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Le rejet de Keystone XL ne freinerait pas la production des sables bitumineux

Le rejet de Keystone XL ne freinerait pas la production des sables bitumineux

WASHINGTON - Longuement débattu et retardé, le projet d'oléoduc Keystone XL a fait un pas en avant, mais n'a pas encore franchi les procès, les enquêtes et les obstacles politiques qui le séparent de la ligne d'arrivée.

Vendredi, le département d'État américain a remis un rapport très attendu dans lequel il estime que le transport du pétrole albertain jusqu'au golfe du Mexique par oléoduc produirait moins d'émissions de gaz à effet de serre que le transport ferroviaire.

Et cela parce que l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta aura lieu coûte que coûte, avec ou sans oléoduc, affirme le rapport, qui ne soulève aucun obstacle important au projet.

Le document rejette ainsi l'argument des groupes environnementaux selon lequel le fait de refuser l'oléoduc freinerait le développement des sables bitumineux. Il affirme qu'il y a trop de variables en jeu pour que l'industrie dépende de ce seul oléoduc.

Le débat entourant le projet Keystone XL est toutefois loin d'être terminé.

Huit agences américaines, dont l'Agence de protection de l'environnement (EPA), seront maintenant appelées à examiner ce rapport du département d'État sous l'angle de l'«intérêt national». Leurs remarques seront acheminées d'ici 90 jours au secrétaire d'État, John Kerry, mais c'est le président Barack Obama qui prendra la décision finale.

Le ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver, s'est dit satisfait du rapport américain.

Un précédent rapport, publié il y a un an, avait aussi conclu que le projet n'augmenterait pas de façon importante la production de pétrole en Alberta ou la demande pour le pétrole brut, et ne représenterait pas un risque plus grand pour l'environnement que les autres modes de transport, notamment les chemins de fer.

«Le rapport d'aujourd'hui confirme une fois de plus les conclusions, et notamment que le pipeline n'entraînera pas d'augmentation sensible des gaz à effet de serre», a commenté M. Oliver dans une déclaration.

Il ajoute s'attendre à ce que Keystone, le projet de l'entreprise TransCanada (TSX:TRP), «soutienne des milliers d'emplois et des milliards de dollars en activité économique au Canada et aux États-Unis».

De leur côté, toutefois, les opposants menacent d'enterrer le projet sous les procédures judiciaires.

Une poursuite a déjà été déposée au Nebraska pour bloquer un projet de loi qui donnerait au gouverneur le droit de forcer les propriétaires à permettre à l'oléoduc de traverser leurs terres.

Des allégations de conflit d'intérêts, selon lesquelles des entrepreneurs qui ont participé au rapport ont déjà travaillé pour TransCanada, font également l'objet d'une enquête interne au département d'État.

D'autres opposants réclament une enquête afin de savoir comment les autorités canadiennes, des journalistes et des dirigeants de l'industrie du pétrole ont appris le contenu du rapport de vendredi avant le public américain.

«En plus du fait que les auteurs du rapport ont ignoré la science, la critique interagences, l'économie de base de l'industrie et l'aveu récent de TransCanada lui-même, qui a admis que l'oléoduc serait la clé de l'exploitation des sables bitumineux, le fait qu'une compagnie et un gouvernement étrangers aient reçu des renseignements stratégiques avant tout le monde démontre à quel point ce rapport est inutile», a affirmé un conseiller de l'environnementaliste milliardaire Tom Steyer, opposé au projet Keystone XL.

M. Steyer est un généreux donateur du président Obama, qui aura tout un dilemme à affronter.

Le projet de 7 milliards $ de TransCanada doit transporter du pétrole brut des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à des raffineries du Texas. Le président Barack Obama a déjà prévenu qu'il n'approuverait l'oléoduc que si le projet n'entraîne pas une hausse importante des émissions de gaz à effet de serre — et donc une augmentation de la production de pétrole des sables bitumineux en Alberta.

Il s'agit de la plus récente étude d'impact environnemental produite par le département d'État américain, qui a juridiction dans ce dossier parce que la section nord de l'oléoduc traversera la frontière. La section sud, entre l'Oklahoma et le Texas, a déjà été inaugurée.

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