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Fin de la Transition à Madagascar, où Rajoelina quitte le pouvoir

Fin de la Transition à Madagascar, où Rajoelina quitte le pouvoir

Homme fort de Madagascar depuis son coup de force en 2009, Andry Rajoelina a transmis les symboles du pouvoir vendredi à Hery Rajaonarimampianina, élu le 20 décembre, un pas important pour sortir d'une crise qui a durablement isolé et appauvri le pays.

M. Rajoelina a remis une grosse clef dorée à son successeur démocratiquement élu, qui doit encore être investi samedi, au cours d'une cérémonie officielle.

"Pour symboliser la passation du pouvoir, je remets à Hery Rajaonarimampianina cette clef, une clef qui devrait mener vers le développement, vers le succès de la nation", a-t-il prononcé, particulièrement ému.

"Je vous souhaite beaucoup de succès, je vous donne ma bénédiction", avait-il déclaré auparavant dans un discours prononcé au palais présidentiel en présence des hauts dignitaires du pays, de représentants des forces de l'ordre, du corps diplomatique et d'invités venus de pays voisins.

Hery Rajaonarimampianina n'a pas pris la parole. Il doit être investi samedi matin dans un stade d'Antananarivo, et a annoncé une conférence de presse dans la foulée.

Andry Rajoelina était parvenu au pouvoir en mars 2009, à la faveur d'un coup de force qui a renversé le président Marc Ravalomanana. Il était depuis à la tête d'un régime non élu, "de transition", qui doit prendre fin avec l'accession à la magistrature suprême de M. Rajaonarimampianina.

"Je suis entré dans ce palais par patriotisme et je quitte ce palais par patriotisme. (...) Je vais m'en aller, quitter le poste de président de la Transition. Je vais redevenir un simple citoyen à partir de demain (samedi). Mais où que je sois, je ne serai pas loin de vous mes amis, les Malgaches", a-t-il lancé vendredi.

Des stylos en forme de main faisant le V de la victoire - son geste fétiche quand il s'adresse à la foule - des pin's et des foulards avec sa photo ont été distribués à l'issue de la cérémonie.

Mais cet adieu ne pourrait être qu'un bref au revoir. Son camp revendique en effet une majorité relative dans la nouvelle Assemblée nationale, également élue le 20 décembre, et dont la composition doit encore être confirmée par la Cour électorale spéciale malgache après examen des recours. Lui-même s'est dit disponible pour être Premier ministre.

Andry Rajoelina, 39 ans, a également avancé depuis longtemps que la présidence l'intéressait en 2018, dans un scénario qui évoquerait l'alternance de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev à la tête de l'Etat et du gouvernement russes.

Le processus électoral, qui s'est déroulé dans le calme, était considéré comme l'indispensable premier pas pour sortir de la grave crise politique, économique et sociale qui a profondément appauvri Madagascar, mise au ban des nations, depuis près de cinq ans.

La Banque mondiale relève que la croissance du pays a été nulle sur la période de 2009-2013, alors qu'elle était de 5% en moyenne avant la crise, sous Marc Ravalomanana. La population continuant à augmenter, le revenu par habitant est retombé à son niveau de 2001, et plus de 92% des Malgaches vivent désormais avec moins de 2 dollars par jour.

La communauté internationale, qui se dit prête à aider à nouveau la Grande Ile quand le processus de retour à l'ordre constitutionnel sera achevé sans heurts, craignait des troubles, et avait empêché MM. Rajoelina et Ravalomanana de se présenter directement.

Les deux principaux protagonistes de la crise malgache depuis 2009 se sont donc affrontés par candidats interposés, l'ancien ministre des Finances Hery Rajaonarimampianina pour l'un, l'ancien ministre de la Santé Robinson Jean Louis pour l'autre.

Le candidat du pouvoir l'a finalement emporté le 20 décembre avec 53,49% des voix, malgré les protestations du camp de l'ancien président, exilé en Afrique du Sud, qui a évoqué des "fraudes massives" que n'ont confirmées ni la Cour électorale spéciale, ni les observateurs étrangers déployés sur place.

Hery Rajaonarimampianina, un ancien comptable de 55 ans, a surtout été accusé par ses adversaires d'avoir couvert tous les trafics du régime de Transition (bois de rose, pierres précieuses, etc.), ce qu'il a toujours nié.

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