a pu le faire au Vietnam, mais aussi au Brésil, en Indonésie ou en Ouganda, rappelle-t-elle.

Elle estime faisable de faire passer les Cambodgiens "du transport individuel à celui en commun", estime Masato Koto, en charge du projet pour l'agence japonaise.

La mairie de Phnom Penh s'est donné un mois, jusqu'au 4 mars, pour convaincre les usagers d'opter pour le bus, dans ce pays aux infrastructures de transport peu développées qui reste un des plus pauvres de la région.

Elle a lancé une large campagne de publicité pour une ligne test, desservie par dix bus depuis le 5 février.

Faire changer les habitudes des habitants serait une petite révolution, dans une capitale à la circulation saturée chaque jour de milliers de mototaxis et autres cyclo-pousses traditionnels, où s'entassent passagers et marchandises les plus diverses.

Au total, selon les estimations, Phnom Penh compte plus d'un million de motos et 300.000 voitures pour deux millions d'habitants. Les milliers de cyclo-pousses, constitués d'une nacelle accrochée à un vélo, ne polluent certes pas, mais ils contribuent à l'encombrement de la chaussée.

Les bus test ne suivent pour l'heure qu'un seul itinéraire, le long du boulevard Monivong.

Ils desservent 36 stations au prix imbattable de 1.500 riels (moins de 30 centimes d'euro), soit cinq fois moins qu'un mototaxi, pour un usager qui emprunterait l'ensemble du parcours.

"Le but principal est de réduire les embouteillages", explique Koeut Chee, responsable de la mairie en charge du dossier.

"Beaucoup de gens ont déjà utilisé des bus" lors de voyages à l'étranger et comprennent l'intérêt de la transposition du modèle au Cambodge, assure-t-il.

Un premier essai d'introduire des bus de ville a déjà été mené en 2001. L'expérimentation avait été arrêtée au bout de deux mois faute d'adhésion du public au concept: les passagers avaient boudé les bus, leur préférant les traditionnels mototaxis, disponibles à chaque coin de rue.

Aujourd'hui, les abris-bus sont les mêmes que ceux qui avaient été construits lors de l'expérimentation de 2001. Et pour l'heure, les bus sont d'occasion: la municipalité n'investira dans des véhicules neufs que si le projet dépasse cette fois-ci la phase de test.

Mais les bus test ont du mal à faire le plein, même si les curieux sont nombreux à les prendre en photo avec leurs smartphones.

"C'est bien d'avoir un service de bus", explique Doung Rattana, 33 ans, en rentrant pour la première fois du marché en bus.

"Je me sens en sécurité, je n'ai pas trop chaud et c'est moins cher" que les mototaxis, dit-elle.

Mais l'initiative se heurte aux habitudes prises avec les mototaxis: si l'expérience a échoué en 2001, c'est parce que "la plupart des gens voulaient descendre juste devant chez eux", déplore le ministre de l'Information Khieu Kanharith sur sa page Facebook.

"Espérons que ce sera un succès cette fois", dit-il.

"Je n'ai pas peur des bus publics. Ils sont lents et les gens pressés auront toujours besoin de mototaxis", explique Socheat, conducteur de mototaxi.

suy-dth/all

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