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Emeutes contre la pauvreté en Bosnie, la présidence incendiée à Sarajevo

Emeutes contre la pauvreté en Bosnie, la présidence incendiée à Sarajevo

Des manifestations contre la pauvreté ont tourné à l'émeute vendredi en Bosnie-Herzégovine: la présidence a été incendiée à Sarajevo, de même que les sièges des administrations locales à Sarajevo, Tuzla et Mostar.

Des échauffourées entre manifestants et policiers ont fait environ 150 blessés, dont 80 à Sarajevo et 50 à Zenica (centre), pour la plupart soignés pour des contusions. Il y a eu plus d'une dizaine de blessés à Tuzla (nord-est), dont deux, un manifestant et un policier sérieusement atteints, ont été hospitalisés.

Ces manifestations, qui avaient lieu pour la troisième journée d'affilée, sont d'une ampleur sans précédent dans cette ex-république yougoslave qui, il y a trente ans jour pour jour, accueillait les Jeux olympiques d'hiver.

Elles illustrent l'exaspération de la population face à une classe politique engluée dans des querelles politiciennes et incapable de redresser une économie sinistrée depuis la fin de la guerre inter-communautaire de 1992-1995.

A Sarajevo, un millier de protestataires "ont cassé les fenêtres et ont mis le feu aux guérites des gardiens et aux locaux" de l'immeuble abritant l'administration régionale, a rapporté la télévision officielle locale.

De plus, des manifestants en colère contre la situation économique ont mis le feu au siège de la présidence de Bosnie-Herzégovine, a indiqué l'agence de presse officielle Fena.

Les flammes s'étendaient jusqu'au deuxième étage du bâtiment de la présidence, qui jouxte celui de l'administration régionale incendié peu auparavant par les protestataires.

A Tuzla, une centaine de jeunes encagoulés portant des insignes de l'équipe locale de football ont pénétré dans l'immeuble du gouvernement local, où ils ont saccagé le mobilier et jeté des téléviseurs par les fenêtres, sous les yeux de plus de 5.000 manifestants qui applaudissaient.

Des flammes et une épaisse fumée noirâtre s'échappaient du premier étage de cette tour de dix étages.

Les policiers, au nombre de plusieurs centaines, ne sont pas intervenus et se sont repliés à une centaine de mètres pour protéger un immeuble abritant les services d'urgences de la ville de Tuzla.

Dans la soirée, les pompiers tentaient d'éteindre des incendies déclenchés par les manifestants dans deux immeubles dépendant de la municipalité.

Un des leaders des manifestants de Tuzla, Aldin Siranovic, a déclaré que la foule réclamait la démission du gouvernement. "Ils nous volent depuis 25 ans et ruinent notre avenir. Nous voulons qu'ils s'en aillent", a-t-il lancé.

A Zenica, des échauffourées entre environ 3.000 manifestants et les forces de l'ordre ont fait 50 blessés dont cinq policiers.

A Mostar, dans le sud, le siège de la municipalité a également été incendié par des manifestants en colère.

"Le printemps bosnien!", titrait le quotidien Oslobodjenje.

Rongée par une corruption endémique, la Bosnie-Herzégovine, petit pays balkanique de 3,8 millions d'habitants, est l'un des plus pauvres d'Europe. Le chômage frappe 44% de la population active, mais la Banque centrale estime toutefois le nombre de personnes sans emploi à 27,5% car beaucoup de gens sont employés au noir.

Le salaire mensuel moyen est de 420 euros, et près d'un habitant sur cinq vit dans la pauvreté, selon des statistiques officielles.

"De plus en plus de gens vivent dans la misère et dans la pauvreté, ils ont faim. Le peuple a perdu l'espoir et ne croit plus à une amélioration de la situation. Manifester est leur seul moyen" d'être entendu, a commenté un analyste local, Vehid Sehic.

"Policiers! Vous êtes nos frères, nos camarades, nos voisins! Vous devez nous rejoindre", a lancé à l'adresse des forces de l'ordre à Tuzla Nihad Karac, un manifestant.

"Je suis à la rue depuis deux ans. Les autorités sont sourdes à nos appels et elles méritent ce qui leur arrive", s'est exclamé son camarade Mithad Kukuruzovic.

La veille, dans cette même ville, des heurts violents entre des milliers de manifestants et les forces de l'ordre avaient fait 130 blessés, en majorité des policiers. Huit protestataires avaient été interpellés.

Des scènes de pillages ont été rapportées par la presse locale en marge de la manifestation.

Quelque 7.000 personnes selon les médias locaux, 2.000 selon la police, avaient protesté à Tuzla, jadis la plus importante ville industrielle de cette ex-république yougoslave. La manifestation avait rassemblé des salariés de plusieurs anciennes entreprises publiques en faillite qui n'ont plus reçu leurs salaires depuis plusieurs mois.

rus-cn/plh

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