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Manifestations contre l'extrême droite : la police viennoise montrée du doigt

Manifestations contre l'extrême droite : la police viennoise montrée du doigt

La police viennoise était la cible de critiques samedi après des débordements survenus dans la nuit lors de manifestations contre le bal annuel de l'extrême droite, qui se sont soldées par une vingtaine de blessés légers et de nombreux dégâts matériels.

Les incidents -provoqués selon les forces de l'ordre par une centaine de manifestants encagoulés-, se sont produits à la fin des trois défilés qui ont réuni au moins 6.000 personnes, selon la police, et environ 8.000, selon les organisateurs. Dix-sept personnes ont été blessées parmi les protestataires, et cinq autres dans les rangs de la police.

Ce bal, anciennement bal des corporations étudiantes d'extrême droite, était organisé au palais impérial d'hiver (Hofburg). L'événement est régulièrement accompagné de manifestations qui dégénèrent, mais l'édition de cette année s'est avérée particulièrement violente.

Des groupes de casseurs ont brisé des vitrines de magasins ou de banques au centre-ville, et jeté des bouteilles en direction des forces de l'ordre. Onze voitures de police ont été détruites, a précisé samedi le porte-parole de la police, Roman Hahslinger, évaluant les dégâts matériels à environ un million d'euros.

Quinze personnes ont été interpellées, avant d'être remises en liberté.

Des organisateurs de la manifestation ont dénoncé une violence extrême de la part des forces de l'ordre. Certains manifestants souffrent de fractures après avoir été frappés à coup de matraques par des policiers, a affirmé Elisabeth Litwak, porte-parole de l'Alliance NoWKR opposée à l'extrême droite. "De tels actes de brutalité de la part de la police sont injustifiables".

Le parti écologiste d'opposition a jugé "irresponsable" la stratégie de la direction des forces de l'ordre, qui avait décidé cette année de boucler un très vaste périmètre autour de la Hofburg, afin d'empêcher tout risque d'affrontement entre participants au bal et manifestants.

Au lieu de cela, des policiers ont été "placés dans des situations difficiles qu'il aurait été facile d'éviter", a estimé le député vert Harald Walser.

Des journalistes se sont plaints aussi d'avoir été entravés dans l'exercice de leur profession. Un photographe du journal de gauche der Standard a été frappé par des forces de l'ordre, a indiqué le journal samedi. La stratégie de la police "a échoué", résume le journal conservateur Die Presse.

La ministre de l'Intérieur conservatrice, Johanna Mikl-Leitner, a défendu ses troupes, qui ont "agi avec calme dans des conditions très difficiles". "Il est regrettable qu'un groupe d'agitateurs violents ait discrédité la majorité des manifestants pacifistes".

Le porte-parole de la police a reconnu avoir sous-estimé le potentiel de violence de certains groupes. "Nous nous sommes appuyés sur notre expérience des années précédentes. Nous avions là aussi eu des manifestants encagoulés, mais ils n'étaient pas -et de loin- aussi violents que cette année", a déclaré M. Hahslinger à la radio publique Oe1.

Il y a deux ans, Marine Le Pen, alors candidate du Front national à l'élection présidentielle française de mai 2012, s'était rendue à ce bal à l'invitation du FPÖ, le principal parti d'extrême droite autrichien. Cette initiative avait provoqué une polémique en France.

Le principal cortège avait réuni environ 5.000 personnes de tous âges, dans une atmosphère bon enfant. Des survivants de l'Holocauste y figuraient. Deux autres cortèges avaient convergé vers la cathédrale Saint-Etienne où ont notamment eu lieu les violences. Dans l'un d'eux se trouvaient des manifestants venus d'Allemagne, parmi lesquels la police avait dit soupçonner la présence de casseurs.

Le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, absent l'an dernier, était l'un des hôtes du bal. Son parti a conforté son statut de troisième force politique du pays aux élections législatives de septembre 2013, faisant presque jeu égal avec les deux grands partis traditionnels du centre gauche et du centre droit.

bur/ilp/sym

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