Le premier face-à-face entre le gouvernement syrien et l'opposition qui tente de renverser le président Bachar Al-Assad a duré à peine une demi-heure samedi, les deux camps se regardant en silence pendant que le médiateur international, Lakhdar Brahimi, faisait un discours d'introduction afin de lancer les pourparlers visant à mettre un terme à la guerre civile en Syrie.
Les deux parties sont entrées et ont quitté la salle par des portes différentes, afin d'éviter tout contact.
Il s'agit des premières discussions en face à face entre les deux camps depuis le début du conflit il y a trois ans, mais chacun semble déterminé à camper sur ses positions.
« La première session est terminée. Brahimi a parlé pendant 30 minutes et aucun des délégués ne s'est exprimé », a déclaré à la presse un des représentants de l'opposition, Anas al-Abdeh, à l'issue de la réunion.
Les deux délégations devraient se retrouver dans quelques heures pour des discussions consacrées à des questions humanitaires.
Selon Anas al-Abdeh, Lakhdar Brahimi a prévenu les délégués que les deux premiers jours de pourparlers - qui doivent théoriquement durer au moins jusqu'au 4 février - seraient consacrés à la levée des sièges imposés aux populations civiles, notamment dans la ville de Homs, à la conclusion de cessez-le-feu localisés et à l'accès humanitaire.
Le coeur des discussions portera cependant sur les moyens de mettre fin au conflit, qui a fait plus de 130 000 morts et des millions de déplacés.
« Brahimi nous a dit que c'est une conférence politique [...] basée sur Genève I », a déclaré Anas al-Abdeh.
Damas « totalement opposée » à la transition
Les opposants ont insisté pour que la déclaration de Genève de 2012, qui prévoit la mise en place par « consentement mutuel » d'une autorité transitoire dotée des pleins pouvoirs exécutifs à Damas - donc de facto le départ du pouvoir de Bachar Al-Assad -, soit la base des discussions directes.
En arrivant aux pourparlers, samedi, le ministre syrien de l'Information a cependant répété que Damas rejetait ce projet de gouvernement de transition.
« Nous y sommes totalement opposés », a déclaré Omran Zoabi avant le début des discussions, répétant la position maintes fois exprimée par Damas.
« La Syrie est un État doté d'institutions », a poursuivi le ministre de l'Information. « Un gouvernement de transition [...] est mis en place dans les pays en désintégration ou qui n'ont pas d'institutions. »
Selon des sources diplomatiques, les deux délégations ont accepté de discuter des moyens de faire parvenir une aide humanitaire à la ville de Homs, dans le centre de la Syrie, où les rebelles sont assiégés par les gouvernementaux.
« Les aspects pratiques ont été étudiés, les choses sont prêtes et si le gouvernement syrien ne s'y oppose pas, cela pourrait aller très vite », a-t-on dit de même source.