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Commission Charbonneau: deuxième jour de comparution pour Michel Arsenault

Commission Charbonneau: deuxième jour de comparution pour Michel Arsenault
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EN DIRECT - L'ex-président de la FTQ dément les allégations de Ken Pereira selon lesquelles un Italien accompagné par Jocelyn Dupuis lui aurait offert 300 000 $ - qu'il aurait refusé - pour faire passer le dossier de Carboneutre au Fonds de solidarité, dont il présidait le C.A.

« Je n'ai jamais, jamais, jamais eu une offre de pot-de-vin dans toutes mes années à la présidence de la FTQ, j'ai jamais eu une offre de pot-de-vin de M. Arcuri (Carboneutre), de Jocelyn Dupuis, de qui que ce soit », soutient Michel Arsenault.

« Ça serait plus facile pour moi, ce matin, de venir vous dire : ''j'ai reçu une offre, je l'ai refusé'', mais je ne mentirais pas devant votre commission »

— Michel Arsneault

Selon Ken Pereira, M. Arsenault aurait mentionné cette tentative de corruption devant lui ainsi que Bernard Girard et Jean Lavallée à l'été 2008. Tant MM. Girard que Lavallée ont confirmé cette histoire, le premier dans une conversation avec Ken Pereira, le second devant la commission. M. Girard a cependant signé un affidavit niant l'histoire.

M. Arsenault avance qu'il est plutôt possible qu'il ait dit que même si quelqu'un arrivait avec 300 000 $ sur mon bureau, il serait impossible pour un président de la FTQ d'aller au Fonds pour faire passer un dossier.

« Ken Pereira a un problème entre les deux oreilles. »

— Michel Arsenault

M. Arsenault « soupçonne » en fait Ken Pereira de vouloir « détruire la FTQ et la FTQ-Construction » en raison de sa haine pour Jocelyn Dupuis et parce qu'il a refusé de lui donner 400 000 $ et de lui offrir un emploi à la FTQ. Il affirme aussi que Ken Pereira l'a menacé afin d'avoir gain de cause.

M. Arsenault n'a pas paru ébranlé lorsque la commission a fait réentendre une conversation enregistrée par Ken Pereira avec Bernard Girard le 20 septembre 2010, dans laquelle ce dernier partage de toute évidence la version des faits de M. Pereira.

La commission a alors présenté un l'affidavit signé du 20 octobre suivant par ce dernier dans lequel il affirme : « je n'ai jamais entendu de la bouche de Michel Arsenault, président, de la FTQ, qu'il aurait reçu une offre d'argent comptant pour favoriser l'acceptation d'un dossier d'une compagnie de décontamination par le Fonds de solidarité, ni aucun autre dossier ».

Michel Arsenault se défend d'avoir ainsi voulu faire taire M. Girard, mais explique qu'il cherchait plutôt à se « protéger de Ken Pereira », puisque ses allégations sur ce fameux pot-de-vin étaient sorties dans les médias. « Et dans ce bas monde, quand de quoi sort dans les médias, t'es immédiatement condamné », plaide-t-il.

« Si j'avais une offre de pot-de-vin, je serais allé immédiatement au contentieux du Fonds de solidarité »

— Michel Arsenault

L'ex-chef syndical avait admis lundi qu'il n'a pas suivi le « processus officiel » lorsqu'il a commencé à s'intéresser au dossier de Carboneutre au printemps 2008 à la demande de Jocelyn Dupuis. Bien qu'il était alors directeur général de la FTQ-Construction, M. Dupuis pratiquait un lobbying intense pour la compagnie, qui était dirigée par le mafieux Raynald Desjardins et un autre homme lié au crime organisé italien, Domenico Arcuri. M. Dupuis allait en devenir officiellement le PDG quelques mois plus tard.

Michel Arsenault a admis qu'il « manquait d'expérience « à l'époque, puisqu'il ne dirigeait la FTQ que depuis quelques mois. Malgré les écoutes électroniques où on l'entend assurer à Jocelyn Dupuis que l'affaire va de l'avant, il a argué que l'affaire suivait en fait son cours normal au Fonds.

« À ma connaissance, il n'y a jamais eu de fast track au Fonds de solidarité. », a-t-il affirmé. Si Jocelyn Dupuis le croyait capable de faire passer un dossier, dit-il, c'est qu'il avait une « mauvaise perception ».

