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"En avant!" ou comment enseigner le français aux Casques bleus

"En avant!" ou comment enseigner le français aux Casques bleus

Comment évacuer des civils lorsqu'on est Casque bleu dans un pays francophone et qu'on ne maîtrise pas la langue ? "En avant !", un manuel qui fourmille d'exercices et de scénarios, en cours de diffusion dans une vingtaine de pays africains, cherche à mieux armer le personnel onusien.

A la manoeuvre, l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et les Nations unies, soutenus par le ministère français des Affaires étrangères, ont noté que sur quinze opérations de maintien de la paix engagées dans le monde, six se situent dans des pays de langue française.

Plus de la moitié (55%) des personnels déployés par l'ONU travaillent en zone de langue française mais seuls 30% d'entre eux sont des militaires francophones et 3% des policiers francophones, relève le Français Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix. La mission onusienne la plus importante se situe en République démocratique du Congo.

Méthode de langue pour les militaires non francophones, "En avant !" s'adresse aux jeunes officiers, lieutenants et capitaines tandis qu'un autre tome a été conçu pour l'encadement militaire supérieur, destiné à l'état-major.

L'ouvrage, qui se veut à la fois ludique et très concret, propose des exercices pour communiquer sur le théâtre des opérations, diriger des manoeuvres, rédiger des comptes rendus mais aussi évacuer des civils, s'adresser à des journalistes ou se rendre en ville lors des quartiers libres.

"En avant!" invente divers scénarios telle l'inspection d'une caserne par un colonel de l'Union africaine. Au côté de listes de conjugaisons et d'explications sur l'origine de l'épaulette, elle fournit du vocabulaire technique sur le grade des armées ou plus familier pour échanger avec ses collègues au quotidien.

La méthode, qui prépare aussi aux examens validés par l'Education nationale en France, est à ce stade mise en oeuvre dans 21 pays africains. Le continent africain fournit 80% du contingent déployé dans les opérations de l'ONU en pays francophones.

Parallèlement, l'OIF vient de publier, en partenariat avec la division police du département des opérations de maintien de la paix des Nations unies et le réseau Francopol (Réseau international francophone de formation policière) un guide pratique visant à recruter davantage de policiers.

Selon Emile Perez, président de Francopol, une première formation de ce réseau créé voici cinq ans s'est tenue en novembre 2012 à Ouagadougou (Burkina Faso) au cours de laquelle une cinquantaine de policiers ont été formés. Une deuxième formation s'est tenue en mai 2013 à Rabat.

L'OIF et les Nations unies veulent à la fois développer l'enseignement du français aux militaires et améliorer le recrutement de policiers francophones.

"L'actualité en 2013 nous a montré l'importance de la maîtrise du français", relevait récemment Nicolas de Rivière, directeur des Nations unies, des organisations internationales, des droits de l'Homme et de la francophonie au sein du ministère français des Affaires étrangères.

Après une année 2013 marquée par la création d'une mission au Mali à la suite de l'opération Serval des forces militaires françaises pour stopper la progression de combattants islamistes, des discussions sont en cours pour transformer en force onusienne la force africaine présente en Centrafrique, la Misca, où l'armée française peine à enrayer la spirale de violences interconfessionnelles.

Selon M. de Rivière, le français doit non seulement permettre d'améliorer l'efficacité opérationnelle au sein de troupes parlant la même langue, mais aussi de communiquer avec les populations à protéger.

La maîtrise du français est en outre devenue impérative au vu de la vaste panoplie des missions : "Les mandats deviennent de plus en plus multidimensionnels : ils peuvent nécessiter de stabiliser un environnement, protéger les populations, restaurer un Etat de droit, désarmer, accompagner un processus électoral...", souligne-t-il.

En République démocratique du Congo, le mandat de la Monusco couvre pas moins de 41 tâches, confirme Hervé Ladsous.

Les six missions de l'ONU en zone francophone sont en République démocratique du Congo (Monusco), au Mali (Minusma), Côte d'Ivoire (Onuci), Haïti (Minustah), Sahara occidental (Minurso) et Liban (Finul). En décembre 2013, environ 98.000 personnes, représentant plus de 120 nationalités, contribuaient sous l'égide des Nations unies à des opérations de maintien de la paix dans le monde.

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