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Le conflit en Syrie exacerbe la menace jihadiste au Liban

Le conflit en Syrie exacerbe la menace jihadiste au Liban

Le conflit en Syrie, dans lequel le mouvement chiite libanais Hezbollah est impliqué, a favorisé une multiplication des attentats suicide au Liban, devenu "terre de jihad" selon des responsables militaires.

Depuis juillet, une série d'attentats meurtriers ont frappé le Liban, dont six menés par des kamikazes.

Les attaques ont été revendiquées par différents groupes jihadistes, dont les Brigades Abdallah Azzam ou encore le Front Al-Nosra au Liban et l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) qui combat en Syrie.

Ces groupes ont affirmé viser le Hezbollah, qui combat les rebelles en Syrie au côté de l'armée du régime de Bachar al-Assad.

La majorité des attentats ont été menés dans des zones contrôlées par le puissant parti armé, en particulier la banlieue sud de Beyrouth et la région de Hermel (est).

Selon une source militaire libanaise, la montée en puissance des groupes jihadistes au Liban est une conséquence inévitable du conflit syrien.

"Nous nous attendions à ce que cela se propage ici. Si un incendie se déclare dans la maison de votre voisin, il n'est pas surprenant que la vôtre prenne feu", explique-t-elle à l'AFP.

"Le Liban représentait pour les jihadistes une plateforme logistique pour leurs opérations en Syrie. Quand ils sont devenus plus influents et ont bénéficié d'un environnement favorable, ils ont transformé le pays en une terre de jihad", selon elle.

Cette source souligne que les différents noms des groupes jihadistes ont peu d'importance. "Leur idéologie est celle d'Al-Qaïda (...) Tous ces groupes se nourrissent de cette idéologie".

Le Liban a connu deux importants attentats suicide durant la guerre civile (1975-1990), en particulier contre des soldats américains et français.

Dans les années 1990, des kamikazes du Hezbollah ont mené des attaques dans le Sud contre l'occupation israélienne. En 2005, un attentat suicide à Beyrouth a coûté la vie à l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.

Avec la guerre en Syrie, cette tactique refait surface.

"Le Liban a connu ces derniers mois une recrudescence alarmante des activités jihadistes", selon Raphaël Lefèvre, expert auprès du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

"Le tournant a été en avril 2013, lorsque le Hezbollah a décidé d'envoyer des combattants pour aider le régime syrien", ajoute-t-il.

Selon lui, "le Liban n'est pas une plateforme idéale pour le jihad en raison de sa diversité religieuse et culturelle unique" dans le monde arabe. Mais il peut "attirer les jihadistes en raison de ses services de sécurité relativement faibles, leur permettant de mener des activités secrètes".

Pour cet expert des groupes sunnites extrémistes, le "recrutement" de kamikazes est favorisé par "le nombre croissant de gens qui se sentent abandonnés par l'Etat, en particulier dans les banlieues".

Les quartiers pauvres de la ville à majorité sunnite de Tripoli (nord) ou les camps de réfugiés palestiniens ont longtemps été considérés comme des poudrières en raison de l'installation progressive de groupuscules extrémistes.

Le 25 janvier, un inconnu nommé Abou Sayyaf al-Ansari a annoncé la formation de la branche libanaise de l'EIIL. Cette annonce a été faite selon lui à Tripoli, théâtre de fréquents heurts sanglants entre des partisans alaouites de M. Assad, qui appartient à cette minorité religieuse, et des sunnites.

Selon la source militaire, les jihadistes sont de plus en plus présents dans cette zone. "Il y a des informations concernant des partisans d'Al-Qaïda et la formation de la branche de l'EIIL comprenant des Libanais, des Syriens et des Palestiniens des camps, mais jusqu'à présent ces groupes n'ont pas de bases ou de structures organisationnelles".

Parallèlement à l'engagement militaire du Hezbollah, un nombre inconnu de Libanais sunnites sont partis se battre au côté des rebelles en Syrie, qui avait exercé une tutelle de 30 ans au Liban, jusqu'en 2005.

Selon M. Lefèvre, "des attaques jihadistes sporadiques" sont possibles au Liban jusqu'à "un compromis entre régime et rebelles qui faciliterait le retrait du Hezbollah".

Mais pour la source militaire, le phénomène jihadiste sera difficile à juguler même après la fin du conflit. "C'est une question qui prendra des années".

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