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Une vache, un couple et Napierville: Alain Poissant, finaliste au Prix des libraires

Une vache, un couple et Napierville: Alain Poissant, finaliste au Prix des libraires
Ismael Houdassine

Il est bien difficile de se faire un chemin à l’intérieur de la librairie Raffin située dans le quartier Rosemont. Et pour cause, les quelques chaises installées ont vite été prises d’assaut. Les autres debout continuent de se bousculer pour apprendre qui seront les dix écrivains en compétition pour le convoité Prix des libraires.

Avec tout ce beau monde, on s’attend bien sûr à rencontrer quelques romanciers, au moins, ceux qui se retrouvent dans la courte liste. Mais entre les journalistes, les représentants de l’industrie du livre ou les libraires, seul Alain Poissant, l’auteur du magnifique roman Le sort de Bonté III fait acte de présence, tout surpris de se retrouver finaliste.

«Les romans dont la trame se situe en dehors de Montréal vivent incognito. Mon livre a quelque chose de régionaliste, alors je reste encore étonné de voir qu’il se retrouve dans la liste des finalistes», déclare-t-il au Huffington Post Québec.

Attention, pour l’homme de 62 ans le terme «régionaliste» n’a rien de péjoratif, juste une connotation mélancolique, parce qu’il sait éperdument que ces genres de romans passent souvent inaperçus. «J’écris des œuvres qui existent dans un certain anonymat», ajoute-t-il avant de préciser : «Peut-être que j’ai tort. Il y a sans doute une sorte de renouveau que j’ai du mal à réaliser».

Et pourtant, n’allez pas croire qu’il n’en est pas fier de son bouquin qu’il ne le lâche pas durant l’entrevue, le retournant quelques fois ou effleurant de ses larges mains la page de couverture comme un objet précieux. «Les prix ne sont pas importants pour les écrivains. Ils le sont davantage pour les éditeurs ou les critiques», tempère-t-il.

Car si l’auteur qui réside maintenant à Montréal s’est déplacé jusqu’à la libraire par un froid aussi glacial c’est d’abord pour parler de son œuvre. On a bien tenté de diriger la discussion sur le débat du Prix unique du livre : alors pour ou contre? «Bon, comme il faut choisir, alors je suis pour», répond-il un peu agacé.

Et si tout se passait à Napierville

Retour au livre. Le sort de Bonté III – titre qui représente le nom d’une vieille vache racée, mais néanmoins destinée à l’abattoir – est un roman qui ne dépasse pas les 100 pages. L’histoire se situe à Napierville, petit village frontalier où a grandi l’auteur. «Il y est question d’une ferme et de quelques animaux avec en filigrane une timide histoire d’amour entre un homme et une femme que tout sépare», résume-t-il.

Poissant est retourné dans ses souvenirs d’enfance afin de reconstituer la vie en campagne. «Ce n’est pas un livre autobiographique, même si certains résidents du village pourraient reconnaître plusieurs figures», dit-il un peu amusé.

Au fond, le roman est surtout une réflexion sur le temps qui passe et sur ce qui définit l’identité d’un lieu. «Le passé de Napierville est foisonnant. Situé proche de la frontière américaine, le village a participé à des activités illicites liées à la prohibition. Et puis, durant de nombreuses années, son histoire patriote a complètement été occultée. Ce n’est que récemment qu’une statue y a été érigée en souvenir».

Il reste convaincu que les événements construisent l’identité d’un lieu. «Bien que mon livre raconte une histoire fictive, j’ai voulu l’inscrire dans une réalité», conclut-il.

Lauréat en 2000 du prix littéraire de Radio-Canada pour son récit Un ciel bleu rose, Alain Poissant (Heureux qui comme Ulysse) a publié plusieurs romans durant les années 80, notamment les remarqués Dehors les enfants, Vendredi-Friday et Carnaval.

Le sort de Bonté III – Alain Poissant – Les éditions Sémaphore – Montréal – 2013 – 94 pages.

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