M. Arsenault a longuement insisté sur le fait que le dossier Carboneutre avait été refusé par le Fonds avant même qu'il n'apprenne, en février 2009, que le mafieux Raynald Desjardins était vice-président de la compagnie. C'est Gaétan Morin, vice-président au développement corporatif et investissement, qui l'a prévenu que le Fonds n'investirait pas dans ce projet.

Le crime organisé aurait voulu la tête d'Arsenault et Lavallée

La commission a présenté une écoute électronique du 20 février 2009 dans laquelle Michel Arsenault soutient à son conseiller politique Gilles Audette que Tony Accurso « a eu de la visite » d'individus réclamant sa tête et celle de Jean Lavallée. Selon Arsenault, cette demande venait de Jocelyn Dupuis, qu'il appelle « le cayen » et de Richard Goyette.

« Ces tabarnaks-là, c'est des osties de cancer. Fait qu'ils sont allés voir Tony pour faire des pressions là-dessus »

— Michel Arsenault

Arsenault défend ensuite dans l'écoute sa présence sur le yacht de Tony Accurso. « J'ai pas vendu personne, j'ai pas tué personne, [...] je me suis pas fait corrompre, j'ai aucun problème avec ça », ajoute-t-il. Cette histoire, croit-il à l'époque, se résorbera dans « une couple de jours ».

« Le problème est pas là » poursuit M. Arsenault dans l'écoute. « Le problème, ostie, c'est que t'as la pègre ostie qui veulent rentrer au Fonds de solidarité. » Gilles Audette semble parfaitement d'accord avec cette déclaration. « Le Fonds passerait pas à travers de ça », répond-il à Arsenault. « Même s'il faut aller voir la police, y rentreront pas là », lui répond le président de la FTQ.

Interrogé à ce sujet, Michel Arsenault a minimisé l'affaire. Il a assuré n'avoir « pas pris ça au sérieux plus qu'il faut » : « Ça n'a pas duré ».

« En aucun moment lors de me présidence, la FTQ a été sous le joug du crime organisé », a-t-il ajouté. « J'ai jamais senti de pression du crime organisé sur moi, comme président de la FTQ ».

Dupuis « est parti : que voulez-vous que je vous dise de plus? » - Arsenault

Michel Arsenault maintient qu'il a agi comme il le devait lorsque Ken Pereira l'a confronté aux comptes de dépenses exorbitants de Jocelyn Dupuis. Il a rapidement rencontré ce dernier, lui a dit que ses dépenses étaient inacceptables et lui a suggéré de quitter son poste de directeur général de la FTQ-Construction à l'été 2008.

« C'est de l'argent qui nous est confié pour défendre les membres : 150 000 sur six mois c'est indéfendables. »

— Michel Arsneault

M. Arsenault, qui ne manque pas une occasion de rappeler que le pouvoir d'un président de la FTQ sur ses affiliés se limite à son « autorité morale », se félicite donc du résultat obtenu.

Il se défend d'avoir commis une erreur en n'informant pas la police des dépenses de M. Dupuis, estimant que ce genre de choses se règlent à l'amiable par le renvoi de l'individu.

« Dans le vrai monde, c'est de même que ça marche », soutient M. Arsenault : « En relation de travail, le congédiement, c'est la peine capitale »

Arsenault, gardien des apparences

Michel Arsenault se défend d'avoir eu une influence indue sur la SOLIM, comme semble le laisser croire une écoute du 20 février 2009. On entend alors l'ex-président de la FTQ, écœuré des luttes internes à la FTQ-Construction, déterminé à ce que plus aucun leader de ce syndicat n'y siège à l'avenir.

« M'a te dire une affaire, y'aura plus de gars de construction sur SOLIM (...) quand Johnny (Lavallée) va partir, pas sous ma présidence » lance à son conseiller politique Gilles Audette M. Arsenault : « SOLIM, c'est moi qui décide, c'est ma décision ».

Mais devant la commission, M. Arsenault reconnaît que s'il avait effectivement « une influence » sur les nominations, la décision revenait au comité exécutif et au C.A. et que dans cette écoute, il exagère donc son influence réelle : « je faisais le jar un peu ».

Mais il savait qu'il n'aurait pas de misère à convaincre le PDG du Fonds Yvon Bolduc ainsi que ces instances du bien-fondé de son intention, afin de sauver les « apparences de bonne gouvernance » à la SOLIM, que les conflits à la FTQ-Construction risquaient de ternir.

« Moi, je voulais libérer la SOLIM de la FTQ-Construction [...] Ça m'a pris quelques mois à le faire. »

— Michel Arsenault

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