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«Je ne t'oublierai pas», de Jean-Marie Lapointe : donner pour donner

«Je ne t'oublierai pas», de Jean-Marie Lapointe : donner pour donner
Courtoisie

C’était en juillet 2012. Jean-Marie Lapointe lunchait avec son amie Lison Lescarbeau, alors directrice de l’édition chez Groupe Librex. Les deux camarades discutaient d’un projet de livre qu’ils souhaitaient réaliser ensemble, un ouvrage dans lequel Jean-Marie raconterait les derniers moments de la vie de gens partis trop vite, auxquels il s’est attaché à travers ses activités de bénévolat et d’accompagnement.

L’animateur et comédien parlait de Joanna Comtois, 14 ans, qui a mis sur pied le Fonds Espoir, lié à la Fondation du CHU Sainte-Justine; de Timothée-Gabriel, 16 ans, amputé d’un bras, que Jean-Marie a entraîné dans mille et une aventures avant son départ; de Laurent, un gaillard de 19 ans qu’il a épaulé jusqu’à son dernier souffle. Et de tant d’autres, qui ont fait preuve d’un courage et d’une force incommensurables. Distraitement, pendant qu’elle l’écoutait relater ses rencontres avec ces êtres qui lui sont devenus très chers, Lison a griffonné les mots «Je ne t’oublierai pas» sur le coin d’un napperon. Le titre est resté, et le bouquin est aujourd’hui sur les tablettes.

«Il y a 10 ans, je n’aurais pu faire que deux chapitres à ce livre, indique Jean-Marie. J’ai tellement rencontré de personnes qui m’ont changé et touché, dans les 15 dernières années, que j’ai voulu partager ces expériences. Ma vie est complètement différente, grâce à ces rencontres et ces événements. C’est comme recevoir un cadeau; si tu reçois un cadeau et que tu es super content, mais que tu joues tout seul avec, le plaisir aura une durée limitée. Quand un cadeau est partagé, le bonheur est décuplé.»

Pour faire du bien

Jean-Marie Lapointe a toujours eu à cœur d’aider les autres et a posé toute sa vie, ici et là, des gestes en ce sens, mais c’est une séparation amoureuse, survenue au début des années 2000, qui lui a donné l’ultime poussée pour s’investir à fond dans le bénévolat.

«C’est là que j’ai eu le flash du siècle, se remémore-t-il. C’est là que j’ai commencé à faire de l’accompagnement. J’ai compris que de côtoyer des gens qui se préparent à la mort m’allume et m’amène une intensité, une authenticité, une vérité que je veux plus, dans ma vie.»

«Arrêter le bénévolat, pour moi, ce serait comme d’arrêter de manger, poursuit-il. Comme arrêter de me faire du bien. J’ai besoin de penser aux autres, de leur donner du temps. J’ai beaucoup de moments où je pense à moi, dans la vie : je m’entraîne, je fais du kayak, du bateau-dragon… C’est assez! J’ai la capacité de donner davantage.»

«C’est simple : si tu veux être heureux, pense plus aux autres. Si tu veux être misérable, pense plus à toi.»

Une richesse

Dans Je ne t’oublierai pas, Jean-Marie Lapointe rend donc hommage à ces enfants, ces adolescents, ces adultes qui ont croisé sa route et qui, sans le savoir, ont laissé leur marque chez lui, lui ont transmis leçons et enseignements. Il dépeint les heures vouées à faire du sport avec des personnes aux prises avec un handicap ou à jouer le père Noël dans un centre de désintoxication pour adolescents. Il explique comment, en mettant à profit ses réseaux de contact, il a pu enjoliver les derniers instants de vie de petits guerriers qui se battaient tous les jours contre la maladie, en leur permettant de réaliser des rêves, de s’adonner à des passions, d’oublier leurs maux pendant quelques heures.

«C’est le désir d’illuminer les derniers moments de vie d’une personne, précise-t-il. Moi, j’ai une job facile. Je demande aux gens de mon entourage si ça leur tente de faire plaisir à quelqu’un et, à chaque fois, tout le monde embarque à 100 à l’heure, sans hésitation. Ça en dit long sur la bonté fondamentale de l’être humain.»

Mais n’allez pas croire que le fils de Jean Lapointe s’y présente comme un saint. Avec sa plume, sans pudeur et sans apitoiement, l’homme nous parle de son propre cheminement, de ses blessures et ses angoisses, qu’il travaille à estomper. Un chapitre est consacré à des retrouvailles toutes particulières avec son père, arrivées comme une belle surprise dans son parcours, pendant une cohabitation qui a finalement débouché sur un beau projet professionnel, l’album Lapointe avec un S. Au détour de chaque section, il détaille aussi en prose en accident qui a failli lui coûter la vie, il y a deux ans, alors qu’il participait aux championnats mondiaux de bateau-dragon, à Hong Kong. Un autre épisode qui a modifié sa perception de l’existence.

«J’ose espérer montrer aux gens que donner, c’est ce qui a sauvé ma vie, et ça peut faire drôlement du bien à l’humanité. Ça fait autant de bien à la personne qui donne qu’à celle qui reçoit. Je ne suis pas le genre à aimer parler de moi mais, quand tu rends hommage à quelqu’un, automatiquement, tu parles de toi, de ce que la personne a déposé en toi, de ce que l’accompagnement t’a apporté. Tu mets à l’avant-plan la richesse de ce que tu as reçu.»

Au final, que souhaite-t-il que les lecteurs retiennent de Je ne t’oublierai pas?

«Dans la société, s’il y a un peu plus de don de soi, il y a moins de violence, de tristesse, d’abandon, d’oubli et de rejet, conclut l’artiste. Je suis un gars bien ordinaire, très groundé dans la réalité. Si j’ai été capable de décider de faire un peu plus de place aux autres, dans ma vie, tout le monde en est capable. Si le livre déclenche ça, c’est ce que je peux provoquer de plus beau chez les autres. C’est un élan altruiste qu’on a tous au fond de soi.»

Je ne t’oublierai pas est présentement disponible en magasin. Jean-Marie Lapointe effectue actuellement une tournée du Québec pour présenter le livre au public et échanger avec lui.

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