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Le retour de Madagascar dans le concert des nations n'est pas encore pour demain

Le retour de Madagascar dans le concert des nations n'est pas encore pour demain

Madagascar a désormais un président démocratiquement élu, mais diplomates et observateurs estiment qu'il reste encore beaucoup à faire pour revenir pleinement à l'ordre constitutionnel et faire revenir bailleurs de fonds et investisseurs étrangers.

Le pays avait été mis au ban des nations après le renversement du président Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina en mars 2009. L'arrivée au pouvoir de Hery Rajaonarimampianina met fin à près de cinq ans d'une "Transition" au cours de laquelle Madagascar s'est considérablement appauvrie, plus de 9 habitants sur 10 vivant désormais avec moins de 2 dollars par jour.

"Si le processus s'achève correctement avec la formation d'un nouveau gouvernement, cela ouvre la porte à la normalisation des relations du pays avec la Banque mondiale et les autres partenaires qui ont été soumis à des restrictions opérationnelles à Madagascar depuis le début de la crise", a expliqué à l'AFP la directrice de la Banque mondiale à Madagascar, Haleh Bridi.

Une fois la situation "normalisée", la Banque entend notamment "passer d'opérations d'urgence aux activités habituelles de développement axées sur la prospérité partagée et l'élimination de l'extrême pauvreté", a-t-elle précisé.

Mais si le processus électoral s'est relativement bien passé jusqu'à présent, quand bien même Robinson Jean Louis, le candidat malheureux de M. Ravalomanana à la présidentielle, conteste sa défaite, et si les incidents annoncés par certains n'ont pas eu lieu, il reste encore à la Cour électorale spéciale à confirmer les résultats des législatives. M. Rajaonarimampianina devra aussi former un gouvernement disposant d'une majorité stable au Parlement.

"C'est à la fin de ce parcours que Madagascar, nous l'espérons tous, pourra rejoindre le reste de la communauté internationale et retourner à l'ordre constitutionnel, et cela signifiera à ce moment-là la normalisation de ses relations avec l'Union européenne", a déclaré l'ambassadeur européen Leonidas Tezapsidis.

Des pays comme les Etats-Unis refusent aussi d'évoquer l'idée d'une normalisation des relations avec Madagascar avant la publication des résultats définitifs des législatives.

"Toute discussion de l'expansion des programmes d'assistance ou d'une possible restauration des bénéfices de l'Agoa (un programme facilitant l'accès des produits africains au marché américain, dont Madagascar a été exclu en 2010, ndlr) serait prématurée avant que le processus électoral soit finalisé", a indiqué à l'AFP Luke Zahner, porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Madagascar.

"Les Malgaches méritent un avenir meilleur, parce qu'ils attendent le développement et le changement", a affirmé mercredi Andry Rajoelina, aspirant lui-même à devenir le chef d'un gouvernement dont l'action serait facilitée par le retour de l'aide internationale et des investisseurs étrangers.

Mais le nouveau président Hery Rajaonarimampianina, qui en tant ministre des Finances de M. Rajoelina a été un personnage important du régime de Transition sortant, va rester sous surveillance.

"A la lumière des conditions de mauvaise gouvernance dans le pays, nous serons attentifs aux preuves de l'amélioration de la gouvernance dans la mise en oeuvre de nos activités", souligne Haleh Bridi de la Banque mondiale.

"Je crois qu'on a tous envie que Madagascar se relève. Donnons lui un peu de crédit, à ce nouveau président", a relevé jeudi sur RFI la secrétaire d'Etat française à la Francophonie Yamina Benguigui. "La France n'a jamais lâché Madagascar, même quand l'Union européenne s'est retirée", a-t-elle affirmé.

Du côté du secteur privé, Madagascar espère beaucoup du retour des investissements étrangers, et entend notamment développer ses mines, le sous-sol de la Grande Ile étant particulièrement riche et encore sous-exploité.

Plusieurs sociétés "sont déjà là", note Pamphile Julien Rakotoarimanana, le secrétaire général du ministère des Mines. "Mais elles n'ont pas encore commencé à faire les recherches à cause de la crise. Ou bien elles attendent le renouvellement de leur permis, ou bien elles attendent que ça se stabilise pour vraiment investir."

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