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Soudan du sud: signature annoncée d'un accord entre belligérants

Soudan du sud: signature annoncée d'un accord entre belligérants

Les belligérants du conflit qui ravage depuis mi-décembre le jeune Soudan du Sud devaient signer jeudi à Addis Abeba un accord pour mettre fin aux combats qui ont fait des milliers de morts en un mois.

"Il va y avoir une cérémonie de signature (...) par les parties sud-soudanaises aujourd'hui" jeudi, a indiqué dans un communiqué l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), bloc de sept pays est-africains qui assure la médiation.

Les délégations du gouvernement sud-soudanais et des partisans de l'ex-vice président Riek Machar négocient difficilement depuis début janvier dans la capitale de l'Ethiopie, dont le Premier ministre Hailemariam Desalegn assure actuellement la présidence tournante de l'Igad.

Les deux camps devraient signer jeudi deux textes, soumis mi-janvier par la médiation, alors que les discussions semblaient avoir peu avancé depuis leur ouverture, dans un hôtel de luxe d'Addis.

L'un porte sur la cessation des hostilités entre l'armée sud-soudanaise loyale au président Salva Kiir et les troupes fidèles à M. Machar. L'autre sur la libération de onze responsables politiques, partisans de M. Machar, arrêtés lorsque les affrontements ont éclaté entre unités rivales de l'armée à Juba le 15 décembre.

Une version "finale" du premier texte, consultée mardi par l'AFP, prévoyait notamment la "cessation immédiate des hostilités" et le gel des positions, tandis qu'une version encore provisoire du second mentionnait la mise en place d'"un processus de réconciliation nationale ouvert à tous".

M. Kiir accuse M. Machar d'avoir tenté un coup d'Etat. L'intéressé nie, qualifiant ces accusations de prétexte trouvé par le chef de l'Etat pour se débarrasser de ses opposants au sein du régime, issu de la rébellion sudiste qui a combattu Khartoum pendant la longue guerre civile (1983-2005) ayant débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

Un porte-parole de la délégation des partisans de M. Machar, Yohannis Musa Pouk, a assuré à l'AFP qu'une avancée décisive dans les discussions était imminente, sans autre détail: "il semble que quelque chose puisse se passer".

Les combats, qui se sont propagés à la majeure partie du territoire, ont fait des milliers de morts et chassé de chez eux plus d'un demi-million de personnes. Certains analystes avancent un bilan possible de 10.000 morts.

ONU et ONG ont fait état d'atrocités de la part des deux camps - exécutions sommaires, viols, enrôlement d'enfants-soldats notamment - et de massacres à caractère ethnique. A la rivalité politique entre MM. Kiir et Machar, se greffent des profonds et anciens antagonismes entre les peuples Dinka et Nuer dont sont respectivement issus les deux hommes.

Jeudi, l'ONG NRC (Norwegian Refugee Council), a comparé les atrocités commises au Soudan à celles ayant court en Syrie ou en Somalie.

"Il y a de plus en plus de meurtres ethniques et les deux principales tribus du Soudan du Sud semblent être impliquées", a déclaré jeudi matin à l'AFP son secrétaire général Jan Egeland, ancien responsable de l'action humanitaire de l'ONU.

"Cela a commencé par une lutte politique entre des hommes qui auraient pu régler ça dans un processus de négociation politique (...). Maintenant, des femmes et des enfants meurent simplement parce que ces hommes ne veulent pas s'asseoir et discuter", a-t-il poursuivi.

Ces derniers jours, l'armée sud-soudanaise a repris le contrôle de toutes les capitales régionales tombées aux mains des partisans de M. Machar, notamment Bor, capitale de l'Etat oriental du Jonglei, le plus étendu du pays, le 18 janvier, et Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil, le 20.

Les forces fidèles à M. Machar semblaient néanmoins contrôler toujours de vastes zones rurales dans plusieurs régions.

L'ONU a indiqué mercredi soir que l'armée sud-soudanaise avait entrepris de fouiller Malakal maison par maison, ajoutant héberger désormais 72.000 personnes dans ses huit bases du pays, vers lesquelles le flot de civils fuyant les violences ont encore augmenté.

Les relations entre les autorités sud-soudanaises et l'ONU se sont tendues, Juba accusant l'organisation de donner refuge à des rebelles, ce qu'elle nie, assurant de son côté que son personnel est "menacé et harcelé" par les troupes sud-soudanaises.

Le président Kiir a récemment accusé l'ONU de vouloir établir un "gouvernement parallèle" au Soudan du Sud.

jv-ayv/aud/hba

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